
Héritières au Grand Théâtre de Québec | La scène comme matrimoine vivant
L’auditoire a été reçu directement sur la scène de la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec, samedi dernier. Un renversement du regard. Le public, installé là où jouent habituellement les artistes, face à un décor de salle vide et majestueuse. Ce soir, c’est la scène qui écoute. À l’entrée, Karine Pion, porteuse du projet Héritières, accueille le public avec humilité. Elle vient nous préparer à ce qui va se passer, à ce qui va se transmettre. Le ton est donné : humain, doux, profond.
Le projet réunit 19 interprètes et trois techniciennes, de tous les âges, de toutes les racines. Sur ses épaules confiantes, Karine Pion dirige avec grâce, clarté et assurance la musique — la sienne et celle de ses collègues — comme on tisse un tissu vivant.
Elle décrit son concept comme un « bouquet de personnages intergénérationnels ». Avant que la musique ne commence, elle nous invite à nous poser cette question : Qu’est-ce que ça évoque, pour l’interprète ? Pour nous ? Et dès cet instant, la salle devient espace de mémoire, de réflexion, de lien.
Le spectacle s’articule autour d’enregistrements sonores, d’archives intimes, de voix réelles. C’est un flux ininterrompu, une musique évolutive, découpée en pièces qui s’enchaînent avec précision et souplesse. On y entend des extraits de conversations intergénérationnelles, des confidences, des histoires murmurées.
Les interprètes ouvrent cette porte de vulnérabilité et nous offrent leur propre « échantillon ». Cela donne peut-être envie de découvrir son propre échantillon. De se demander : est-ce qu’il est bien cultivé, ce lien ? Celui qui nous relie à nos mères, nos filles, nos lignées ?
Une musique sauvage, douce, rude et forte. Les compositions sont vastes et pleines de contraste. Voix et percussions dominent l’univers sonore soutenu par un quatuor à corde, saxophones et claviers. C’est un mélange puissant, viscéral, direct.
Des témoignages traversent les arrangements :
« Avant, on nous disait : ça sert à rien d’aller à l’école. T’es faite pour appartenir à un homme. »
« À 16 ans, elle est partie. Pour penser par elle-même. »
« L’indépendance des femmes, c’est un combat contre l’inattendu. »
« L’amour maternel, c’est avoir le sens des responsabilités. »
« Soup will and can save us all. »
« Bonheur = être là pour les autres. »
Un chœur d’interprètes en liberté, sur scène, on retrouve : Meryem Saci, Marie-Christine Depestre, Soleil Launière, Simone Bournival, Lana Tomlin, Josiane Bell, Marie-Josée Frigon, Kim Richardson, Karen Young, Coral Egan, Mamselle Ruiz, Erika Angell, Karine Pion, Mili Hong, Vanessa Marcoux, Blanche Baillargeon, Malika Tirolien, Lisa Iwanycki, Gaële.
Des grandes voix, des musiciennes, des femmes fortes, rassemblées. Leurs voix confiantes, harmonisées donnent le frisson. Et paradoxalement, elles calment. Tout s’enchaîne dans une telle continuité que le réflexe d’applaudir disparaît. On est comme au cinéma, dans un documentaire musical vivant. Une respiration collective. Une écoute partagée.
Par moments, ça se libère. Ça devient paumale free, comme les filles savent le faire. Ça joue avec les styles, les tempos, les dynamiques. Et malgré cette diversité : tout est orchestré avec soin.
Ce que cette soirée nous souffle, c’est peut-être ceci : Faire notre possible.
« Soyons solides. Résiliantes. R’troussons-nous. Continuons. Ne nous arrêtons pas ».
« Se libérer du ressentiment, pardonner : c’est impératif. Si tu te libères, tu es libre».
« Sans conflit, sans rancune, tout va bien» .
« Reste consciente de chaque acte».
« La beauté féconde ».
- Artiste(s)
- Blanche Baillargeon, Coral Egan, Erika Angell, Gaële, Héritières, Karen Young, Karine Pion, Kim Richardson, Malika Tirolien, Mamselle Ruiz, Marie-Christine Depestre, Meryem Saci, Mili Hong, Soleil Launière
- Ville(s)
- Québec
- Salle(s)
- Salle Louis-Fréchette (Grand Théâtre de Québec)
- Catégorie(s)
- Chorale, Contemporaine, Culture, Francophone, Musique du monde,
Événements à venir
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mercredi
Invite Dominique Fils-Aimé, Klô Pelgag, VioleTT Pi, Jorane, Anachnid
Lieu : Club Soda
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