îLESONIQ – Jour 2 | Canicule tech house sous les platines d’Alesso, Mau P, Max Styler et plus encore

Ce sera pas une nouvelle pour personne : il faisait chaud sur un moyen temps hier, le 10 août, alors qu’on frôlait les records de saison. Qu’à cela ne tienne : le site d’îLESONIQ était une fois de plus bien rempli alors que les festivaliers avaient trois choix de qualité pour conclure leur journée et leur weekend, avec Illenium, Sofi Tukker et Sara Landry qui s’amenaient tous en ville. Je n’ai pu assister à aucune de ces performances, mais j’ai tout de vécu même une journée bien remplie; retour en texte et en photos ci-bas!

Max Styler

Excellente façon de débuter ma soirée vers les chauds coups de 17h. Les premières minutes du set du Californien sont un peu linéaires, oui, comme si le Styler avait besoin de se familiariser avec son espace de travail ou à rapidement sizer le public, mais la situation ne sera que très passagère. Pour le reste de son heure de présence scénique, il renversera la situation en s’amusant à jongler avec les ambiances et les genres, se concentrant majoritairement sur sa tech house chérie, mais en y ajoutant des intrusions house mélodique, trance et quelques touches de bass occasionnelles. Ça donne de belles surprises, même si on se concentre au final surtout sur les basslines compressées à l’extrême plutôt que sur les mélodies et samples.

C’est d’ailleurs son pain et son beurre à Max Styler, ces basslines. Apparu sur la scène électro dans les mêmes environs que Dom Dolla, John Summit (que j’ai pu voir la veille) et Mau P (on y revient plus tard), l’Américain se distingue majoritairement des deux premiers alors qu’il n’aura jamais fait, jusqu’à ce jour, de concessions sur sa direction artistique. Alors que certains de ses confrères diversifient leur son, créant des pièces plus pop et TikTok-ready dernièrement, le DJ et producer continue de se dédier quant à lui corps et âme à la bonne vieille tech house.

Ça donne donc un set qui témoigne d’une belle constance, empli de compositions personnelles et de remixes déjà enregistrés ou produits presque sur le fly, avec des transitions généralement efficaces, même si parfois gréées d’un peu trop de fioritures, et surtout une invitation à la danse malgré la température toujours accablante. Moment parfait pour suer ses relents de brosse de la veille!

Meilleur moment : Un bel hommage avec Montréal avec un solide remix de Work It de Marie Davidson

Pire moment : Les 10 premières minutes

Oliver Holdens

N’ayant quitté la petite scène du Piknic qu’aux toutes dernières secondes du set de Max Styler, j’ai malheureusement dû manquer l’essentiel de la performance d’Oliver Holdens. Pas que je m’attendais à être déçu de la manquer de prime abord d’ailleurs, mais la quinzaine de minutes à laquelle j’aurai la chance d’assister me donnera quand même un certain FOMO.

Le set a beaucoup de failles, mais plusieurs surprenantes qualités également. La plus notable : les talents de technicien du Néerlandais. Le DJ va grandement augmenter le tempo des chansons qu’il diffuse, parfois presque à l’excès, mais va aussi régulièrement doubler ses basslines (un peu comme un double bass-drum en métal), de façon à créer un sentiment d’accélération encore plus intense sans pour autant continuer à déformer les éléments mélodiques des morceaux. Les BPMs frôlent déjà régulièrement le 150, je vous laisse donc imaginer le résultat!

Le procédé est toutefois un peu surutilisé. Malgré la courte vignette que je me serai permise, je trouvais déjà qu’on commençait à avoir fait le tour de cette technique intéressante, mais trop répétitive. Holdens joue à trois platines (au moins) avec presque toujours une trame de voix isolées, une autre sur laquelle reposent des extraits de pièces déjà instrumentales à la base et une dernière qui lui servira pour ses transitions ou ajouter des samples divers. On entendra par exemple à un moment une juxtaposition très dansante, bien que dissonante, de la voix de Rihanna (Don’t Stop the Music) et des rythmes de Bicep (Glue). À force d’accélérer, c’est difficile d’éviter de sonner cacanne.

