
Hamilton à la Place des Arts de Montréal | La révolution Hamilton est dans la place!
Peut-être qu’en ce moment, une rétrospective musicale sur la fondation des États-Unis et de sa constitution n’est pas dans vos intérêts. Pourtant, il peut être bon de se rappeler que ce pan de l’histoire a un jour été associé à la liberté, la persévérance, l’ambition, la justice, l’égalité des chances, la diversité, et la valeur de l’immigration.
Que vous soyez ou non fan de comédies musicales, le spectacle Hamilton, production de Broadway Across Canada qui est finalement de passage à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, du 19 août au 7 septembre, a le pouvoir de vous le remémorer avec panache. Et quand on sait qu’au début de l’année, la troupe a annulé ses représentations au Kennedy Center de Washington pour protester contre la mainmise de Donald Trump sur ce lieu, un soutien discret, mais assumé envers la liberté artistique est plus que jamais nécessaire.
Février 2015 : Lin-Manuel Miranda dévoile sa création Hamilton, soit l’ascension d’Alexander Hamilton, l’un des Pères fondateurs des États-Unis. Le défi? Mêler histoire américaine et hip-hop avec une distribution issue en majorité de la diversité. N’en déplaise aux esprits conservateurs, la comédie musicale bouscule les codes et remplit les salles depuis dix ans.
Outre l’association improbable entre classicisme et flows dignes des plus grandes battles, le succès du spectacle repose sur d’autres atouts. Commençons avec son dynamisme. Les chansons s’enchainent sans accros, de même que les changements d’ambiance et de costumes. Le décor quant à lui reste le même, mais est magnifié par un travail d’éclairage et de scénographie tout simplement remarquable.
Rapidement, il nous faut parler de la dramaturgie. Le spectacle dure certes 3 heures, mais l’histoire est dense, les interprètes nombreux, sans compter que certains se glissent dans la peau de plusieurs personnages. Et pourtant, l’ensemble se tient et les évènements sont retranscrits avec précision, clarté et modernité.
Des flows de grand souffle
Cela dit, prétendre que tous les textes sont compris sera un peu présomptueux… De l’aveu même d’anglophones de mon entourage, des loupés dans certains flows sont possibles. N’y voyez pas là un défaut, mais plus la démonstration de la virtuosité des vocalistes, qui posent les mots à une rapidité et une complexité rythmique déconcertantes. Peu importe si toutes les subtilités ne sont pas perçues par nos oreilles peu familières, cela ne nous empêche pas d’apprécier la grande qualité des rimes, des allitérations et des assonances, surtout dans le contexte qui est celui de Hamilton.
Cette densité verbale intense s’ajoute bien entendu une maîtrise vocale de haut calibre. Chanteuses et chanteurs témoignent d’une polyvalence leur permettant de naviguer avec aisance entre rap, pop et prémisses d’opéra. La réputation de ce musical est telle, que certains personnages sont plébiscités et remportent – avec raison! – les faveurs du public. Parmi eux, George Washington (A.D. Weaver), le Marquis de Lafayette (Christian Magby), Angelica Schuyler (Marja Harmon) et Matt Bittner en roi, disons, capricieux et sadique à souhait!
Une forte distribution avec de grosses pointures à chausser
Pour toutes les distributions qui assurent la pérennité de Hamilton, les chaussures à enfiler sont grandes. En effet, le cast original comportait de prestigieux noms : Lin-Manuel Miranda, Leslie Odom Jr., Phillipa Soo, Renée Elise Goldsberry et Daveed Diggs, au timbre si particulier. À tel point que l’on se prend à reconnaitre des intonations dans certaines performances. Illusion auditive, hommage subtil ou rappels involontaires de formules éprouvées? Peu importe, le niveau est là.
Finalement, s’il fallait relever une faiblesse, ce serait au niveau des chorégraphies. Par instant, on sent que la formation des danseuses et des danseurs ne leur permet pas de «grounder» leurs mouvements, ce qui accroche parfois l’harmonie générale.
D’un point de vue purement personnel, mes étoiles reviennent aux tableaux My Shot, Satisfied, Washington on Your Side, The Election of 1800. Mais les interventions plus douces sur That Would Be Enough et Burn d’Eliza Hamilton (Lauren Mariasoosay) valent leur pesant d’or.
Si le contenant est impeccable, il ne faut quand même pas passer outre le contenu. La contribution immigrante à l’origine des États-Unis, et son rôle essentiel dans la construction du pays sont un fait historique. Eh oui : Alexander Hamilton est originaire des Caraïbes, des Petites Antilles plus précisément. Immigrants We Get The Job Done!
Hamilton sera présenté à 24 reprises à la Place des Arts d’ici au 7 septembre 2025. Détails et billets par ici.
- Artiste(s)
- Hamilton
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Salle Wilfrid-Pelletier
- Catégorie(s)
- Comédie Musicale,
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