Leonard Cohen

Leonard Cohen – Old Ideas : Commentaires d’une première écoute

Le vénérable troubadour montréalais Leonard Cohen lancera son 12e album studio, Old Ideas, le 31 janvier prochain. Sors-tu.ca a eu l’occasion d’assister à une séance d’écoute exclusive en compagnie d’une poignée de journalistes, dans une salle réservée à cet effet. Des panneaux affichant les paroles étaient  installés à la vue de tous, afin de pouvoir s’imprégner des mots de Cohen tout en absorbant la musicalité de ceux-ci. 

Compte-rendu d’une première rencontre avec ces vieilles idées du chanteur de 77 ans.

* Mise à jour (23 janvier): Il est possible d’écouter l’album au complet, en primeur, sur Espace.mu. Livrez-nous vos commentaires sur l’album en bas de la page!

 

1. Going Home: L’album s’amorce en douceur avec Going Home et sa savoureuse phrase initiale pleine de dérision: « I love to speak with Leonard / He’s a sportsman and a shepherd / he’s a lazy bastard / livin’ in a suit ». Going Home évoque l’idée du retour au bercail, du naturel chassé qui revient au grand galop.

2. Amen: Superbe pièce qui rappelle à la fois I’m Your Man et les ballades lugubres de Tom Waits, avec quelques subtiles pointes yiddish soulignées par un violon poignant. Comme ce sera le cas pour pratiquement tout l’album, la musique se fait discrète, délicate, comme un canevas de soie sur lequel se dépose le baryton écorché de Cohen.

3. Show Me The Place : Une superbe ballade au piano, sereine et vaguement gospel avec ce qui s’apparente à des chants d’Église. Phrase marquante: « Show me where you want your slave to go ».  Frissons garantis.

4. Darkness :  Un blues ralenti, qui évoque l’idée « d’attraper la noirceur » comme un virus. Sans doute au sujet de la dépression (qui a visité Cohen plus souvent qu’à son tour, même s’il admet en être totalement rétabli), de l’idée de n’y voir que du noir devant comme derrière. Leonard raconte ne voir aucun future, « le présent n’est pas si plaisant » et le passé ne lui a pas survécu. Étonnamment, la lourdeur du sujet n’étouffe pas la lumineuse interprétation.

5. Anyhow: Un smooth jazz sulfureux qui explore le thème d’un amant récidiviste qui demande pardon, avec une touche d’humour typiquement Cohen.

6. Crazy to Love You: Une sérénade à la guitare, tout ce qu’il y a de plus dépouillé et intime. Les réminiscences de l’esthétique des premières années: Songs of Leonard Cohen, Songs of Love and Hate, Songs From A Room.

7. Come Healing: L’intro est chantée par les Webb Sisters, avant que Cohen ne prenne le relais de cet hymne spirituel au renouveau, à la renaissance.

8. Banjo:  La chanson la plus rythmée du lot. Il s’agit d’un blues country-folk. L’intervention des cuivres au milieu donne à cet interlude une saveur de la Nouvelle-Orléans.

9. Lullaby: Une lente ballade avec quelques élans d’harmonica.

10. Different Sides: Un dernier titre un peu plus rythmé (presque rock) que l’ensemble de l’album. Explore l’idée de la division, des idées contraires qui s’attirent et qui divisent.

Verdict d’une première écoute: De bien bonnes vieilles idées. On sent toute la valeur du vécu que ses chansons ont eue, étrennées et aguerries en tournée au fil des 3 dernières années. Les arrangements sont raffinés, épurés, de bon goût, mais commandent une écoute attentive afin d’être appréciés à leur juste valeur. Les influences du Sud américain sont omniprésentes: du blues, du folk, du banjo, des cuivres, mais tout y est en subtilités. Cohen chante avec un bonheur et une sérénité plus palpable que sur les 2 précédents Dear Heather (2004) et Ten New Songs (2001).

Critique complète à venir le jour du lancement de l’album.

S’il a fallu 8 ans à Leonard Cohen pour faire suite à Dear Heather, la situation devrait être différente cette fois-ci. Cohen confiait à la presse française, cette semaine, qu’il détenait suffisamment « d’éléments inachevés » pour en faire un nouvel album d’ici un an.

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