Maxim Martin au Centre d’art La Chapelle | Quand l’humour devient une manière de se tenir debout
Dans la petite salle intime du Centre d’art La Chapelle, Maxim Martin entre en scène accompagné d’Aura, son chien d’assistance. Un duo inattendu, qui prend possession de l’espace avec une assurance calme. À chaque mouvement du chien, le public laisse échapper un « honnn » unanime, comme si cette simple présence rappelait ce qu’il reste d’humain, même dans les soirées où l’on croit venir uniquement pour rire. Et déjà, quelque chose se dépose dans l’air : la promesse que derrière les blagues, il y aura la vérité d’un homme qui a traversé la vie sans jamais complètement s’y appuyer.
Maxim Martin dit croire en Dieu comme il croit en la glucosamine : sans certitude, mais d’un coup que ça marcherait. Il parle du big bang comme d’un accident cosmique d’où tout aurait jailli : « rien… pis là, BANG! ». Façon de souligner qu’on est peut-être les êtres vivants les plus évolués, mais qu’on essuie encore du jus tombé par terre avec notre pied. Sur scène, le rire sert de pont à ce qu’il n’ose pas tout à fait appeler philosophie, mais qui y ressemble étrangement. Et puis, il y a le public. Quelques personnes dérangent, discutent trop fort, se perdent dans l’alcool ou l’excitation. L’humoriste leur fait savoir sans méchanceté, avec cette compréhension tranquille de ceux qui veulent juste bien faire.
La soirée se transforme doucement en confession rigolote, racontée comme on sort les morceaux d’une vie très longue : une journée typique où il croise un quêteux au joint allumé, réclamant sur une pancarte de l’argent pour manger et à qui il dit de garder l’argent qu’il aura pour aller s’acheter de la cocaïne : « comme ça t’auras pu faim ». Une sortie de course avec son chien d’assistance où, de kiosque en kiosque, on lui répète qu’Aura n’a pas le droit d’être là, jusqu’à l’arrivée de patrouilleurs à vélo, eux aussi convaincus d’avoir raison. Le monde n’est lamais simple pour ceux qui ne rentrent pas exactement dans le même moule que les autres.
Il évoque aussi sa ride du lion qu’il a laissée aux mains du Botox, parce qu’il est tanné d’avoir l’air en tabarnack. Une spectatrice trop sur le party l’interrompt. Ce qu’elle dit est incompréhensible. Il lui demande si elle a besoin de consonne. Le rire secoue la salle.
Puis vient le chapitre des amours, des échecs, de ce moment où il a lu « Dis -moi qui tu aimes, je te dirai qui tu es » et réalisé son syndrome d’abandon, à la page 5 seulement. Il raconte une visite dans un club échangiste, une femme magnifique, un malaise d’être reconnu. D’une claque manquée qui devient une blague. Il parle de pornographie, de corps qui n’ont rien de parfait. De son « cul de triathlon » qui ferait plus de dommage en sortant qu’en rentrant à qui oserait s’y aventurer. D’un marathon en Nouvelle-Écosse, d’un carrefour giratoire pris à l’envers, d’un policier qui n’a pas trouvé ça drôle.
La soirée se referme sur sa gratitude . Maxim Martin affirme être devenu exactement ce qu’il ne voulait pas être à vingt ans… et qu’il en est finalement très fier. Comme si, quelque part entre une slush bleue, une crème glacée trempée et un chien d’assistance qui se colle, il avait trouvé sa manière de rester vivant : en riant du monde tel qu’il est, et de lui-même, surtout.
- Artiste(s)
- Maxim Martin
- Ville(s)
- Québec
- Salle(s)
- Centre d'art La Chapelle
- Catégorie(s)
- Humour,
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