Orchestre Métropolitain

La French Touch | L’Orchestre Métropolitain au meilleur de sa forme

Juste avant de partir pour sa première tournée européenne, l’Orchestre Métropolitain a offert à la Maison Symphonique un programme à la fois ambitieux et exigeant. Trois solistes exceptionnels ont été accompagnés par l’orchestre dans un programme 100% français.

 

Première partie en demi-teinte

Ce sont Les Nuits d’Été (op 7, pour alto – ou ténor – et orchestre) qui ont ouvert le concert. Six poèmes de Théophile Gautier, mis en musique par Hector Berlioz et interprétés ce soir par la contralto Marie-Nicole Lemieux. La soliste, avec une diction impeccable dans son chant, a su donner une superbe lumière à toute la pièce, dans l’intégralité de la tessiture que celle-ci exige. Fidèle à ses habitudes, Yannick Nézet-Séguin conduisait très attentivement musiciens et chanteuse, mettant en avant les différentes couleurs de chaque poème, entre langueur et profonde mélancolie.

Force est de constater qu’une fois de plus, une partie du public ne daigne pas respecter les oeuvres jouées à la Maison Symphonique. Les quintes de toux qui remplacent les applaudissements hasardeux entre deux mouvements ont été ce soir si fortes qu’elles ont déclenché des rires entre le deuxième et le troisième poème. Yannick Nézet-Séguin, excédé, a alors interrompu sa direction pour demander au public de respecter la musique et la concentration des musiciens. Public qui a répondu par des applaudissements bien mal placés… On a vu mieux comme manière de saluer un orchestre avant son départ.

Si les bois avaient déjà paré la première pièce de couleurs chaleureuses, leur présence dans le Concerto pour la main gauche (en ré majeur) de Ravel a été simplement fantastique. L’Orchestre Métropolitain accueillait le pianiste Alexandre Tharaud pour ce deuxième morceau. Malgré un début très timide de la part du pianiste (qui ne jouait pas par coeur), le thème a retrouvé une belle conduite par la suite, avec un orchestre qui a conféré au concerto une dynamique vigoureuse et élégante. Le morceau, qui n’est donc joué par le pianiste qu’avec la main gauche, démontre le talent d’orchestrateur de Maurice Ravel, qui parvient à la fois à faire sonner toute la puissance de l’instrument et à intégrer celui-ci à l’orchestre. Les tuttis ont été dirigés avec une énergie bienvenue par le maestro, qui conduisait ce soir un géant au poids de plume, entre moments pianissimo et forte grandioses.

 

Deuxième partie plus réussie

Après l’entracte, le programme décidément généreux s’est poursuivi avec le Premier Concerto pour violoncelle (op. 33) de Camille Saint-Saëns. Le violoncelliste invité, Jean-Guihen Queyras, a partagé avec le public et l’orchestre une interprétation merveilleuse. En un trait d’archet – ou presque, les trois mouvements se sont enchaînés sans interruption dans une fluidité, une délicatesse et une virtuosité qui ont tour à tour présenté toutes les facettes de l’instrument et de l’instrumentiste. Les couleurs et les nuances étaient poignantes, très justement accompagnées par l’orchestre. Queyras a été aussi convaincant dans les passages rêveurs que dans la virtuosité et la direction de Nézet-Séguin a donné une belle chaleur à la pièce.

La Mer (Trois esquisses symphoniques) de Claude Debussy a clôturé le programme de la soirée, menée une fois de plus par un maestro attentif aux moindres détails, à toutes les plus petites couleurs d’orchestre. Si la première esquisse a mis en exergue des changements de nuance très contrastés, la seconde a laissé la puissance de la mer se déchaîner, tandis que le roulis langoureux des bateaux accompagnait la troisième esquisse.

Malgré son état grippal, le public a chaleureusement applaudi chaque performance de ce soir. En guise de remerciement, l’Orchestre Métropolitain a terminé le concert sur un rappel poignant, avec la variation Nimrod issue des Variations Enigma d’Edward Elgar – que le chef a dirigée par coeur. Après ce programme exigeant pour tous les pupitres, présenté par l’Orchestre Métropolitain avec un succès incontestable, on n’a plus qu’à souhaiter une belle tournée aux musiciens et à leur chef.

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