crédit photo: Sebastian Sevillano
Lil Yachty

Lil Yachty au Mtelus | Prise deux!

Mercredi soir dernier, Lil Yachty était de passage dans la métropole pour une deuxième fois en moins de deux mois, mais cette fois-ci dans le cadre de sa tournée The Field Trip Tour en lien avec son dernier album. Nick Hakim ainsi que des membres du collectif rap Concrete Boys assuraient la première partie.

Un Lil Yachty en forme?

Pour vous mettre en contexte, lors de sa dernière visite à Montréal (Osheaga), le rappeur du Michigan était malade et n’a malheureusement pas pu nous livrer une performance qui atteignait nos attentes. De plus, sa prestation était adaptée en format festival ce qui le limitait, soit dans le temps, la scénographie ou l’espace. Et bien, pour le bonheur des fans, c’est un Lil Yachty débordant d’énergie que nous avons pu apprécier hier soir au MTelus. Offrant une formule complètement différente de ce que nous avons eu auparavant, son show se divisait en trois parties, lui permettant de nous offrir une vraie expérience visuelle et sonore qui lui est propre.

Place aux femmes

Quelques secondes avant que le spectacle débute, une grande annonce « Warning » a apparu sur l’écran pour mettre en garde les personnes épileptiques. Vous comprendrez donc que les lumières allaient être de la partie. En rentrant sur scène, plusieurs fans vêtus de chandails de hockey des Ducks, Sharks, Rangers et même des Whalers pour ne nommer que ceux-ci, espéraient voir Yachty arborer un chandail sportif, lui qui a l’habitude de porter ce genre de vêtement. Il a plutôt opté pour un t-shirt de la marque Stussy, des pantalons beiges très larges ainsi que la toute nouvelle collaboration de souliers entre la marque Supreme et Nike (la Nike Courtposites).

Par contre ce qui sautait le plus aux yeux, c’était la présence entièrement féminine que compose son groupe de musiciennes. En effet, on compte deux choristes, deux femmes aux cordes (électrique et basse), une batteuse et pour finir, une pianiste (synthétiseur). Dans une entrevue en juillet dernier pour les Grammy’s, Miles Parks McCollum de son vrai nom, expliquait le choix derrière une formation féminine. Il mentionne que les femmes font partie de sa vie et qu’elles l’ont aidé toute sa vie. Il dit aussi : « I just think that women are so powerful. I feel like they rule the world ».  Cet aspect est très rafraîchissant pour le monde du rap et de la musique, et emmène une vision complètement différente. C’est donc avec un band féminin qu’il a enchaîné sa première portion de la soirée.

Changement drastique

Ceux qui connaissent Lil Yachty depuis le début, ont sûrement remarqué un changement drastique au niveau musical. En effet, il a complètement changé de direction le temps d’un album ou plus, qui sait. Sa dernière parution était plutôt du style rock alternatif des années 90, mais avec une touche pop et psychédélique. On sent dans son album qu’il avait besoin d’évoluer et pour se faire, il s’est entouré notamment d’artistes connus dans ce style comme Andrew VanWyngarden du groupe rock des années 2000 (MGMT) et Mac DeMarco pour certains arrangements. Il a alors enchaîné avec cinq morceaux tous issus de Let’s Start Here, dont the Ride– avec l’un des artistes émergents de l’heure Teezo Touchdown. Il a ensuite quitté la scène, laissant la place aux femmes pour qu’elles interprètent une reprise de In The Air Tonight de Phil Collins, qui était ma foi, très impressionnante.

Le Lil Yachty de 2016

Pour cette deuxième partie du spectacle, la tête d’affiche se retrouve seul sur scène pour nous lancer ses plus gros morceaux, ceux pour qui la majorité des fans dans la salle étaient présents. Pour cette séquence d’environ 30 minutes, il n’y avait aucune projection psychédélique ni d’instruments, seulement la voix et les productions. Encore dans la même entrevue (Grammy’s), Yachty explique le choix derrière l’absence de vrais instruments. Il dit que le « feeling » est dans les « beats » et que quand nous avons à reconstruire une production avec les instruments, nous perdons l’intensité. Son point est tout à fait compréhensible, puisque ses pièces « traps » reposent essentiellement sur de la grosse basse ainsi que des 808 (terme fréquemment utilisé dans le rap).

Un bon exemple est lorsqu’il a interprété Get Dripped. À ce moment, on sentait la vibration dans l’ensemble de notre corps. Durant ce « set », il en a profité pour jouer son tout dernier EP (TESLA) qui revient à ses sources niveau production. Sur chacune de ses pièces, des « moshpits » se sont formés, montrant l’intensité de ces dernières. Il s’est ensuite tourné vers quelques vieux succès comme Broccoli et iSpy, avant de demander à la foule : « qui parmi vous me suit depuis 2016 ? » À ce moment, la quasi-totalité de la salle s’est mise à crier. À cette époque, il venait tout juste d’être sélectionné sur la fameuse liste XXL Freshman Class du célèbre magazine rap américain, qui indique quels sont les artistes à surveiller dans les prochaines années. Juste pour vous dire, en 2016, il y avait également Lil Uzi Vert, 21 Savage, Anderson. Paak, Denzel Curry et Kodak Black, pour ne nommer que ceux-là. Immédiatement après, il a terminé cette section avec One Night, que la foule chantait en cœur. Il s’est même permis une improvisation sur l’instrumentale de cette dernière, expliquant que ça ne s’était pas bien passé lors de son dernier passage (puisqu’il était malade) et qu’il s’en excusait. Il a quitté la scène en signant une paire de souliers.

Une finale grandiose

Pour finir, il est revenu avec ses musiciennes sous des flashs de lumières psychédéliques, tout comme les quatre dernières chansons de la soirée. Le clou du spectacle est sans contredit l’interprétation finale de the BLACK seminole avec la voix envoûtante de la choriste, l’effet de lumière qui nous emmenait dans une sorte de transe visuelle, ainsi que le lent virage sonore qui mène vers un crescendo grandiose. Bref, c’est dans un spectacle beaucoup mieux structuré et muni d’une énergie qu’il n’avait pas un mois avant, qui a su plaire aux fans qui le connaissaient depuis le début et à ceux qui l’ont découvert avec son dernier album.

Nick Hakim et The Concrete Boys

C’est Nick Hakim qui assurait la première partie. Il nous a offert une bonne performance pendant un bon 30 minutes, mais sans plus. La voix était souvent enterrée par le son trop fort des productions, ce qui rendait sa performance moins intéressante, lui qui est connu pour sa puissante voix. Je comparerais son style à un certain Father John Misty. Les lignes de guitare sèche se prêtaient peut-être moins bien au jeu sachant que juste avant lui, il y avait une mini performance du collectif de Lil Yachty (Concrete Boys). Ceux-ci nous ont livré des reprises de chansons rap comme Stop Breathing de Playboi Carti.

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