Moist

Le retour de Moist | Entrevue avec David Usher

C’était écrit dans le ciel.  Après tous ces récents comebacks de groupes de la génération Cobain, tôt ou tard, Moist allait se réunir à son tour. C’est maintenant chose faite et devinez quel titre porte cette tournée de réunion ?  Resurrection, évidemment.  À la veille des concerts à l’Impérial de Québec mercredi soir, et au Métropolis de Montréal samedi soir, David Usher était visiblement fébrile au bout du fil. 

Nombreux sont les trentenaires qui se rappellent tendrement les belles années du alt-rock canadien du milieu des années 1990. Au-devant de cette mouvance nourrie par les incroyables véhicules qu’étaient MusiquePlus et MuchMusic à l’époque et marquée par les Sloan, The Tea Party, I Mother Earth et autres Our Lady Peace de ce monde, Moist faisait la pluie et le beau temps avec d’innombrables hits dont Push, Resurrection, Gasoline, Silver, Tangerine ou encore Leave It Alone.

Moist à l'Impérial de Québec. Photo par Ulysse Ramsay.

Moist à l’Impérial de Québec. Photo par Ulysse Ramsay.

Après un tel succès, qui peut sérieusement s’étonner de leur retour en selle, presque quinze ans après la sortie de leur dernier album, Mercedes 5 and Dime. « Nous-mêmes, nous étions en état de choc ! « , s’exclame David Usher, en appuyant ses propos par un rire sincère.

« En fait, officiellement, on ne s’est jamais séparé : c’était seulement une longue pause. Nous sommes tous restés amis. À chaque année, l’idée revenait de réunir le groupe, mais il y avait toujours un ou deux membres trop occupés avec autre chose. Cette année, tout le monde a répondu oui. Avant même qu’on le réalise, il y avait des shows de prévus. »

Contrairement à ce que plusieurs croyaient, le départ du batteur Paul Wilcox en raison de problèmes de santé en 1999 n’était pas la raison de la séparation pause prolongée du groupe. « Nous avons continué un peu après le départ de Paul. Mais nous avions atteint un point où chacun souhaitait aller voir ailleurs, essayer autre chose. Je crois que ça fait partie du cheminement normal de toute personne créative. »

Moist : que sont-ils devenus?

Dès le tournant du millénaire, David Usher a connu une carrière solo pour le moins prolifique : sept albums studio en treize ans. Le claviériste de Moist, Kevin Young, l’a suivi dans cette aventure, pendant que le guitariste Mark Makoway publiait un petit guide pour les bands indépendants, un ouvrage intitulé The Indie Band Bible, en plus de travailler en studio sur divers projets. Le bassiste Jeff Pearce, lui, a tenté sa chance avec un nouveau band nommé RYE, qui n’a pas fait long feu.

« Ces expériences nous ont donné le bénéfice du recul », souligne David Usher, qui admet prendre davantage de plaisir à jouer avec ses potes de Moist qu’à l’époque. « Quand t’as 20 ans, tu prends les choses tellement au sérieux. (rires) Tu te concentres sur des détails qui n’ont pas tellement d’importance. On était pris dans le tourbillon et c’était difficile de prendre le temps d’apprécier ce que nous vivions. »

Au moment de revisiter le contenu des trois albums en vue des concerts, une question primordiale devait trancher le débat : « est-ce que les chansons sont encore pertinentes ?  Est-ce qu’on se sent à l’aise avec celles-ci, et sont-elles encore crédibles ? En réécoutant, j’ai été étonné. C’était la première fois que je faisais cette exercice de réécouter un album sur lequel j’avais travaillé par le passé. Après 13 ans, je percevais notre musique d’une nouvelle façon. C’est étrange, mais j’y trouve un sens qui m’échappait à l’époque ».

Après avoir brisé la glace à London et Toronto à la fin novembre, les cinq comparses – le batteur de David Usher, Francis Fillion, complète la bande – se sentent déjà d’attaque, non seulement pour la petite tournée nostalgique, mais aussi par l’écriture de nouvelles chansons. Le courant passe à nouveau, et Moist entend lancer un nouvel album en 2014. « C’est différent pour moi de revenir à une formule de band. C’est à la fois moins de contrôle… et moins de pression. J’apprends rapidement à apprécier cela ».

L’écriture est toutefois en début de processus et les concerts de Québec et Montréal ne permettront pas aux fans d’entendre du nouveau matériel. Juste des hits. Selon David Usher, certains succès sonnent exactement comme dans le temps, et d’autres (il cite notamment Underground) bénéficie d’un nouveau souffle.

Se sentent-ils obligés de reprendre certaines chansons incontournables pour les fans ? « Honnêtement, je ne vois pas cela comme de la pression Si tu reviens après 13 ans d’absence, tu sais que les fans veulent entendre ces chansons et ça adonne bien, parce que nous, on veut les jouer!  »

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