Le métalleux insoupçonné en Arnaud Nobile (Fondateur d’atuvu.ca)

En cette semaine de Heavy Montréal, on constate que le festival ne suscite pas seulement l’intérêt des grands dudes aux cheveux longs et aux fripes noirs. Tout âge, tout genre, il y a un « pouèle » caché en bien des gens, un passé teinté de nostalgie heavy métal ou une passion secrète pour la musique qui déménage. Tout au long de la semaine, Sors-tu.ca en déterre quelques-uns… ils sont partout, parmi nous : des métalleux insoupçonnés. Dernier d’une série de quatre : Arnaud Nobile, fondateur d’atuvu.ca.

arnaud-metalleuxÀ première vue, le fondateur du site atuvu.ca n’a pas exactement un look je-sors-au-Katacombes-les-vendredis. Look soigné, adepte de chemises colorées, il écoute généralement de la musique du monde, du jazz, de la chanson. Il est, et a toujours été, curieux, emballé par la découverte musicale, mais plus souvent qu’autrement dans un registre assez doux, modéré.

Mais comme bien des gens, à un moment de sa vie où la testostérone joue des tours, le hard rock et le métal l’ont séduit et dévié de sa trajectoire.

À 12 ou 13 ans, j’ai eu à ranger mon accordéon parce que ça n’était pas en accord avec mes goûts hard rock.

C’est le genre de phrase qui étonne. Il faut dire que l’accordéon, c’était du sérieux pour Arnaud Nobile. À 7 ans, il apprenait à jouer de l’accordéon musette, encouragé par ses parents qui souhaitaient le voir développer un talent musical, et inspiré par un cousin qui maîtrisait cet instrument. En peu de temps, il s’est illustré, au point de remporter le premier prix d’un concours national d’accordéon.

 

Porte d’entrée

Dès l’âge de 3 ou 4 ans, Arnaud découvrait la musique par le biais des 45 tours usagés que sa mère lui rapportait du jukebox du club social de l’entreprise où elle travaillait. « Il y avait des trucs quétaines pop et d’autres plus rock. La transition entre mes chansons d’enfance et le rock, c’était Johnny Hallyday. Et tout de suite après, ce n’était plus assez. »

« Un 45 tours qui a changé ma vie, c’était Joan Jett ». Secoué par cet hymne qu’était I Love Rock’n’roll, Arnaud allait s’initier à la musique avec du mordant. Si bien qu’en 1983, il participa à un concours à la radio libre de Nogent-Le-Rotrou, village où il habitait. « Pour gagner le disque, il fallait appeler pour donner le nom de l’artiste et le titre de la chanson. Alors j’ai gagné, et il fallait que j’aille le chercher à la station.  Sur place, je me pointe, on me donne mon disque et on me propose de faire une émission. J’avais 12 ou 13 ans. Ils m’ont dit : ‘Tu aimes le hard rock ? Veux-tu faire une émission de hard rock, les mercredis après-midis?’  »

Juste comme cela, le voilà recruté pour sa première expérience radiophonique dans une station de radio nommée Radio Nogent, qu’il décrit comme étant chaotique mais animée. « C’était le lieu de tous les marginaux, un lieu de passage assez extraordinaire. »

Pendant quelques années, au milieu des années 1980, il a découvert des artistes hard rock et métal. « Je tripais sur Tokyo Tapes, de Scorpions, que je réécoutais sans arrêt dans mon walkman ».

 

Pour l’amour de la musique

Contrairement à Isabelle Longnus qui ne jurait que par le look, l’imagerie et l’esthétisme du métal, Arnaud n’en a toujours eu que pour la musique. « Ce n’était pas tout le fantasme autour du métal, c’était vraiment la musique, le côté mélodique, les constructions harmoniques. C’est la lourdeur, les rythmes bien marqués, de la grosse guit’. C’est pas forcément toujours très complexe, mais il y a de la recherche, sans avoir 72 instruments. En réécoutant récemment, je crois que j’appréciais ce côté lyrique, des envolées vocales marquées, puissantes. Il y a toujours une certaine puissance, qui résonne lorsque tu as envie d’exprimer un peu ta testostérone. Dans ma chambre, je devais faire du air guitar« , ajoute-t-il en riant.

Comme peu de tournées s’arrêtaient à Nogent-Le-Rotrou, Arnaud n’a pas développé d’intérêt particulier pour les spectacles métal, mais les disques faisaient le travail. Il énumère Iron Maiden, Judas Priest, Accept… Ça a duré quelques années.

« Sans être un maniaque, je dirais que le métal m’a ouvert les portes vers autre chose. Les albums de The Cure que j’ai écoutés par la suite, avec les petits riffs de guitare, les univers un peu particuliers, poétiques, ça vient de là. Il y a beaucoup de poésie noire, une imagerie, des atmosphères créés. Le métal m’a amené vers ça. »

En plus de l’amener vers d’autres musiques, son incartade dans le métal et le hard rock lui ont permis de ne pas succomber aux stéréotypes envers les métalleux d’aujourd’hui, et du coup, de saisir l’intérêt de son propre fils de 18 ans envers certains de ses goûts musicaux. « Mon fils a écouté du System Of A Down. Moi ça me parle plus, mais ça m’a permis de repartager avec mon fils tout ce que j’écoutais. Je lui ai fait écouté du Judas Priest et du Accept, et il a trippé ».

« Ça m’a aussi permis de ne pas avoir de stéréotype. Je n’ai jamais jugé les métalleux, même que je les ai toujours plutôt vus avec bienveillance ».

Et ne vous inquiétez pas : après une pause de 20 ans, Arnaud reprenait l’accordéon. « Ça m’a pris du temps, mais j’ai réalisé qu’il existait autre chose que la musette… »

Les 5 albums métal d’Arnaud Nobile

1. AC/DCFor Those About To Rock (We Salute You)
2. Iron MaidenThe Number of the Beast
3. ScorpionsTokyo Tapes (double live)
4. AcceptBalls to the Wall
5. Judas PriestUnleashed In The East

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