Meilleurs moment : L’Adagio for Strings de Tiësto, ici joué en mode vitesse

Pire moment : La gestion du son en général. On remarque plusieurs erreurs au niveau des glissières du DJM, ce qui donne des samples qui partent sporadiquement beaucoup trop forts ou, à l’inverse, le son d’une bassline qui coupe presque entièrement au milieu d’une pièce par inadvertance

Mau P

La raison pour laquelle j’ai pu assister à la fin du set d’Oliver Holdens? Je voulais me grouiller pour avoir une bonne place devant la scène pour le set de son compatriote Mau P. Après l’avoir vu l’an dernier dans le cadre de Osheaga (j’avais quand même coupé court ma présence au spectacle de Justice pour m’y rendre!), je m’étais gardé une note mentale que le DJ aime utiliser ses subs à pleine capacité, ce qui peut gâcher l’expérience lorsque l’on se situe trop loin dans le public.

Les premières minutes du set sont prometteuses. Maurits Jan Westveen, pour les intimes, lance la machine, fidèle à son habitude, avec sa pièce Merther, un jeu de mot en mode remix sur la chanson World a Reggae (Out in the Street They Call It Murder) du Jamaïcain Ini Kamoze. Il enchaîne rapidement avec une version boostée aux stéroïdes de Mo Bamba, et le public est à ce moment en délire total. Genre, ça rentre solicement au poste!

Mais après? Le DJ semble se perdre un peu dans sa direction. Après un début en force, le set devient de plus en plus linéaire, perdant du mordant initial à coups de pièces instrumentales qui s’étirent un peu trop et manquent de variété. Je me permettrai en conséquence un détour par le spectacle d’ALLEYCVT (on y revient à ça aussi), question de me changer pas rien qu’un peu les idées, mais à mon retour la situation n’a pas beaucoup évolué.

Les vingt dernières minutes de la performance rattraperont tout de même un peu le reste. Mau P s’y fait plus aventureux, réussissant à aller rejoindre le public peut-être plus rébarbatif à ses propres compositions avec des remixes de rap et de R&B Y2K à la SexyBack et Fergalicious, avant de conclure avec un efficace trio de pièces : un remix en puissance de Feel Good Inc. (la version de Mason Flint si je ne m’abuse), sa propre revisite de The Less I Know The Better de Tame Impala et, évidemment, son succès planétaire Drug From Amsterdam. Belle conclusion, même si le reste nous aura laissé sur notre faim.

Meilleur moment : Les écrans qui projettent sur des animations d’éclairs bleus les paroles de sa chanson Tesla, certaines des plus deep de l’histoire de la musique : « i just popped a Tesla, ain’t no need to charge »

Pire moment : L’absence totale de rythme par moments

ALLEYCVT

Soyons transparents : la musique de l’Américaine est un peu mon pire cauchemar, allant totalement aux antipodes de ce que j’écoute dans la grande famille des musiques électroniques. Mais dans le genre, pour vrai, c’était bien fait! J’ai réussi à passer un bon moment malgré tout pendant la vingtaine de minutes à laquelle j’assisterai.

La DJ se permet de passer beaucoup de compositions personnelles et d’edits faits maison à travers le set, ce qui impose donc une indéniable cohérence à l’ensemble, mais sa principale qualité résidera dans ses interventions. Elle prend souvent le micro, vraiment plus que ses confrères des autres scène, et le fait bien, question de booster l’énergie d’une foule qui en a déjà énormément sans non plus ruiner le rythme général de son set.

Et si la musique est agressive dans son essence (on est entre de la grosse bass et du dubstep), elle garde un esprit bien pop et féminin, accompagnée de projections psychotroniques de champignons fluos et des gentils robots roses qui habiteront les écrans placés un peu partout sur la scène.

