Messe des Morts V | Jour 2 – Psaume I au Théâtre Plaza
Une grande deuxième soirée mettait particulièrement à l’honneur le métal noir québécois, alors que les Suédois de Hypothermia et Lifelover nous ont offert des prestations hors du commun.
(Photos: courtoisie de nos confrères de Thorium , galerie complète en ligne ici)
Une pluie froide de fin novembre bruine sur la Plaza St-Hubert où se pressent les premiers chevelus aux alentours du théâtre vers 17h30, pour assister au Psaume 1, seconde soirée du festival largement axée sur les groupes du Québec, ainsi que sur les projets suédois très alternatifs et différents. Retour sur les sept chapitres.
Verglas
Le théâtre se remplit timidement lorsque le jeune trio Verglas monte sur scène sous des grosses lumières blanches, aussi glaciales que le chant black du jeune combo.
Particularité de leur musique : au niveau instrumental, on arrive vraiment du punk. Du rythme aux accords de puissance basiques, accentué par l’utilisation de Fender, Verglas offre finalement un mélange intéressant et contrasté avec certains riffs presque joyeux et un bon chant en français, écorché à souhait.
Les gars ont l’air de s’ennuyer, mais enchaînent beaucoup de morceaux dans leur peu de temps alloué.
Set list de Verglas :
- Les Yeux Claironnant Le Froid, Evaporé De La Misère Du Monde
- De Bonne Guerre
- La Croutte
- Rien
- Divins Carillons
- Satanisme Juvénile
- Faire Son Territoire
- Rouge-Gorge
- Rechute
- Effluves Nordiques
- Le Cachotier
- Pathologie
Neige Eternelle
C’est au tour de la horde bien connue de Baie-Comeau d’investir la scène : corpse paint et chemise à carreaux, place à Neige Eternelle.
« Allez chier Montréal ! » lance le chanteur en brandissant des bois d’orignal. C’est parti pour un concert assez intense de métal noir de la Côte Nord. Très efficace et rentre dedans, notamment les pièces Plus Les Jours s’avancent et Fier Patriote, Neige Eternelle ne prend pas de détours et se donne à fond (mention spéciale au batteur), ne manquant pas d’insulter la foule et de menacer de jeter dans le public les gros bois d’orignal si le mosh-pit ne commence pas.
La menace fait son effet et les premiers thrash de la soirée se lancent. Neige Eternelle nous présente un nouveau morceau, dédié aux Québécois de souche ayant combattu les Anglais dans les années 1800.
Habitués du festival, le combo de la Côte-Nord délivre une fois de plus une excellente prestation, sans concessions ou soucis de plaire, puisant dans les racines crues et sales du black metal, teinté de la froideur aride de l’hiver nordique, de la violence et de la noirceur des guerres passées.
Set list de Neige Eternelle :
- Comme Une Charogne
- Le Règne Des Loups
- L’Appel De La Mort
- Vent De Puissance
- Plus Les Jours S’avançent
- Milice d’ivrogne
- Fier Patriote
- Sadomatic Rites
Brume d’Automne
On continue dans le métal noir québécois avec un concert très attendu : Brume d’Automne. Les cinq musiciens montent sur scène arborant la ceinture fléchée (costume traditionnel canadien-français).
Dans un genre black metal cru et traditionnel, le quintet livre une bonne prestation, devant un public conquis. Délaissant également la thématique satanique du style en anglais pour chanter à la gloire des Patriotes, on assiste à une démonstration de chant en français remarquable dans le genre musical.
Malgré quelques longueurs sur certaines pièces, leurs compositions prennent définitivement plus de puissance en concert, notamment les extraits de l’album homonyme Brume d’Automne. Emmenés par un chanteur avec une bonne présence, et avec une approche et un concept artistique travaillés autour de l’Histoire du Québec, Brume d’Automne s’impose comme un des meilleurs représentants du genre sur le festival, ovationnés.
Set List de Brume d’Automne :
- Mort d’un Patriote
- Tel Des Béliers
- La Forêt Est Leur Tombeau
- L’esprit du Courant
- Fier et Victorieux
- Rouge Souvenir d’antan
- Quand Les Morts s’agitent
Blacklodge
Comme à chaque année, la Messe des Morts invite au moins un groupe de France. Cette année ce sont les Isérois de Blacklodge qui représentent l’Hexagone avec leur black metal industriel.
On voit tout de suite l’expérience et le niveau des musiciens qui s’approprient bien la scène du Plaza. Cependant, l’absence d’une vraie batterie se fait cruellement sentir. Il faut reconnaître que c’est un défi de sonorisation d’arriver à balancer correctement des samples et des sessions de beats programmés, surtout sur de la musique extrême, dans un théâtre de cette taille qui joue rarement du metal. Malgré les signes du chanteur, l’ingénieur du son n’arrivera pas à égaliser correctement le volume des bandes-sons.
