crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin
Francouvertes

Francouvertes 2024 – Soir 7 | Le Belladone, Zéa Calla et La Monarque : Conjugué au féminin

Se sont succédé sur la scène du Lion d’Or trois projets électro-pop féminins et féministes : Le Belladone, univers de la chanteuse et actrice Gabrielle Audet, Zéa Calla, moitié de La Fièvre s’étant lancée en solo, et La Monarque, nom de scène de la jeune Ariane Drapeau. Le palmarès a rendu son verdict pour le mois de mars en cette dernière soirée de la ronde préliminaire des Francouvertes. Le Belladone et La Monarque sont parvenues à se frayer une place parmi les neuf chanceux qui se disputeront les demi-finales dans quelques semaines.

La soirée débute.

Le Belladone 🎵 🎵 🎵

Gabrielle Audet, artiste que l’on a connue à La Voix Junior et dans des productions audiovisuelles comme La déesse des mouches à feu ou Escouade 99, se renouvelle à travers un projet intitulé Le Belladone. Le Belladone, c’est une plante toxique qui renvoie à l’univers de la sorcellerie et de l’horreur.

Et la direction artistique semble assumée. Peut-être pas assez encore, mais le projet s’en va dans la bonne direction. Le Belladone entre sur scène avec ses musiciennes dans une ambiance brumeuse et inquiétante, entamant Sang du Christ sans tarder. Les artistes sont vêtues de robes blanches semblant venir tout droit de L’Exorciste.

La voix d’Audet est superbe, mais elle devrait exagérer son comportement insolent. Le Belladone s’apparente au style de projet qui pourrait être profondément marquant en live avec plus de travail mis dans l’ambiance et la scénographie.

Les paroles sont engagées, imagées, mais surtout pertinentes. Elles s’aventurent dans des revendications féministes, des références religieuses ou des traumatismes sexuels, saupoudrées par une touche d’excentricité bien placée. Sans le QR code sur la feuille de vote détaillant les textes assassins de Le Belladone, un peu compliqué parfois d’entendre et de saisir l’ampleur du message, par contre. Peut-être un problème de diction ou de mixage.

L’artiste clôture sa performance sur la chanson Dieu. « Je veux être craint / Être divin / Tous à mes pieds / Vous me vénérez », chante-t-elle dans les dernières secondes de la pièce avant de se jeter par terre et de hurler, geste qui dépeint la rage qui l’habite.

Un projet avec du potentiel, réellement.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Zéa Calla 🎵 🎵

Zéa Calla fait partie du duo La Fièvre, qui a participé à la 24e édition des Francouvertes. L’artiste s’essaie aujourd’hui en solo, et a fait paraître à l’automne dernier un premier EP intitulé Le monde brûle, mais moi aussi. Zéa Calla entre d’une manière nonchalante sur des enregistrements de voix, et commence à chanter les paroles de la chanson Aucun bien.

Zéa Calla ne se fait pas accompagner par un groupe comme Le Belladone ou La Monarque, l’artiste performe ses morceaux en duo avec un batteur, et, avec du recul, elle semble souffrir de cette disposition particulière. Passer entre deux prestations aux univers aussi marqués ne joue pas en sa faveur, la faute peut être mise sur le choix de la programmation des Francouvertes, un peu cruel pour elle cette fois-ci.

Nous aurions voulu aussi être un peu plus « jugés en retour », comme annonçait la biographie de l’artiste. À part une fleur calla, qui symbolise la renaissance, explique Zéa Calla, jetée dans le public, les interactions avec la foule sont inexistantes pendant la performance.

Musicalement et au niveau des paroles, la musicienne montréalaise, parfois derrière la basse, se démarque du reste des propositions de la soirée, certainement. Sa présence scénique est également à remarquer. Mais ça ne « lève » pas autant qu’espéré, malheureusement pour elle.

