crédit photo: Jérôme Daviau
Jon Spencer & the HITmakers

Jon Spencer and the HITmakers au Ritz PDB | Le charismatique et énergique Jon Spencer brûle les planches

C’est une nouvelle tournée en Amérique du Nord pour Jon Spencer and the HITmakers, après l’arrêt dû à la pandémie et une tentative de tournée qui s’est soldée par l’infection de Spencer et de son percussionniste Bob Bert. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Jon Spencer est en pleine forme, avec une énergie débordante et une interprétation de ses titres sans faille avec le support d’un groupe au taquet.

Le Ritz PDB est plein à craquer pour saluer le retour de Jon Spencer avec nouveau groupe, the HITmakers, après l’arrêt forcé du mythique Jon Spencer Blues Explosion en raison des problèmes de santé de Judah Bauer.

Le blues sale et électrique du JSBX fait maintenant place à des titres plus construits et avec un côté industriel qui n’est pas sans évoquer le groupe allemand Einstürzende Neubauten, une grosse influence de Spencer. C’est encore plus fort avec avec l’appui de Bob Bert aux percussions métalliques, c’est à dire des pièces d’auto comme un carter *, un disque de frein ou un spring de suspension. On ajoute quelques poubelles métalliques et des marteaux pour frapper ces ustensiles. Bob Bert reste impassible devant les maintes gesticulations de Spencer, il faut dire qu’il a dû en voir d’autres depuis qu’il a joué avec Spencer au sein de Pussy Galore à la fin des années 80 mais aussi avec Sonic Youth, Kid Congo et Lydia Lunch…

* (expression très franco-française, je n’ai pas trouvé l’équivalent québécois, en anglais c’est crankcase)

I know I look good but I want to sound good too!

(Je sais que je parais bien mais je veux sonner bien aussi!)

Jon Spencer dans son uniforme de scène, veste et pantalon serré en jeans noirs, n’est pas avare de mouvements rock’n’roll, entre sauts et de multiples splits inachevées, suant corps et eaux. À 58 ans, ça a de quoi faire des jaloux… Ce qui n’échappe pas à une bonne partie féminine de l’audience, très présente et bruyante aux premiers rangs.

Mais Jon Spencer, c’est aussi une interprétation particulièrement propre et sans faille de ses compositions, un jeu de guitare extrêmement rigoureux, ce qui m’a vraiment surpris dans un contexte plus rock garage que pop. Et ce soir, il y a très peu d’improvisation ou de moments bruitistes décadents, ce qui était pourtant la marque de fabrique du Blues Explosion. The HITmakers, c’est bien un nouveau groupe, un nouveau projet et un nouveau son.

C’est aussi Sam Coomes (membre du groupe Quasi) qui fait le spectacle : le claviériste assure les sons rock genre farfisa ainsi que les basses et des interventions plus bruitistes au son proche des vieux synthés comme le Moog. Il assure également les chœurs, souvent en réponse à Spencer. Également très énergique et expressif, c’est l’autre pilier du groupe.

Le groupe quitte la scène après une quarantaine de minutes et une interprétation enlevante de Ghost, un des gros sommets de la soirée. C’est un titre du précédent album Spencer Sings The Hits, officiellement un album solo paru sous le seul nom de Jon Spencer mais pourtant joué avec les musiciens des HITmakers. Les titres interprétés ce soir viennent aux deux tiers du dernier album Spencer Gets It Lit (2021) et le reste de Spencer Sings The Hits (2018). Il y a également la réinterprétation de Just Wanna Die, une reprise de Pussy Galore.

Comme on pouvait s’y attendre, le concert est intense mais court, après une bonne heure et l’excellent titre Worm Town suivi d’une interprétation explosive du Bellbottoms du JSBX, les quatre musiciens quittent la scène laissant le public rassasié d’un très bon concert rock et sauvage qui a largement livré toutes ses promesses.

 

En ouverture, Bloodshot Bill et Tha Retail Simps

Tha Retail Simps, c’est du rock garage sans prétention avec un trop plein d’énergie et un placement plus ou moins aléatoire, avec un soupçon de MC5. C’est un guitariste chanteur qui ressemble à John Belushi avec une voix proche mais avec une petite guitare pour enfant. Il y a un guitariste qui se déhanche comme un malade, pour impressionner sa blonde à côté de moi et qui finit sur cinq cordes. Le bassiste est impassible au vacarme avec sa grosse basse Gibson et le batteur assoit le groupe pour assurer la cohésion de l’ensemble. On a l’impression d’assister à une répétition chaotique et enlevante. C’est particulièrement sale et jouissif.

 

Bloodshot Bill toujours aussi jovial et heureux de se retrouver sur scène, notre one-man band montréalais attire les éloges de tous bord et a fait sortir les Hitmakers des loges pour écouter le phénomène. Avec sa grosse caisse et sa hi-hat aux pieds et sa guitare entre les mains, il réussit à se renouveler à chaque fois avec des interprétations senties tout en alternant entre les morceaux rockabilly lents et rapides, les différentes modulations de voix et un jeu de guitare enflammé. Tout un tour de force, le tout avec le sourire et l’animation de salle incluse. La place est bien chauffée pour l’arrivée de Jon Spencer et sa gang!

Grille de chansons de Jon Spencer

Junk Man
Push Comes To Shove
Wilderness
Primary Baby
Beetle Boots
My Hit Parade
Strike 3
Ghost
Bruise
The Worst Facts
Cape
Get It Right Now
Death Ray
Just Wanna Die
Worm Town
Bellbottoms

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