Francouvertes

Francouvertes 2023 – Soir 2 | Retour sur Rossomodo, Claudie Létourneau et Jeanne Laforest

Les préliminaires des Francouvertes se poursuivaient mardi soir au Cabaret Lion d’Or. Après une première soirée où les groupes étaient à l’honneur, c’était au tour d’un triplé d’artistes solo — mais bien accompagné.es dans deux des cas — avec Rossomodo, Claudie Létourneau et Jeanne Laforest.

Rossomodo

La soirée était lancée par Rossomodo, un artiste qui propose une musique électro pop baroque, genre de mélange entre Woodkid, Eddy de Pretto et Pierre Lapointe.

D’emblée, il interagit beaucoup avec le public, l’invitant à bien des choses :

« Je vous invite ce soir à fermer les yeux… ou à les ouvrir un peu plus grand. »

« Je vous invite aussi à vous perdre… en espérant que vous allez mieux vous retrouver ce soir. »

Ses chansons abordent principalement deux thèmes : (la recherche de) l’identité et secouer son spleen, se sortir de la déprime  (tout en embrassant la douce mélancolie).

La perfo a débuté avec une chanson intitulée Des femmes atomiques, des hommes poubelle.  « Comment avancer / Quand je n’ai pour modèles / Que de femmes atomiques et d’hommes poubelles », se questionne-t-il dans cette chanson qui, on le devine, aborde son ambivalence en matière de genre.

Seul sur scène, il active les séquences qui composent sa musique, tel un chef d’orchestre nouveau genre. Il travaille aussi avec des pads pour activer certains sons.  De par la nature de sa musique, il est clair que l’interprétation musicale n’est pas exactement le principal attrait de ce genre de prestation. Mais on sent Rossomodo très investi dans sa musique, tant par sa gestuelle gracieuse que par ses mouvements de danse au devant de la scène lorsque la musique le permet.

Même lors des moments plus calmes et mélancoliques, il se déhanche. Mais lorsqu’un segment de la chanson Echo d’autrefois vire carrément au disco, c’est la fête sur scène, même s’il est seul.  Encore là, il invite la foule : « Allez, assez pleurer, on va danser un peu! », lance-t-il avant que le rythme devienne enivrant.

Rossomodo nous a donc présenté, somme toute, une proposition artistique tout à fait 2023, bien sentie et soigneusement préparée. Sa poésie peut paraître parfois un peu vaseuse, mais plusieurs tournures de phrases compensent en évoquant des images fortes et des propos profonds.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Claudie Létourneau

Claudie Létourneau est ensuite arrivée sur scène comme une petite boule de feu! Sa première chanson Sous mes cheveux tempête a beau être relativement entraînante, on ne s’attendait pas à la voir tourbillonner sur scène avec autant d’entrain!

C’est charmant, mais l’énergie dépensée pour danser aura finalement un peu nui à la justesse de sa voix lors de la deuxième moitié de sa première chanson, voire même la première minute de Summer love de novembre, deuxième titre présenté.

On pardonne facilement ces petites imperfections, en grande partie parce qu’elle s’assure qu’on s’attache vite à elle.  Entre la première et la deuxième chanson, elle prend la peine de se présenter en 15 secondes :

« Je m’appelle Claudie Létourneau. Ma couleur préférée est le rose. Mon animal totem est le colibri. Et quand je vais être grande, j’aimerais être chanteuse et avoir une relation qui fonctionne. »

On la sent très contente d’être là, de partager ce moment avec le public. Sa fébrilité frôle la perte de contrôle qui fait fléchir sa voix par moments, mais on préfère de loin un trop-plein d’enthousiasme qu’une présence de scène morne ou réservée.

Elle est d’autant plus dotée de bons musiciens, et la simplicité charmante de ses paroles respire l’authenticité. Elle a aussi un sacré flair pour les mélodies accrocheuses.

À l’instar de Rossomodo, Claudie Létourneau s’inspire elle aussi de sujets qui préoccupent une jeune génération mais qui n’ont pas été surexploités en chanson à date. Sur Frôler de trop près, par exemple, elle aborde le sujet des comportements masculins déplacés à l’égard d’étrangères (non-consentantes) en public. Une chanson accrocheuse qui porte à la réflexion sans être trop moralisatrice, c’est un beau défi, bien relevé par l’artiste.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

 

Jeanne Laforest

Suivait Jeanne Laforest, qui débute sa prestation avec une introduction instrumentale enivrante intitulée La colère du rhinocéros, et ça paraît clair d’emblée qu’on aura affaire à une bande de musiciens douée.

Elle invite les spectateurs à un « gros party pyjama, où on peut se laisser aller, on est relaxe, un moment pour faire les fous, faire ce qu’on veut », sans compter « se faire des confidences et passer des moments de tendresse ».  Belle invitation pour mettre le public dans sa poche.

Les compositions un peu jazzées et les envolées vocales sont convaincantes, bien placées, interprétées avec une justesse impressionnante, tant dans les moments les plus fous (Fatiguée) que délicats (Les murs).

L’interprétation vocale est particulièrement intéressante chez Jeanne Laforest, non seulement parce que le chant est juste et plein d’assurance, mais aussi parce que l’artiste trafique parfois sa voix pour créer des effets intéressants à l’aide d’un vocoder ou Dieu-ne-sait quelles pédales. Cela ajoute une teinte moderne aux compositions parfois techniques et déroutantes.

Très belle prestation pour terminer la deuxième soirée.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Verdict

Au terme de deux soirées, seulement six artistes sont passés sur scène, alors le top 9 n’est pas encore comblé.

Toutefois, pour le moment, Jeanne Laforest s’empare du tout premier rang, alors que Rossomodo et Claudie Létourneau se classent respectivement aux cinquième et sixième rang, derrière les trois artistes ayant joué la veille.

Les préliminaires des Francouvertes se poursuivront lundi prochain avec Jeanne Côté, Renaud Gratton et Katia Rock.

 

Palmarès des préliminaires des Francouvertes 2023 (après 2 soirs)

  1. Jeanne Laforest
  2. Cure-Pipe
  3. Reno McCarthy
  4. Bourbon
  5. Rossomodo
  6. Claudie Létourneau

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