Kiefer Sutherland en tournée | De Jack Bauer à chanteur country

L’acteur de 49 ans Kiefer Sutherland, qui a livré des performances marquantes depuis 30 ans dans des films tels que Stand By Me, The Lost Boys, Flatliners et, bien sûr, la série télévisée 24 où il fut l’invincible Jack Bauer pendant 9 saisons, tente sa chance maintenant dans un nouveau rôle : celui de chanteur country !  

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Fondateur du label indépendant Ironworks il y a quelques années, et passionné de musique depuis toujours, il n’était qu’une question de temps avant que l’acteur ne se mette à composer et passer derrière le micro. Celui qui a vécu une bonne partie de son adolescence dans la région de Toronto était de passage mercredi soir à Peterborough, petite ville ontarienne où nous l’avons vu en spectacle avec son groupe, la veille de leur prestation au Palais Montcalm de Québec.

Le Peterborough Musicfest est un festival annuel de spectacles gratuits en plein air, qui se déroule durant tout l’été. Une foule d’environ 8000 curieux s’est donc présentée dans le parc Del Crary, sur les bords d’un joli petit lac, pour découvrir la musique de Sutherland. Son album, Down In The Hole, est déjà disponible sur iTunes, mais ne sera mis en vente sur support physique que plus tard cet été et on peut supposer que pour plusieurs festivaliers, il s’agissait d’une première expérience avec la musique du chanteur.

Accompagné de quatre musiciens – deux guitaristes qui s’échangeaient les solos, un batteur et un bassiste —, et lui-même marquant le rythme à la guitare acoustique et électrique, Sutherland semblait sincèrement heureux de se trouver sur scène. Enchaînant une après l’autre les chansons de son album, on pouvait sentir toute la joie du chanteur de pouvoir partager ces pièces avec le public.

La voix de Sutherland est plaisante à l’oreille, bien que son registre soit limité. En l’écoutant, on pense un peu à Tom Waits, à Bob Dylan, à Springsteen. Sans posséder tout à fait le talent de ces légendes, il a une voix graveleuse qui se prête bien au genre de musique qu’il fait.

Autre chose intéressante : Sutherland semble être un conteur né. Ses chansons sont de magnifiques petites histoires, chacune faisant référence à un moment de la vie du chanteur. Et il a introduit à peu près chaque chanson lors du spectacle, les replaçant dans leur contexte, leur donnant du poids, comme ce fut le cas pour Truth In Your Eyes. Sympathique petite chanson à nos yeux lors des premières écoutes de l’album, elle a pris un nouveau sens lorsque Sutherland a raconté qu’elle faisait référence à une ex-petite amie décédée beaucoup trop jeune.

Le matériel a été livré sur scène tel qu’on le retrouve sur l’album. La seule chose manquante était les choristes féminines, omniprésentes sur le disque et qui auraient sûrement donné du tonus au spectacle. Car plusieurs compositions de Sutherland sont lentes et peu captivantes sur scène, telles que Calling Out Your Name ou Not Enough Whiskey.

Les démons de l’alcool

De son propre aveu, plusieurs des compositions de Sutherland tournent autour de l’alcoolisme. Ses interventions entre les pièces étaient très amusantes, et son autodérision bienvenue. « Je me suis rendu compte que j’ai beaucoup de chansons qui traitent de l’alcool, ce qui prouve que lorsqu’on fait une chose pendant assez longtemps, on finit par en retirer un certain bénéfice. »  Par contre, la lenteur et la lourdeur de certaines pièces ont donné un spectacle, dans l’ensemble, un peu amorphe.

Par chance, Sutherland y est allé de quelques reprises plus rythmées, comme Honey Bee de Tom Petty  ou Sundown de Gordon Lightfoot, deux de ses héros. Sutherland a parlé avec affection de ceux qu’il admire, comme Johnny Cash (à qui sa pièce Shirley Jean rend hommage) et Merle Haggard, dont il a repris Tonight The Bottle Let Me Down.

La chimie entre Sutherland et les membres de son groupe était palpable, et l’enthousiasme du chanteur a beaucoup aidé à rendre la soirée agréable, malgré la mollesse de son matériel. Ce spectacle est certainement plus approprié pour des endroits moins grands. Il a d’ailleurs affirmé que « ceci est de loin notre plus grande foule à ce jour ». Et le chanteur a semblé, tout au long de la soirée, sincèrement ému et touché de la présence du public, de son accueil. Celui qui fait de la musique par simple passion a affirmé : « Soyez sûrs que ceci est une soirée que nous ne sommes pas près d’oublier! »

Sur disque, les chansons de Sutherland peuvent parfois nous prendre aux tripes. Elles sont faites pour être écoutées dans un environnement intime. Dans un festival en plein air, avec une aussi grande foule venue pour se divertir, ce matériel un peu trop mélancolique et sombre ne lève pas tout à fait. Mais l’enthousiasme des interprètes est contagieux, et il n’y avait aucune grogne dans l’air à la fin de la soirée, que des sourires sur les visages des spectateurs.

En salle à Québec

Notre photographe Daniel Bouchard, qui a vécu une expérience différente au Palais Montcalm de Québec le lendemain, nous rapporte que la salle était comble. Public curieux ou intéressé ?  Probablement les deux, car la réaction a été très chaleureuse.

Il nous rapporte que le spectacle « aurait surement fait le bonheur de la foule du Festival d’été de Québec en première partie du show country » de Brad Paisley et Sheryl Crow.

 

 

Liste des chansons (à Peterborough)

1. Can’t Stay Away
2. I’ll Do Anything
3. Calling Out Your Name
4. Truth In Your Eyes
5. Not Enough Whiskey
6. Going Home
7. My Best Friend
8. (?)
9. Goodbye
10. Honey Bee (reprise de Tom Petty)
11. Shirley jean
12. Saskatchewan
13. All She Wrote
14. Down In The Hole
15. Tonight The Bottle Let Me Down (reprise de Merle Haggard)
16. Sundown (reprise de Gordon Lightfoot)
17. Knockin’ On Heaven’s Door (reprise de Bob Dylan)