Une mention à son jeu au thérémine, très amusant sur Saint Lundi ou sur Lucioles. Les instants sont inattendus et compensent un peu le manque de surprises de la performance.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

La Monarque 🎵 🎵

Survolté. Voilà le premier mot qui vient à l’esprit après avoir assisté à la performance d’Ariane Drapeau, alias La Monarque. La jeune artiste gagne la scène vêtue d’une combine rose à pics, accompagnée par des musiciens semblant tout droit sortis d’un rave.

Musicalement, La Monarque apparaît comme l’une des propositions les plus faibles du concours-vitrine. Répéter « tout l’monde te cancel » une bonne vingtaine de fois sur une production proche de l’hyperpop, ce n’est simplement pas intéressant. Ce qu’il se passe autour, par contre, l’est un peu plus. L’un des musiciens accompagnateurs du projet dégaine une cigarette en peluche d’un mètre, et parvient contre toute attente à la fumer (on soupçonne la présence d’une vapoteuse au bout). Des personnes dans le public affichent des cartons (« L’anarchie de la monarchie », peut-on lire sur un), d’autres lancent des confettis vers le public.

D’après la réception de la foule du Lion d’Or et le classement final du palmarès de la première ronde du concours, on constate facilement que le message et l’attitude importent plus que la musicalité pure pour beaucoup de votants. Le fait que Sandra Contour, Vincent Khouni ou Maud Evelyn se fassent éliminer dès les préliminaires alors que Patrick Bourdon, Loïc Lafrance (deux projets qui restent relativement intéressants musicalement) ou La Monarque continuent leur aventure jusqu’en avril laisse entrevoir une position claire de la part du public et du jury cette année. C’est un choix comme un autre.

La performance d’un auteur-compositeur-interprète aux textes poignants est pourtant plus intéressante d’un point de vue personnel qu’une prestation jouant presque exclusivement sur l’ambiance.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

En guise de première partie, adieu narcisse (autrefois « narcisse »), un collectif mené par Jorie Pedneault, est venu réchauffer le public dans la même veine que le reste des artistes dans la soirée. L’auteur-compositeur-interprète derrière le projet souligne d’abord le fait que le Lion d’Or est aujourd’hui bondé, un paramètre qu’il n’avait pas pu connaître durant sa participation à la 24e édition du concours-vitrine, ou « Les Francouvertes Covid ».

L’artiste commence à chanter Icare, tirée de son récent projet la fin n’arrive jamais. Il se fait rapidement rejoindre par deux danseurs. La voix n’est pas assez affirmée, mais la mise en scène est certainement plus énergique et réussie que à quoi le reste de la série nous a habitués.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Verdict

Le top trois est inchangé depuis le Soir 4 des Francouvertes. Zéa Calla n’a pas réussi à se frayer une place parmi les neuf demi-finalistes de cette 28e édition des Francouvertes. Le Belladone et La Monarque sont quant à elles parvenues à se placer respectivement à la 4e et à la 5e place du palmarès. Un point à souligner : au moins un artiste ou un groupe de chaque soirée des préliminaires se retrouve parmi les neuf demi-finalistes.

Classement final de la ronde préliminaire

  1. Soleil Launière
  2. PRINCESSES
  3. Loïc Lafrance
  4. Le Belladone
  5. La Monarque
  6. Karolan Boily
  7. Patrick Bourdon
  8. Nectar Palace
  9. Senseï H

Grille de chansons (Le Belladone)

  1. Sang du Christ
  2. Au nom de la mère et de la fille
  3. Toc toc toc, qui est là?
  4. Tu goûtes la cigarette
  5. Dent de lait
  6. Dieu

Grille de chansons (Zéa Calla)

  1. Aucun bien
  2. Bélier
  3. Tomie
  4. Nous te ramenons
  5. Saint Lundi
  6. Lucioles

Grille de chansons (La Monarque)

  1. Métro
  2. Cancel
  3. PTS
  4. Cabot
  5. Fais-le
  6. Danse

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