crédit photo: Jean-François Desputeaux
Mercyful Fate

Mercyful Fate, Kreator et Midnight à la Place Bell | Soirée de sabbat dans le Grand Montréal

L’invitation lancée par King Diamond par voie de communiqué en septembre dernier annonçait déjà la couleur : « Witches and Demons, you may come as you are! Satanic Regards. » De quoi faire sortir les agendas de plusieurs métalleux de la région.

Grand retour de Mercyful Fate

En effet, cette soirée était à marquer d’une pierre blanche : voilà plus de 20 ans que Mercyful Fate, icône du monde heavy métal, n’avait pas fait trembler le sol nord-américain. Son dernier spectacle dans la région montréalaise remonte même à 1999 – pas 1666, dommage! – qui avait eu lieu au défunt Medley, au 1170 rue Saint-Denis pour les nostalgiques.

Leur retour dans ce coin de pays s’inscrit dans une tournée qui a déjà fait arrêter le groupe à Dallas, à Phoenix, encore Detroit, et s’achèvera dans les prochains jours avec Boston, Philadelphie et Atlanta. Montréal est d’ailleurs la seule ville canadienne à accueillir la formation. De quoi confirmer la réputation de « capitale du métal » de Montréal sur la carte.

Les fans de musique forte se sont donc donné rendez-vous pour l’un des derniers gros spectacles métal de l’année, après une saison très bien remplie dans le Grand Montréal : Mayhem et Midnight en mars ; Dying Fetus, Knocked Loose et Terror puis Deicide et Kataklysm en septembre ; Conan et Dopethrone en octobre ; Cannibal Corpse, Dark Funeral et Immortal en novembre. Pour n’en citer que quelques-uns.

Avec Mercyful Fate, Kreator et Midnight à l’affiche, c’est officiellement la cerise sur le gâteau.

Midnight, la rage sur scène

C’est à Midnight que revient le rôle de chauffer la salle. Avec leur dégaine habituelle, capuches sur le visage, les trois musiciens se déchaînent dans des riffs entraînants de black thrash métal. Pas question de rester statiques, ils sont là pour donner un show.

Athenar, accompagné de ses acolytes Commander Vanik et Secret Steel, nous auront offert une trentaine de minutes de spectacle brûlant, couronné par Lust Filth and Sleaze et You Can’t Stop Steel. On aurait tendance à croire que cela ne faisait pas tant de bruit, tant Midnight jouait une musique agréable à nos oreilles, jusqu’à ce que les trois musiciens déposent leurs instruments. La distorsion continue bien après qu’ils aient quitté la scène, comme une trace de leur démarche, et le bruit continue même en leur absence.

Dès la performance de ce premier groupe, l’absence d’espace dans le parterre de la Place Bell se fait sentir. Avec une horde de chaises pliantes installées côte à côte, pas de mosh pit à l’horizon. Et ça bouillonne à l’avant-scène.

« Kreatooorrr has reeeturned »

Alors que leur dernier passage ici remontait à 2018, Kreator était attendu de pied ferme : dès les premières minutes de leur première chanson, Violent Revolution, un « hail » collectif les acclame. Derrière le groupe, quatre pantins pendus, vêtus de rouge, et deux autres empalés sur les côtés de la scène annoncent l’ambiance.

Les musiciens enchaînent immédiatement avec Hate Über Alles et Satan Is Real, après quoi le chanteur Mille Petrozza déclare dans un grondement que « Kreatooorrr has reeeturned », répété en écho par la foule.

Entre deux morceaux, Petrozza déplore au micro l’absence d’espace de mosh à l’avant-scène, qui a mis à mal leur traditionnelle session de wall of death. « Instead, bang your fucking head », invite-t-il, bien conscient, évidemment, que ces deux activités ne procurent pas la même satisfaction aux fans de heavy et de thrash métal.

Pour corroborer la réputation métallo-sulfureuse du Québec, Kreator a par ailleurs signé une véritable déclaration d’amour – et en français, s’il vous plaît! – pour la province, et a introduit sa chanson Strongest Of The Strong par un… « Québec, you are the strongest of the strong ». Avant d’entonner la dernière Pleasure to Kill, Petrozza rappelle : « It’s time to race the fuck off », et le groupe ne manquera pas de quitter la scène seulement après un dernier “We are Kreator, we have returned”. Nouvelle acclamation. La place est prête pour Mercyful Fate…

Mercyful Fate : en avant pour le sabbat  

Un rideau à l’effigie de Mercyful Fate a été levé devant la scène pendant l’entracte. Un grondement sourd se fait entendre alors que les milliers de spectateurs retrouvent leur siège. Et sous les applaudissements, cornes du diable et rugissements, le rideau tombe pour montrer la scène bien connue du groupe danois. Marches en faux marbre blanc style ruine d’église et croix de Saint-Pierre illuminée donnent à King Diamond un beau support pour ses déplacements théâtraux sur fond de heavy metal, avec ses accessoires qui ont fait sa signature au fil des années : couronne, croix en ossements comme porte-micro, cornes et maquillage, arboré d’ailleurs par plusieurs adeptes dans la salle.

Après The Oath et A Corpse Without Soul, le groupe nous gâte avec une toute nouvelle chanson, The Jackal of Salzburg, actuellement en enregistrement pour son prochain album. Une exception dans le programme de chansons de la soirée, puisque comme le souligne King Diamond avec une touche d’humour palpable, Mercyful Fate s’amuse à jouer pour nous « des morceaux vieux de quarante ans ». L’on se souvient, en effet, que les premières notes signées par le groupe remontent à leur formation officielle en 1981.

Après Melissa, King Diamond s’éclipse de scène pour troquer son long vêtement rouge pour une tunique noire, avec voile de dentelle sombre pendue à sa couronne. Et, en faisant référence à ce changement, le chanteur nous annonce qu’il s’agissait d’un vêtement de mise pour… un « black funeral », avant d’entonner le morceau du même nom. Mercyful Fate parachève la soirée avec Come to the Sabbath.

Après s’être essuyé le visage sur son voile noir, maquillage en prime, King Diamond le lance parmi la foule en remerciant les milliers de personnes présentes d’avoir joint Mercyful Fate pour cette soirée de cabale. La seule des 20 dernières années.

Ode au mosh pit

Nous devrons, pour la première fois dans le cadre d’un article sur un show métal, passer sous silence l’indémodable session de mosh, puisqu’il n’y en avait pas, au désarroi de plus d’un métalomane dans la salle ; on comprendra aisément qu’il peut s’avérer diablement frustrant de rester assis pendant trois heures en compagnie de groupes aussi lourds que Mercyful Fate, Kreator et Midnight.

Si chacun et chacune vit ce style de musique à sa manière, et si certains se satisfont pleinement d’un siège pour se laisser porter par leur bulle de sons lourds, d’autres – beaucoup d’autres – ne sont pas là pour être assis. Le mosh/trash/pogo est un spectacle en soi. Ainsi, un show de métal dans un aréna comme la Place Bell, chaises pliantes alignées dans le parterre, a de quoi laisser sceptique plus d’un adepte. Face à l’impossibilité de se bousculer amicalement et de se lancer partout – activité qui semble faire partie intégrante de l’expérience – nous avons surpris plusieurs conversations, jusque dans le métro qui ramenait les spectateurs à Montréal, où des adeptes déploraient cette logistique de salle. Ce n’est que partie remise pour le chambardement!


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