Fredz à l’Impérial Bell | L’écho d’une jeunesse en quête d’étoiles

Fredz a rassemblé une foule impressionnante vendredi dernier à l’Impérial Bell de Québec. Enfants, ados, parents : tous étaient impatients de l’accueillir. Une salle pleine à craquer et, surtout, pleine de voix. La foule chantait si fort — une chance que l’Impérial ait du bon son. Un chœur d’enfants, ça donne le frisson. Hier soir, c’était ça : 900 voix à l’unisson, avec en tête la clarté des jeunes timbres. Une énergie brute, sincère et bouleversante.

À seulement 23 ans, l’auteur-compositeur-interprète originaire de Longueuil mène une carrière déjà bien lancée. Né de parents professeurs, pour qui faire ses devoirs allait de soi, c’est pourtant dans sa chambre que Fredz a forgé son propre langage musical, seul avec un ordi, des tutoriels YouTube et une détermination contagieuse.

Son troisième album, Demain il fera beau (2024), confirme un virage grand public amorcé avec Astronaute (2022), un succès viral qui l’a propulsé à l’avant-plan. Il enchaîne les tournées en Europe, reçoit son premier single d’or (5 000 000 d’écoutes pour Le Stade) et s’apprête à participer aux Juno. Il ne s’en cache pas : il aime parler de ses accomplissements. Si cette confiance amuse parfois, elle frôle à d’autres moments l’autosatisfaction, rendant le discours un peu redondant. Le fil conducteur du spectacle gagnerait sans doute à être davantage peaufiné, pour laisser plus de place à la vision artistique qu’à l’énumération des exploits.

Accompagné d’un trio solide (guitare, piano, batterie) et de séquences, Fredz livre un spectacle bien huilé. Sa voix grave, granuleuse, parfois plus claire, porte des textes personnels sur des mélodies pop aux influences rap, efficaces, ponctuées de breaks dynamiques qui relancent sans cesse l’intensité. Deux reprises bien senties viennent enrichir le programme (Corneille et Leloup), mais ce sont surtout ses compositions qui captivent.

Dans un monde où la liberté d’expression permet parfois l’inacceptable, Fredz réussit à livrer un spectacle entier sans jamais s’abaisser à la vulgarité ni au cynisme. C’est peut-être là son geste le plus fort. Ses textes offrent aux jeunes une manière de se reconnaître, de nommer leurs émotions, de sortir d’eux-mêmes sans se fragiliser. Une forme d’apaisement musical, une catharsis douce.

« Y’a quelque chose au fond d’toi qui te rend tellement fort, et tu l’sais pas encore. »
(extrait de Le garçon à la fenêtre, Fredz)

Fredz attire les foules pour cette raison : il leur donne une voix. Pour les ados, c’est une occasion de se sentir moins seuls. Pour les parents, c’est une passerelle. Une façon de comprendre un peu mieux ce qui bouillonne dans le monde intérieur de leurs enfants. Une opportunité de dialogue, ou simplement de présence partagée.

Fredz n’a pas encore atteint sa pleine maturité artistique, mais il en trace déjà les contours. Et hier soir, il a prouvé que même dans le vacarme du succès, il est encore possible de créer un espace sensible, vibrant et rassembleur. Le pouvoir de la musique, quoi.

Première partie : Billie du Page

Pour réchauffer la salle, c’est la jeune Billie du Page, 20 ans, qui est montée sur scène. En pleine ascension grâce à son single Fake Friends, elle s’inscrit dans la lignée des artistes influencés par Cœur de pirate — cette manière d’émouvoir avec une voix douce, parfois floue, qui garde quelque chose d’enfantin dans le timbre. Accompagnée d’un guitariste et de séquences, elle s’accompagne elle-même au piano à l’occasion.

Ses chansons, aux mélodies accrocheuses et aux refrains répétés en boucle, parlent de souvenirs d’école, de quête de reconnaissance, d’amitiés sincères. Elle n’a pas encore tout à fait l’habitude de la scène : elle n’a pas pensé à présenter l’artiste principal — un petit détail dans l’art de la première partie, qu’on apprend avec le temps. Elle est jeune, et l’enthousiasme est là.

Et si la machine semble vouloir la propulser très vite — deux EP lancés en moins de dix mois —, on lui souhaite surtout de grandir artistiquement au même rythme que sa notoriété.

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