
Francouvertes 2025 | Muhoza et sa troupe remporte les grands honneurs
Rarement aura-t-on senti le Club Soda aussi solidaire lors d’une finale des Francouvertes qu’hier, le 12 mai 2025. À entendre le public, on aurait presque dit que l’entièreté de la salle se rangeait derrière Muhoza et sa troupe lors de l’annonce du top trois final par Sylvie Courtemanche, directrice des Francouvertes, et Élise Jetté, animatrice du concours.
Tout sourire, Déric Muhoza Eloundou et ses musiciens l’auront joué cool. Les grands honneurs, oui, mérités également, mais sans inutile vantardise et un respect manifeste des autres compétiteurs, nommément Léone Volta (2e) et Kat Pereira (3e), autant après la remise du gros chèque que lors de l’annonce des différents autres prix remis juste avant, majoritairement répartis entre le top 2.
Mais comment le Ahuntsicois s’est-il rendu jusque-là? Flashback sur le reste de la soirée :
Alex Burger & Kanen
Les traditions ne se perdent pas; c’était aux porte-paroles de cette 29e édition des Francouvertes que revenait la tâche de réchauffer les planches pour les participants de cette grande finale. (Insérer une blague de Pat Lagacé, comme tout le monde.) Avec deux chansons chaque, l’opportunité de faire découvrir ou redécouvrir sa musique est courte, mais le Montérégien l’aura bien saisi, nous permettant de mieux apprécier ses talents de parolier dans une formule soliste et acoustique. Kanen suivra avec quelques mots en innu-aimun et son fidèle ukulélé en support.
* Photo par Jaime Antonio Luna
Léone Volta
Peut-être le underdog de cette finale lorsque comparé aux deux powerhouse de showmanship qui suivront, Anthony Cayouette aura toutefois sans hésitation répondu présent. Sa musique, plus introspective et cérébrale, de prime abord moins conçue pour une grande scène plus impersonnelle comme celle du Club Soda se révèlera plus qu’adéquate, balayant du revers de la main les doutes de certains. Après un petit moment de flottement en introduction, le Montréalais d’adoption prendra rapidement son erre d’aller, offrant une performance sentie qui cimentera bien les raisons pour lesquelles il aura pu se rendre aussi loin dans la compétition : un habile mélange de textures et d’ambiances sonores évolutives et pensives.
* Photo par Jaime Antonio Luna
Malgré l’absence de son comparse habituel Henri Kinkead (Héron, Kinkead) aux claviers, basse et voix, Léone Volta ne se laissera pas abattre. Il faut dire que le musicien Marco Ema fait bonne figure en remplacement, sa voix s’harmonisant correctement à celle de Jeanne Laforest. Malgré quelques petites dissonances ponctuelles, l’ensemble s’en sortira bien et l’on appréciera plus que jamais la complexité rythmique des compositions offertes. La beauté de ses arrangements et leur côté plus propre vaudront à Léone Volta de remporter une partie appréciable des prix de diffuseurs et de suivi institutionnels, bonne chose pour son développement futur.
Kat Pereira
Affublée d’un tableau interactif réagissant à chacun des nombreux « Woo! » poussés par sa choriste et elle, Kat Pereira aura démontré encore une fois son ample expérience scénique, de loin supérieure à celle de ses deux homologues. C’est peut-être toutefois ce qui aura expliqué sa troisième place finale : on pouvait sentir par moments un côté trop didactique à sa performance, ce qui ne sera d’ailleurs pas la faute de ladite choriste, qui brillera au final comme l’une des plus sérieuses candidates au Conn Smythe de la soirée.
* Photo par Jaime Antonio Luna
Les moments où la musicienne fait mieux, c’est ceux durant lesquels on sent un réel laisser-aller. Son incontestable banger final, Je ne crois plus au karma, nous dévoile une star en devenir, en contrôle total de son appareil vocal et de sa scène, prenant le rôle central qui lui revient au cœur d’un indivisible et logique ensemble sonore. Sa propension à jouer une partie appréciable du spectacle derrière ses synthétiseurs sur le côté de la scène aura possiblement joué dans l’opinion du jury de l’industrie, brimant cette liberté plus que méritée au sein de son propre projet.
Muhoza et sa troupe
Dès les premières secondes de la troisième et dernière prestation de la soirée, on pouvait déjà presque deviner l’issue du match. La Troupe était en forme et son public encore plus, prenant d’emblée d’assaut l’avant-scène, n’en déplaise au public confortablement assis aux premiers rangs. C’est la plus grande force du projet : l’esprit de famille qu’il réussit si facilement à créer lors de chaque passage, que ce soit au sein même de l’ensemble scénique, où l’on devine une écoute incomparable et une affable volonté de faire briller tout un chacun autant que faire se peut, mais aussi avec les fans, qui interviennent, dansent et en redemandent encore et encore.
* Photo par Jaime Antonio Luna
C’est la beauté, mais aussi le pari de Muhoza et sa troupe : offrir une expérience de cypher dans le cadre d’un concours conçu plus spécifiquement pour les groupes ou artistes solistes à proprement parler. Mais les générations changent et les normes aussi. La jeunesse se fout des conventions, impose gentiment sa façon de voir et de vivre la musique, et ce plaisir est aussi saluable que contagieux. Les « Say what! » fusent et se ressemblent, créant un écho qui se poursuivra une fois les amplis fermés et les portes barrées.
Hâte de voir ce que 2026 nous réservera!
- Artiste(s)
- Alex Burger, Kanen, Kat Pereira, Leone Volta, Muhoza et sa troupe
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Club Soda
- Catégorie(s)
- Festival, Francophone, Hip-hop, Hyperpop, Indie Rock, Neo soul, Pop, Québécois, Rap,
Événements à venir
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vendredi
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