Messe des Morts V | Jour 3 – Psaume II au Théâtre Plaza

La dernière soirée de la Messe des Morts a vu une affluence encore plus importante. Une grande soirée, variée, et clôturée en puissance par des Scandinaves dans la grande tradition black metal.

(Photos: courtoisie de nos confrères de Thorium , galerie complète en ligne ici)

Tout juste remis de la veille, les guerriers les plus tenaces sont déjà là en fin d’après-midi. Malgré l’annulation de dernière minute des Américains de Kommandant, suite à un problème de papiers pour les douanes, l’horaire est maintenu, avec un peu plus de temps de prestation pour les groupes.

Svalbard

C’est la horde de Québec qui à l’honneur d’introduire cette dernière soirée, alors qu’on remarque déjà la plus forte affluence ce soir. Svalbard nous envoie d’emblée un excellent set, et on voit tout de suite l’expérience qui parle.

Dans du black traditionnel aux bonnes influences Dark Funeraliennes de la grande époque, le groupe est très efficace. Corpse-paints, bracelets cloutés à outrance, décors de scène et prêtre à la croix inversée au chant, Svalbard n’a pas peur d’y aller avec la totale malgré le fait qu’il soit encore tôt. On apprécie d’autant plus l’effort de mise en scène. Avec en plus des morceaux bien construits et de bons riffs incisifs à souhait, Svalbard livre une superbe performance.

Set list de Svalbard :

• Viking Raiders
• In Nostram Per Nicism
• Tyran Borcàl
• The Fall
• Etoile Noire

 

Infernal Stronghold

Changement de couleur, d’atmosphère et de son avec les Américains d’Infernal Stronghold. À coup de Gibson et de Marshall, la vibe est définitivement plus rock’n’roll et thrash, avec une bonne voix gueulée et écorchée à la Aura Noir.

Musicalement aussi, on se rapproche du combo norvégien, une influence totalement assumée par le groupe de Philadelphie. On peut aussi sentir que malgré son étiquette black metal, Infernal Stronghold a grandi et évolué au milieu de la scène punk hardcore très présente dans leur ville.

Le quatuor, qui avait déjà joué sur la toute première Messe Des Morts, donne toutes ses trippes, avec une bonne présence scénique, mais aussi des compositions intéressantes, qui n’hésitent pas à varier les structures tout en restant efficace et rentre-dedans. Les américains nous offrent un set solide.

Sortilegia

On revient au Canada avec les Ontariens de Sortilegia. Mené par l’ensorcelante Anastasia, de rouge vêtue, le duo présente une des prestations les plus sombres et occultes de la soirée.

Devant le pied de micro de la chanteuse guitariste se trouve une table avec deux crânes humains, des bougies et encens, et les lumières de la salle sont alors fermées. Nous sommes ainsi plongés dans une atmosphère sombre et écrasante pour communier avec le black metal cru et minimaliste de Sortilegia. Cependant, les morceaux et riffs de guitare tendent à se ressembler, amenant quelques longueurs dans un concert certes envoutant, mais parfois monotone. La performance remarquable du batteur et la dimension occulte et mystique viendront porter l’ensemble du spectacle à un meilleur niveau.

Vemod

Décidemment cette année chez les Scandinavies,  la tendance est aux dérivés atmosphériques du black metal. Vemod monte sur scène et pose tout de suite son ambiance : lumières à dominantes bleues et froides, écran en fond de scène diffusant des images de l’espace, des astres et des étoiles : nous voilà parti dans un voyage plus cosmique.

Le groupe Norvégien décrit sa musique comme du métal sombre éthéré. On vogue effectivement dans un black metal aux passages très atmosphériques, avec quelques parties de chant clair assez planantes. Dommage que le public n’embarque pas tout à fait et ne respecte pas vraiment les passages ambiants, ou retentit le brouhaha d’une foule où le degré d’alcoolémie augmente en même temps que la soif d’un black metal plus brutal et traditionnel.

Cela n’empêche pas Vemod d’imposer son professionnalisme,  avec un concert réglé au millimètre, très efficace et propre. Peut-être un peu trop propre au goût du public.

