crédit photo: Jaime Antonio Luna Quezada
Francouvertes

Francouvertes 2024 – Demi-finales soir 2 | Des surprises signées PRINCESSES, Le Belladone et Nectar Palace

Presque terminées, ces demi-finales, mais on n’est pas encore à bout des revirements de situation. Au terme d’une soirée marquée par des imprévus et des performances décapantes, le palmarès va comme suit : Soleil Launière en tête, Sensei H, puis Le Belladone. Seule cette dernière formation était sur scène ce soir. Pour PRINCESSES et Nectar Palace, les Francouvertes 2024 sont désormais l’histoire du passé.

À peine quelques secondes que l’animatrice est sur scène qu’elle apprend au public du Lion d’Or une nouvelle qui changera le cours de la soirée : Marie-Anne Tessier, l’excellente batteuse du Belladone et de Nectar Palace (deux groupes le même soir, pas de chance), ne sera pas en mesure de jouer. L’ordre des performances est modifié, histoire de laisser le temps aux artistes concerné.es de dénicher un plan B.

PRINCESSES 🎵🎵🎵

Une chance que PRINCESSES, qui brave la scène en premier, n’a pas été privé de son batteur Chouchoune. Son masque et sa présence stoïque sont essentiels à l’étincelle de PRINCESSES : ils permettent aux guitaristes et chanteuses Flavie Léger-Roy et Marie-Philippe Thibault-Desbiens de briller, de s’approprier tout l’espace à deux.

Et c’est ce qui se produit pendant que sont débités à un rythme impressionnant les refrains accrocheurs de leurs morceaux punk rock : une véritable union. Les deux meneuses débordent d’énergie. Elles montrent une complicité à toute épreuve, sans pour autant négliger leur public, bombardé de langues tirées, de mains de rockeuses fièrement levées et de regards presque possédés. Le courant passe entre ces deux-là, et leurs paroles en bénéficient. Leur je-m’en-foutisme baignant dans une délicieuse arrogance en ressort décuplé : v’là le pouvoir de la sororité féminine.

Photo par Jaime Antonio Luna Quezada.

Au troisième morceau, on croit un instant à un interlude folk qui met en valeur la douceur de leurs voix (imperceptible jusqu’à présent), mais pas de chance. Les guitares électriques regagnent bien vite leur piédestal : on a ici affaire à un show de rock, que ce soit bien clair. La recette bien huilée de PRINCESSES, qui rappelle celle des Shirley, porte ses fruits, mais manque de surprise. Plus de solos ou de tergiversations dans les compositions auraient peut-être accoté les brillants textes.

N’empêche, leur constance est à souligner. Aucun temps mort ou essoufflement ni sur scène, ni dans les têtes des spectateurs et des spectatrices, qui n’ont pas cessé une seconde leur dodelinement. Le palmarès actuel peut laisser pantois : PRINCESSES s’était hissé à la deuxième place sur neuf au terme des préliminaires, tandis que Sensei H l’avait intégré de justesse. On le répète ad nauseam et ce n’est pas pour rien : tout peut arriver aux Francouvertes.

Le Belladone 🎵🎵🎵

Les univers sonore et visuel du Belladone n’avaient besoin que d’une performance pour être bien définis, et pourtant, Gabrielle Audet et sa bande ont poussé la note encore plus loin mardi. Les costumes blancs, les longues tresses, l’aura spirituel et cette impression d’assister à un spectacle interdit étaient encore au rendez-vous, mais avec quelque chose d’encore plus incarné. On voit bien que la chanteuse n’en est plus à sa première conquête du Lion d’Or : son assurance est plus marquée et sa théâtralité, indissociable du projet, l’est aussi.

Photo par Jaime Antonio Luna Quezada.

L’identité musicale du Belladone est unique. Les morceaux au lent tempo et à l’effet ensorcelant semblent ne laisser personne de marbre dans l’assistance. C’est comme plonger dans un roman fantastique : on en ressort un peu étourdi, le crâne saturé d’épouvante et de magie. Le timbre profond et feutré de Gabrielle porte avec justesse les paroles chargées qui s’apparentent à une échappatoire. Dommage qu’il soit parfois enterré sous l’assemblage quelque peu chaotique de claviers, de violoncelle, de basse, de choeurs et de batterie (jouée sans accroc par un remplaçant de dernière minute). Les textes n’ont rien d’accessoire pour Le Belladone, mais on en perd parfois des bribes.

Gabrielle Audet a surfé sur ses rituels des préliminaires : le baptême de ses musiciennes en plein set, une allocution féministe sur la Belladone (une plante avant tout), et un festival de hurlements bien sentis en fin de performance. Quoique les chances sont minces qu’elle s’accroche au palmarès pour une soirée de plus, la chanteuse est assurée d’avoir livré sa marchandise. Et peut-être même gagné quelques fidèles.

Nectar Palace 🎵🎵

C’est pour Nectar Palace que l’absence fortuite de batterie s’est le plus fait sentir. Le groupe s’est démené pour enregistrer des séquences juste avant de monter sur scène, mais le son était étouffé et n’est pas parvenu à reproduire l’éclat des percussions live. Passons cependant à autre chose : les trois musiciens ne pouvaient rien faire de plus.

La proposition électro de Shaun Pouliot et ses lunettes roses a pris forme sur scène comme elle l’avait fait lors des préliminaires : avec aisance, pas de danse et interprétation enthousiaste, mais sans atteindre ce sommet où tout fait sens, où tout s’imbrique. Sommet où PRINCESSES et Le Belladone ont d’ailleurs réussi à s’installer.

Photo par Jaime Antonio Luna Quezada.

La performance vocale de Shaun Pouliot semble trouver sa zone de confort dans les extrêmes : des paroles à mi-voix, presque en spoken word, ou des élans amples et assumés. Entre ces deux registres, où se situent plusieurs chansons, on tombe trop souvent à côté de la plaque (lire : de la note). Les intonations inégales se superposent mal aux excellents arrangements rock, voire disco. Le public ne semble toutefois pas trop s’en faire : Nectar Palace parvient à donner un agréable spectacle et produirait sans doute de bons morceaux en studio, où les voix pourraient être mieux contrôlées.

Laurence-Anne

La finaliste de la 21e édition du concours-vitrine Laurence-Anne a ouvert la soirée avec le traditionnel segment J’aime mes ex. Comme plusieurs anciens et anciennes, l’auteure-compositrice-interprète a habilement contourné les consignes selon lesquelles du nouveau matériel doit être dévoilé, et a interprété une chanson issue de chacun de ses trois albums : Chaque nuit, Ombre sur toi puis Quelques lunes.

Photo par Jaime Antonio Luna Quezada.

Dans une demi-pénombre, accompagnée d’une simple guitare électrique et de bruits de grillons tout droit sortis de son téléphone, Laurence-Anne a livré un set méditatif de grande qualité. C’était génial d’entendre ses morceaux à nu, eux qui sont habituellement enrobés de riches arrangements et d’échantillons de toute sorte. Et que dire de sa voix, qui épate chaque fois. Un délice!

Classement après le soir 2 des demi-finales

  1. Soleil Launière
  2. Sensei H
  3. Le Belladone

Rendez-vous au Lion d’Or ce soir, mercredi 17 avril, pour la dernière ronde des demi-finales avec La Monarque (où Marie-Anne Tessier assure aussi la batterie), Loïc Lafrance et Patrick Bourdon.

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