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Les Shériff

Les Sheriff bombardent Montréal | Les deux doigts dans la prise aux Foufounes Électriques

Les légendes du punk rock français ont emmené la chaleur des missiles et du Sud de la France à Montréal, dans une prestation survoltée, devant une salle pleine à craquer chantant leurs hymnes irrésistibles, naviguant allégrement mais avec turbo dans leur solide répertoire. Un mur du son, du rock’n’roll, des textes et mélodies imparables, presque une trentaine de morceaux, Les Sheriff ont donné une véritable leçon avec une prestation absolument remarquable, envoyant un grand bombardement de décibels, et imposant leur statut de groupe culte à coup de battes de baseball, de grosses guitares et de refrains tellement accrocheurs.

Annoncés au printemps dernier, les places pour le concert des Sheriff à Montréal s’étaient arrachées en quelques semaines à peine. Et à raison, car c’était une occasion assez unique de voir en action ces vétérans de la scène française, que certains appelaient à une époque les Ramones français, presque 40 ans après leur formation. Avec en plus la présence de groupes cultes de la scène punk québécoise, les troubadours punk des Ordures Ioniques et Les Marmottes Aplaties, qui se réunissaient sur scène pour détruire un peu plus, deux solides prestations en ouverture.

Les Foufounes Électriques sont donc remplies à craquer, et déjà bien échaudées lorsque les cinq sheriffs montent sur scène. « On est Les Sheriff, et on vient de Montpellier!» lance Olivier aka Dzondze au micro avec ce bel accent du soleil du Midi, avant que la machine rock’n’roll ne se lance à plein régime, sans jamais baisser d’intensité. La chanson Loin du chaos ouvre le bal avec fracas, extraite de l’excellent Grand Bombardement Tardif. Un inespéré nouvel album, vingt ans après leur dernière sortie, et bien représenté ce soir avec plusieurs morceaux qui seront joués comme À Montpellier, Ma lumière, Soleil de plomb, Le temps est élastique ou encore Du Rock’n’roll dans ma bagnole. Il faut saluer la qualité de ces chansons très appréciables en concert, et le caractère exceptionnel de voir Les Sheriff jouer du nouveau stock en 2023, eux qui avaient subitement décidé de rendre les armes en pleine tournée, un jour de 1999, pour retourner chez eux et aller se tenir loin du chaos, en regardant pousser les végétaux pendant presque quinze ans.

Mais il faut le dire, lorsque les classiques des années 80 et 90 embarquent, la température monte d’un cran, et la chaleur des missiles envahit la salle alors que le mosh-pit explose presque jusqu’aux derniers rangs, pour le meilleur et pour le pire. Comme lorsque Fanatique de télé est joué en deuxième, faisant monter l’intensité, suivi de À coup de battes de baseball qui met le feu au pit, faisant voler dans les airs les bières, les verres, les rouleaux de papier toilette et les crowd-surfeurs.

* Photo par Patrice Caron.

Un joyeux bordel qui ne fait qu’écho à la puissance de la prestation. Sur la dernière date de leur tournée québécoise, Les Sheriff sont gonflés à bloc, imposant un mur du son fidèle à leur réputation de faire du bruit, mais de le faire bien. Même s’il a allègrement dépassé le demi-siècle comme il le souligne lui-même, le chanteur Olivier livre une excellente prestation, très expressif, énergique et communicatif, trouvant les bons mots, simples et accrocheurs, pour introduire les différents morceaux. Ritchie et Pat envoient du gros son aux guitares, Manu et Seb martèlent la rythmique en assurant les chœurs, aidés d’un public enflammé qui ne manque pas de chanter les refrains irrésistibles de Pas de doute, Je veux savoir pourquoi, Pendons-les haut et court, Bon à rien, ou l’électrique classique Les 2 doigts dans la prise qui fait l’effet d’une bombe.

Parce que Les Sheriff en concert, ce n’est pas pareil que sur album. Inspirés par les esprits d’AC/DC et de Motörhead qu’ils écoutent en bagnole, il y a un côté très brut et puissant, massif, limite métal, qui vient se mêler au côté accrocheur des mélodies de leurs chansons, et le résultat est un cocktail explosif, jouant avec le feu sans jamais brûler ni perdre son intensité, d’une efficacité qui emporte tout sur son passage. Pile ou Face, Jouer avec le feu, Mayonnaise à gogo, Panique à Daytona Beach, les tubes s’enchaînent et le public en redemande. Presque 30 morceaux joués, plus d’une heure de spectacle, et pourtant tout passe très vite, comme le temps est élastique, et il est déjà l’heure de conclure La Saga des Sheriff. Il faut bien Se faire une raison, malgré leur humilité, ils ne sont pas un groupe légendaire pour rien. « Merci, on s’en souviendra! », salue le chanteur. Et nous aussi on s’en souviendra. Quel groupe, quel show, quelle soirée.

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