Meilleurs moments : Dawn, pièce collaborative de la DJ parue plus tôt cette année, ainsi qu’un remix boosté à l’extrême de la version déjà très énervée du Montréalais A-Trak de Heads Will Roll de Yeah Yeah Yeahs

Pire moment : Mes appréhensions initiales

Layton Giordani

Pas mal tout le monde qui allait pas à Fierté semblait s’être donné rendez-vous là. Si vous vouliez assister à un rassemblement national de gars toxiques en chest sur la grosse testostérone qui s’entre-envoient chier eux-mêmes et le staff, c’était le bon endroit. Pas le mien par contre, je suis parti après un peu moins de 5 minutes.

Alesso

Même si j’étais déçu de ne pas assister au set de Layton Giordani (faut apprendre à se respecter soi-même dans la vie), j’ai été agréablement surpris par le Suédois en contrepartie, me rendant également compte que je connaissais déjà plusieurs de ces morceaux sans le savoir.

Alesso ouvre directement les hostilités avec sa chanson Freedom, sortie il y a peine un mois et que plusieurs auront joué durant le weekend. Beau sceau d’approbation quand même! Il voyagera par la suite d’un style à l’autre au gré de ses humeurs, réussissant du même coup à créer plusieurs belles surprises et à constamment garder en haleine un public qui grandira à vue d’oeil en prévision du set d’Illenium qui suivra. Le DJ ne semble toutefois pas s’en faire avec ça, gagnant la foule à chaque nouvelle sélection musicale, gardant un impressionnant équilibre entre découvertes et remixes de succès pop, avec des aventures house mélodique et trance autant que big room et hard techno. Un des moments notables de ce processus sera l’utilisation d’une version dépouillée de One More Time pour faire le pont entre deux pièces diamétralement opposées sans choquer personne. En ce sens, sa technique est irréprochable, peut-être la meilleure que j’aurai pu voir ce weekend, avec des transitions fluides et l’utilisation d’effets variés, question de ne pas trop se répéter dans ses enchaînements.

Mais ce qui me marquera le plus sera l’utilisation à outrance du même sample de la voix de sa compatriote Tove Lo sur sa propre pièce de 2014 Heroes (We Could Be), un hommage à David Bowie vous l’aurez compris. Alesso l’utilisera sur Freedom en entrée de jeu, puis sur son autre pièce Only You avant de tout simplement diffuser l’originale, tout ça en moins de 20 minutes. Quand je disais qu’il faut apprendre à se respecter soi-même, le gars l’a visiblement déjà compris. Tant mieux pour lui! Au final, même si la sélection des chansons ne rejoignait pas nécessairement toujours mes goûts, force est d’avouer que la confiance avec laquelle le DJ la livre est contagieuse et on finit par lui faire confiance, peu importe la direction qu’il décide de prendre. Et ça, c’est pas donné à tout le monde.

Meilleur moment : La 3e fois qu’il a ramené le sample de Tove Lo

Pire moment : La 3e fois qu’il a ramené le sample de Tove Lo

C’est donc là-dessus que s’est terminé mon périple, troisième à vie, à îLESONIQ; certainement le festival d’evenko à s’attirer le plus de mauvaises critiques du grand public. Pourtant, même si l’EDM a parfois ses torts, il règne sur la site même de l’événement un sentiment d’unité et de communion commendable, bien plus que pendant Osheaga où les dissensions de classes et de public se manifestent régulièrement. Même si vous n’êtes pas des grands fans d’électro, je vous invite tout de même à donner au festival sa chance l’an prochain!

Sinon, mentions honorables aux meilleurs membres du public :

• Une petite fille de 8 ou 9 ans avec une très grande cape aux couleur de notre beau Québec
• Un dude avec une petite télé accrochée à sa ceinture qui diffuse des animes
• Un groupe de Télétubbies gelés tight en train de mosher sur du dubstep
• Une personne déguisée en panda avec une pancarte « Hug the panda » (message qui rencontrera visiblement beaucoup de succès)
• Un homme chauve qui se fera mettre une bonne centaine de collants et de gemmes sur le crâne, à genoux dans la gravelle, pendant Alesso

Et photos en vrac :

AK Sports

D.O.D.

Joshwa

Snails

Chase & Status

Sofi Tukker

Illenium