Même si leur style se veut construit autour de ce concept industriel sans batterie, certains morceaux sont presque frustrants de par la qualité des compositions, de l’excellente exécution des musiciens, mais de l’absence d’une partie rythmique pour les soutenir, de percussions assez puissantes derrière, que ce soit synthétique ou réel.
Vraiment dommage, car les Français, qui tournent depuis 1998, ont vraiment un gros niveau et une belle présence scénique.
Set List de Blacklodge :
- Trident
- Neo Black Magic
- PsychoActive SataN
- Prequel to the Kult
- NeutroN ShivA
- Vector G
- Mission
- The Arrival Of SataN
Akitsa
Un moment très attendu, puisque Akitsa n’avait plus joué depuis 2008. Les musiciens montent sur une scène baignée de lumières rouges. Un concert assez surprenant, contrastant avec les sorties très crues et minimalistes du projet québécois, puisque leur prestation et leur apparence est plutôt propre.
En réalité, l’instrumental sonne même assez punk, tournant autour de quelques accords avec un rythme binaire en fond. Un aspect presque plus « accessible » avec du chant clair par moment, qui ne fera peut-être pas l’unanimité dans le public.
Beaucoup s’attendaient à quelque chose de plus sale et malsain. Mais qu’importe, Akitsa a choisi de suivre une autre voie pour ce spectacle, et leur prestation n’en demeure pas moins bonne dans l’ensemble.
Malgré quelques accrochages, le leader du groupe rattrape le tout avec sa présence, et des morceaux très efficaces comme Noir Bête Ailée.
(Set list à venir)
Hypothermia
Voici enfin un autre projet des Suédois qu’on avait hâte de voir : Hypothermia. Le quatuor monte sur scène dans d’étranges habits de moines démesurés.
Et c’est assez simple pour ce qui est des émotions et des réactions à leur musique très atmosphérique, calme et planante. Soit on n’arrive pas à rentrer dedans, et dans ce cas c’est un concert long et répétitif qui va vite être ennuyant. Soit on embarque, et alors là, c’est un voyage assez fantastique où l’on peut se laisser porter en oubliant toute notion du temps et de l’endroit.
Bien que la musique ne soit pas si compliquée, et les chansons tournent souvent dans les mêmes accords, la qualité des sons de guitares et de l’interprétation est simplement incroyable. Appuyés par de bons jeux de lumières, Hypothermia nous immerge dans ses ambiances froides et dépressives mais planantes à souhait. Les extraits du dernier album, Svartkonst, prennent tout leur ampleur en live.
Sans aucun accrochage, les Suédois nous livrent une prestation incroyable, un voyage musical presque méditatif, avec très peu de chant, pas tant de guitares distortionnées, mais surtout une atmosphère unique et transcendante. Remarquable.
Set list de Hypothermia :
- Invokation
- Svartkonst
- Efterglöd
- Gratoner I
- Rakbladsvalsen I + III
- Warakumbla
- Tomhetens Flora
- Melankoli
- Sventskt Vemod
Lifelover
On reprend des musiciens de Hypothermia et Kall, et voici enfin la tête d’affiche de ce soir : les étranges Lifelover. Une prestation à caractère unique et exceptionnel puisque le compositeur principal du groupe, B.’s, est décédé il y a plusieurs années déjà. Les autres membres avaient annoncé vouloir lui rendre hommage en faisant quelques derniers concerts à l’époque en 2011, mais ont finalement décidé en 2015 d’honorer sa mémoire et les dix ans du groupe avec quelques prestations exceptionnelles.
Quoi qu’il en soit, c’est une chance unique de voir Lifelover pour la toute première (et surement dernière) fois en Amérique du Nord.
Le charismatique chanteur Kim est de retour dans une veste blanche tâchée de sang, peut-être bien le sien au vu du nombre de cicatrices de lacérations sur son corps. Dur de savoir s’il est sous l’effet de drogue ou simplement en transe, mais sa présence ajoute définitivement au groupe.
Avec des morceaux variés, empruntant autant dans le rock, l’atmosphérique, le post rock, et avec un chant écorché et dépressif, Lifelover offre un concert varié, intéressant et définitivement différent de tout ce qu’on a pu voir dans le festival.
Encore une fois, les avis dans le public seront mitigés, car il est certains que l’on est perdus dans une étrange forêt suédoise à mille lieues du black metal scandinave traditionnel. Le frontman Kim l’assume totalement et va même jusqu’à danser stupidement sur les rythmes presque « disco » de batterie, ajoutant une subtile touche d’humour dans ce vortex musical torturé et dépressif.
Encore une fois remarquable dans leurs interprétations, les Suédéois nous ont offert un spectacle unique et très différent du reste de la programmation.
(Set-list à venir)
- Artiste(s)
- Akitsa, Blacklodge, Brume d'Automne, Hypothermia, Lifelover, Messe des Morts, Neige Éternelle, Verglas
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Plaza
- Catégorie(s)
- Black metal, Death metal, Métal,
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