Juulie Rousseau

Juulie Rousseau au Palais Montcalm | La Conférence des oiseaux

Il y a des concerts qui dépassent le cadre du spectacle. Celui de Juulie Rousseau relevait plutôt du rituel. Artiste complète, musicienne, chanteuse, auteure, compositrice, entrepreneure et ambassadrice de l’amour, Juulie irradie d’une lumière rare. Sa voix, vaste et libre, semble animée d’une mission : guérir, unir, apaiser. Une puissance maîtrisée, offerte sans résistance, comme un chant sacré dédié à l’humanité. Ce 25 octobre, dans la salle d’Youville du Palais Montcalm, un calme profond s’est installé. Un souffle collectif, presque méditatif, reliant scène et public dans une écoute suspendue. Ce n’était pas seulement un concert, mais une traversée vers soi. Juulie Rousseau, par sa présence humble et habitée, donne l’impression de canaliser quelque chose de plus grand qu’elle : un amour qui circule, se propage, s’élève.

Tout, dans La Conférence des oiseaux, témoigne de cette cohérence intérieure : les chansons bien sûr, mais aussi la scénographie, les objets d’art, les habits, les couleurs. Rien n’est laissé au hasard. Tout sert un même message, celui d’un retour au cœur, d’une alliance entre art et âme. Sept ans de gestation ont été nécessaires pour que ce projet voie le jour : sept années d’exploration, de doute, de silence et de foi. Et le résultat est grandiose.

Inspirée du recueil mystique du poète soufi Farid ud-Din Attar (XIIIᵉ siècle), La Conférence des oiseaux se déploie comme une odyssée musicale, poétique et visuelle. Juulie y revisite, à travers le symbole des oiseaux, une quête de liberté et d’éveil intérieur. L’œuvre, à la fois spirituelle et profondément humaine, nous convie à un voyage vers un monde où les cages s’ouvrent sous l’élan de l’amour et de l’unité. Cet album-livre, réalisé avec François Lalonde, magnifiquement illustré par l’artiste iranienne Nahid Kazemi, et parsemé des photographies de Adriana Garcia Cruz porte la marque d’une recherche sincère, patiente et universelle.

Des titres comme Les oiseaux amoureux, Awe, Caged Bird ou La quête du Graal composent une fresque sonore lumineuse qui semble jaillir d’une source infinie. Juulie confie d’ailleurs que son prochain projet est déjà en éclosion. Sur scène, elle était entourée de cinq musiciens : Amir Amiri au santur, un joueur de kamancheh (donc le nom malheureusement m’échappe), Elyzabeth Burrows au violoncelle, Carl Vaudrin au piano, et François Lalonde aux percussions. Ensemble, ils ont tissé un paysage sonore d’une richesse rare, où se croisent Orient et Occident, souffle et lumière.

Ce soir, elle nous appelait ses oiseaux, ses amoureux, ses voyageurs. On se sentait personnellement interpellés. Elle nous a fait chanter, roucouler, coasser, rappelant que la voix humaine, elle aussi, appartient au grand chœur du vivant. Divisé en chapitres, le spectacle invite à une introspection douce et nécessaire : un retour à soi par la beauté, la poésie et la tendresse.

Merci, Juulie, de te donner corps et âme, en musique et en vulnérabilité, pour nous aider à contempler le monde autrement et à croire encore à la force de l’amour.

« Les oiseaux amoureux sauveront la Terre, je l’ai entendu. En attendant l’amant de mon cœur, je dois soigner le monde. »

Ce soir, la salle, pleine à craquer, en est sortie un peu plus légère, plus vibrante — prête à faire rayonner ton message.

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