Set list Vemod:

• Der Guder Dod
• Bortenfor
• Interlude
• Ikledd Evighetens Kappe
• Og Vinden Sang Miyy Navn

 

Ondskapt

On peut compter sur l’acte suivant pour faire remonter la température. Retour à l’essence crue et sale du black metal avec Ondskapt, qui signifie « créé par Satan » en suédois. Corpse-paint, cheveux longs et blousons de cuir, le public est enfin rassasié de sa soif de violence black metal.

Le groupe est très efficace, et la puissance des morceaux ramène peu à peu le mosh-pit dans le Théâtre Plaza, resté plutôt calme jusque là. Formé en 2001, Ondskapt vénère Lucifer depuis longtemps, et l’expérience paye, notamment au niveau de la présence scénique. Les morceaux plus mid-tempos, bien qu’aussi entrainants, viennent un peu ralentir l’intensité au milieu du concert.

La hargne et la lourdeur d’Ondskapt n’en demeurent pas moins intacts jusqu’à la fin d’un concert honorable, baigné de lumières rouges sanglantes, qui nous possèdera jusqu’aux dernières notes.

Set list Ondskapt:

• Ominous Worship Of The Divine
• Feeding The Flames
• A Graveyard Night
• Djävulens Ande
• I
• IV
• Vehicle Of Stone
• Revelation Of Another Time
• Blessed By Demonic Wrath

 

Satanic Warmaster

Ondskapt vient de mettre la barre assez haut, mais c’est sans compter sur les têtes d’affiches du festival : Satanic Warmaster. Le groupe investit la scène sous une énorme ovation. Existant depuis 1998, ce projet black metal prend rarement une forme live, mais aujourd’hui à Montréal nous avons la chance d’assister pour la première fois au Canada à une prestation live.

Menés par le seul membre officiel du groupe, Tyrant Werwolf, les Finlandais sont là pour nous attaquer telle une horde de loups enragés et assoiffés de haine. Encore une fois, pas de détours, on reste dans la veine crue et sale du black metal traditionnel, et qui-plus-est exécuté avec force et conviction par des musiciens vraiment possédés. L’intensité est à son comble, et Werwolf mène sa meute avec brio. La foule entière embarque, lève les poings et scande les premiers « hey ! hey ! » du festival.

Même si à la longue la trame est sensiblement la même, sans transcendance particulière, le tout reste diablement, et donc sataniquement efficace. Il faut attendre la fin du set pour que le baromètre explose avec un final apocalyptique qui enchaîne les tueries « Eaten By Rats », « Rotting Ravens Blood » et «Vampiric Tyrant ».

En guise de salut, alors que le groupe continue à jouer, Werwolf descend de la scène, traverse le public, monte au balcon du Théâtre Plaza puis redescend dans la salle, pour finalement remonter sur scène et disparaitre mystérieusement entre le grand rideau noir et le mur de briques.

Set list de Satanic Warmaster :

• Raging Winter
• Raven’s Song
• Satant’s Werewolf
• Fimbulwinter
• Funeral Wolves
• Vampires
• My Kingdom
• Burning Eyes
• Carelian Satanic Madness
• Chant Of Barbarian
• Eaten By Rats
• Rotting Raven’s Blood
• The Vampiric Tyrant

 

Ainsi se termine cette cinquième Messe des Morts, avec encore une grande soirée de clôture. Peut-être que le public n’aura pas été assez transcendé ou transporté par les groupes ce soir pour vraiment virer fou, mais l’énorme affluence prouve encore la force et la présence de la communauté black métal au Québéc, mais aussi au Canada et aux Etats-Unis, puisqu’une fois de plus on peut croiser des gens qui ont fait beaucoup de route pour l’événement. Une énorme fin de semaine, avec une variété exceptionnelle dans la programmation, qui démontre la richesse et l’infinie créativité du genre.

Un grand merci à Sepulchral Productions, Martin Marcotte, son équipe et les bénévoles pour nous offrir un festival de qualité et de telle envergure à Montréal. Merci également à nos confrères de Thorium pour la collaboration et les photos.