Li’l Andy livre la marchandise et Joe Grass nous sort des sentiers battus
C’est une soirée sous le signe du country folk où l’on découvre les titres de Falcon’s Heart, le prochain album de Joe Grass en version solo et acoustique mais toujours avec quelques effets et boucles parce que Joe Grass reste un magicien du son et de la guitare. S’ensuit Li’l Andy qui nous offre un très bon concert avec un excellent groupe au taquet.
Li’l Andy est surpris de voir la salle remplie, car un promoteur célèbre lui avait prédit que ce serait désert à cause de gros shows ce soir-là, notamment le concert de Blink-182 au Centre Bell. Apparemment, nous sommes nombreux à préférer l’ambiance intime de la Casa Del Popolo et les prix abordables de la bière et de l’entrée… Et c’est un bon concert que nous avons pu vivre!
Li’l Andy, malgré son nom de scène décalé (il est loin d’être petit et n’est pas un rappeur), est un chanteur-compositeur-guitariste avec de solides racines dans le country. Sur la petite scène de la Casa, il est accompagné de musiciens aguerris : Joshua Toal (Plants and Animals, Basia Bulat, Jason Bajada, Ian Kelly) est à la basse et au chœur, et assure solidement les fondations des titres. Ben Caissie est un batteur démonstratif avec une attitude et un jeu qui ne sont pas sans rappeler Ringo Starr avec du Charlie Watts, derrière son kit des années 50 très vintage et réduit à l’essentiel. Joe Grass est à la pedal steel guitar pour une performance impressionnante. C’est d’ailleurs lui qui ouvre la soirée en solo, mais j’y reviendrai plus tard.
Li’l Andy est un personnage plus grand que nature avec son Stetson sur la tête, ses grands favoris et sa guitare Gretsch avec bien du tremolo : le country est là. Il livre des chansons comme All The Love Songs Lied to Us, aux ambiances plutôt sombres et ironiques avec une voix qui rappelle Nick Cave. Le titre qui se moque avec tendresse des chansons d’amour, est d’ailleurs basé sur Coming Back To You de Leonard Cohen, car il a travaillé sur une série de concerts hommage au mythe montréalais en parallèle à l’exposition qui lui était consacré au Musée d’art contemporain de Montréal en 2017.
Le côté expérimental de Joe Grass n’est jamais bien loin et ce n’est pas long que ce dernier enclenche la grosse distorsion ou joue les réglages de sa pédale d’écho pour la plus grande joie du public, quitte à s’affranchir des contraintes du genre.
Comme c’est la tradition dans tous les shows country/folk, on a eu droit au moment où le groupe se rassemble autour d’un unique micro à large diaphragme sur suspension à l’allure très datée pour chanter leur titre le plus rétro avec des chœurs et Joe Grass à la mandoline pour un unique titre fort bien interprété.
C’est un bon concert auquel nous avons assisté ce soir. J’ai pu découvrir Li’l Andy avec sa belle voix de basse sur ses titres originaux et son sens de l’humour particulier. Son groupe est parfait et on quitte avec une envie d’en entendre davantage. C’est bon signe!
Joe Grass, le magicien du son, nous présente son nouvel album
Joe Grass ouvre la soirée. Le guitariste (et excellent joueur de pedal steel guitar comme évoqué plus haut) est bien connu, autant sur scène qu’en studio, pour avoir jouer avec une bonne partie de la scène montréalaise dont Patrick Watson et Élisapie… Il est aussi arrangeur, compositeur et producteur, notamment avec le groupe Klaus, cofondé avec le batteur Samuel Joly (Thus Owls, Fred Fortin) et le clavier magique de François Lafontaine (Karkwa, Galaxie).
Revoir Joe Grass sur la petite scène de la Casa n’est pas sans me rappeler le tout premier concert du groupe Klaus, donné ici même en fin mars 2018 et qui avait époustouflé tout le public. Ceux qui y étaient en parle encore avec des étoiles plein les yeux. Indiscutablement un des meilleurs concerts parmi les centaines que j’ai vu.
Trêve de nostalgie! Ce soir, c’est un Joe Grass tout seul. Il sort son deuxième album Falcon’s Heart le 26 mai et quelques titres sont déjà disponibles, dont Spoon, Touch the void et l’excellent titre Guadalupe dont nous aurons droit à une très belle version dépouillée ce soir, avec un banjo frankenstein avec la première partie du manche sans frettes pour une sonorité qui rappelle certains instruments japonais sur ce registre.
Joe Grass reste un magicien du son et rapidement, il triture ce qui sort de sa vieille guitare acoustique, souvent de façon surprenante. Ce n’est pas tous les jours qu’on noie le son d’une acoustique dans un effet vibrato pour donner un son qui navigue entre le désaccord et l’ondulation sonore très marquée. Un solo en distorsion avec du flanger sur un Gibson acoustique, c’est inattendu mais ça reste pertinent. Bien sûr, il y a aussi des boucles enregistrées à la volée, pour un résultat qui peut décontenancer dans le bon sens du terme. Et une boîte à rythme sur un titre.
Sortir des sentiers battus, c’est aussi ce qui fait de Joe Grass un musicien important de la scène canadienne. Et au-delà des effets, il offre de bonnes compositions portées par une belle voix grave. Cet avant-goût de l’album à venir nous laisse espérer un bon disque que l’on a hâte d’entendre sur nos platines.
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