 
	Jean-Michel Martel au Petit Champlain | L’absurde comme refuge
Jeudi soir au Théâtre Petit Champlain, Jean-Michel Martel présentait la première médiatique de son tout premier spectacle solo L’humour mon amour. L’ambiance était électrique, les spectateurs fébriles, prêts à rire avant même que les lumières ne s’éteignent. Pourtant, l’humoriste s’est fait attendre. Dix minutes de retard, sans un mot d’excuse. Déjà, le ton est donné: celui d’un artiste qui avance à son rythme, porté par une confiance tranquille. Et quand il finit par apparaître, accueilli par des cris et des applaudissements bruyants, il lance simplement: « J’ai des jokes si ça vous dérange pas. » C’est suffisant pour nourrir le tonnerre de rires.
Chez lui, tout repose sur la présence. Il n’a pas besoin d’amener une blague: il commence une phrase, et la foule s’écroule déjà de rire. Un simple commentaire sur un biscuit chinois en trois « définitions »; un papier, des chiffres chanceux, des fautes, provoquent l’hilarité générale. Il montre plus tard un dessin qu’il décrit comme « Babar qui sort de chez Burger King », et les rires explosent à nouveau, sans qu’il soit nécessaire de comprendre pourquoi. Le public rit du non-sens, rit de lui, avec lui.
Sujets variés et salle capricieuse
Le Théâtre Petit Champlain, bien qu’intime et chaleureux, n’est pas sans défaut. La salle est magnifique, mais la visibilité y est capricieuse. Mal placé, on ne voit presque rien. Assise derrière un spectateur imposant, une partie du public doit se contorsionner pour apercevoir l’artiste. Et dans un espace si restreint, chaque mouvement dérange le voisin. Il faut choisir sa place avec soin pour profiter pleinement de l’expérience.
Après une quinzaine de minutes, l’artiste souhaite finalement la bienvenue à son public. Ses sujets se succèdent sans logique apparente: sa grand-mère, la politique, le sexe, les PowerPoint, le stand-up lui-même. Tout semble improvisé, décousu, mais le public le suit, conquis d’avance.
Parfois, il s’égare. Quand il parle de souliers de clown et demande d’imaginer « plus grand, plus grand, encore plus grand, plus petit » personne ne rit vraiment. Il insiste, essaie encore, mais ça ne lève pas. Alors il reprend le contrôle: « Si vous aimez pas l’humour, restez chez vous. »
À un moment, il annonce que son humour se fera un temps grivois. Rien de sensuel là-dedans évidemment. L’humour grivois, chez Martel, penche plutôt du côté cru, du grotesque et du décalé. Plus tard, le public rira sur un gros hot-dog, un dentier posé sur un couvercle, un fer à friser sorti d’un étui de guitare, il évoque Duceppe, nous montre des photos de sa prétendue famille, où il incarne lui-même chaque membre en modifiant la photo, moustache pour le père, casquette pour le fils, etc. Les gags s’étirent, parfois trop longtemps, mais la salle reste complice.
Le moment le plus efficace demeure celui du professeur de mathématiques, incapable de séparer sa vie personnelle de ses équations. Ce segment, plus rythmé, plus construit, met en lumière le talent d’écriture de Martel et son sens du ridicule. On retrouve alors un équilibre entre absurdité et observation, entre caricature et justesse.
En conclusion, l’artiste prend le temps de remercier tout le monde: équipe, collaborateurs, etc. Des remerciements longs, presque cérémonieux, qui surprennent après un spectacle bien rempli. C’est touchant, maladroit, sincère, à l’image de l’homme sur scène.
Son humour rappelle celui des Denis Drolet : un univers singulier, déroutant, où tout semble à la fois inutile et essentiel. D’ailleurs, la mise en scène a été confiée à Vincent Léonard.
Jean-Michel Martel ne cherche pas à convaincre, seulement à exister dans son monde, avec son public. Et hier soir, ce public-là, il l’avait dans sa poche.
La première montréalaise se tiendra le mercredi 29 octobre prochain au Gesù. Détails et billets par ici.
Des représentations sont également prévues pour Saint-Eustache, Sherbrooke, Gatineau, Sainte-Thérèse et Brossard d’ici la fin de l’année 2025. L’humoriste reprendra aussi la route à l’hiver 2026. Détails de la tournée par ici.
- Artiste(s)
- Jean-Michel Martel
- Ville(s)
- Québec
- Salle(s)
- Théâtre Petit Champlain
- Catégorie(s)
- Humour,
Événements à venir
- 
			mercredi
- 
			vendredi
- 
			jeudi
- 
			mardi
 
											 
					 
		
Vos commentaires