Francouvertes 2022 – Retour sur le Soir 3 | Rau Ze, BéLi et YUYU impressionnent
Le Lion d’Or affichait complet lundi soir: avec Rau Ze, BéLi et YUYU au programme, la troisième soirée des préliminaires des Francouvertes s’annonçait prometteuse. Covid oblige, c’est de la maison que notre rédactrice a assisté à cette soirée, grâce à la magie de la webdiffusion. Sans pouvoir prendre le pouls de la foule directement dans la salle, les performances des trois artistes perçaient l’écran. Bonne chose, puisque quelques membres du jury ont également été obligés d’assister à la soirée de la maison pour les mêmes raisons.
Jamais deux sans trois, Ariane Roy, finaliste de la 24e édition devant assurer la première partie, n’a pu monter sur scène… à cause de cette fameuse maladie à coronavirus. C’est donc sur cette note joyeuse que l’animateur des lundis soirs, Louis-Philippe Labrèche, a souligné l’importance du port du masque dans le Lion d’Or. Heureusement, cela n’a empêché personne d’avoir du plaisir, merci à trois performances impressionnantes.
* Louis-Philippe Labrèche rappelle l’importance du port du masque. Photo par Frédérique Ménard-Aubin
Rau Ze
Quel plaisir ! Le spectacle que nous a présenté la formation Rau Ze était presque parfait. Les musiciens et les musiciennes (que dire de la trompettiste Violet Hébert), soutenaient solidement Rose Perron, voix et cerveau de la formation. Sa voix était magnifique et puissante, les textes étaient de qualité. Des solos et des moments instrumentaux ponctuaient à merveille ce set de jazz: la chanteuse donne le goût de l’encourager, l’envie de voir où elle va nous amener est incontrôlable.
Crédit: Frédérique Ménard-Aubin
Au tout début de sa performance, Rose Perron semble démontrer une pointe d’incertitude lorsqu’elle ne chante pas, comme si elle ne savait que faire de son corps. Cette impression prend le bord assez rapidement alors qu’elle conquit manifestement la foule, plongée dans la musique. Le tout est réglé au quart de tour, et ça marche. Les pièces que nous présente la formation nous emportent et ont de quoi faire lever même les spectateurs participant à la soirée de leur salon.
Rau Ze est rafraîchissante dans son ton, dans son style. Elle donne l’impression d’une diva nouveau genre qui s’assume entièrement. Comme ça fait du bien de la voir sur scène ! Ses textes sont authentiques, ils racontent une réalité de la jeunesse montréalaise comme on en entend peu. Son identité et son énergie uniques sont excitantes et surtout rassurantes : il est encore possible d’être impressionnée par ce qui se fait musicalement dans la métropole. La plus grosse déception de la performance de Rau Ze est de savoir qu’il sera impossible de continuer à écouter sa musique à la fin de la soirée : aucune de ses pièces n’est disponible sur les plateformes de streaming pour l’instant…
Crédit: Frédérique Ménard-Aubin
C’est sans surprise que la formation s’empare de la première place au palmarès. Il faut se rendre à l’évidence, il sera difficile pour BéLi et YUYU de faire suite à cela.
BéLi
Quand Ariane Béliveau, alias BéLi, monte sur scène, c’est avec un petit haussement de sourcils qu’on remarque que près de la moitié de Rau Ze l’y suit… même Rose Perron. Heureusement, la crainte d’assister au même spectacle qu’on vient de voir se dissipe assez rapidement. C’est plutôt du hip-hop et du RnB que nous présente l’autrice-compositrice-interprête de Saint-Alphonse-de-Granby basée à Montréal. Musicalement, c’est mieux que bien, BéLi donne le goût de danser, le tout est exécuté à merveille.
Le clou du spectacle, cela dit, est plutôt ses textes. La manière qu’a l’artiste de parler de la réalité d’être une femme à Montréal est frappante. Sans pouvoir parler au nom de la foule du Lion d’Or, on peut assurer que les larmes coulaient à flot de notre côté de l’écran. Comment faire autrement alors qu’elle scande haut et fort qu’elle est amoureuse de toutes ses ami.e.s? De savoir que de plus en plus de femme comme BéLi monteront sur scène, c’est rassurant, c’est beau, ça donne espoir. Son talent est remarquable, on peut voir qu’elle prend ce qu’elle fait au sérieux. Entre ses chansons, elle s’adresse à la foule avec assurance et explique les inspirations pour ses pièces, que ce soit « le patriarcat qui détruit nos relations amoureuses » ou une girafe en stucco trouvée sur le bord de la route.
Crédit: Frédérique Ménard-Aubin
Elle est naturelle et bien encadrée par son équipe de musicien.nes. Pourtant, la foule et le jury n’ont pas semblé convaincus, puisqu’elle se mérite une sixième place au palmarès provisoire. Peut-être s’agissait-il d’un malheureux concours de circonstances que de passer directement après Rau Ze. De voir la moitié du même groupe sur scène en a peut-être refroidi quelques-uns.
La voix de BéLi était moins solide que celle de la précédente, ce qui a possiblement joué contre elle, d’autant plus que Rose Perron assurait les harmonies vocales. On entendait sa voix unique, constant rappel de sa performance. Pourtant, ce n’est pas la première fois que deux groupes se partagent les mêmes musiciens aux Francouvertes. On peut penser simplement à 2016 alors que Caltâr-Bateau et Mon Doux Saigneur se sont retrouvés côte à côte en finale.
YUYU
YUYU, ou Yoah Ouimet, dernier à passer sur scène, a offert une performance pour le moins surprenante. Sa proposition était certainement unique et solide musicalement, mais manquait de maturité au niveau de la rédaction des textes. Pourtant, sa voix et sa manière de l’utiliser donnent un résultat original et intrigant : on en veut davantage. Ce hip-hop aux teintes de reggae, de trap et de soul que nous présente l’artiste, combiné à un parler-chanter surprenant donnent envie d’en entendre plus. Ses textes, un par un, sont bien, mais dans l’ensemble s’apparentent beaucoup à des exercices de créations qui refusent de se décoller du champ lexical de l’alimentation.
Lorsqu’il s’adresse au public, son stress est palpable, mais dès que la musique est lancée, sa nervosité semble se dissiper comme par magie. C’est avec assurance qu’il se débrouille lors de ses chansons. À l’instar des deux participantes l’ayant précédé, il est lui aussi très bien épaulé par un groupe complet. Les sujets qu’il aborde, aussi intéressants soient-ils, sont souvent éclipsés par de textes juvéniles. Dommage, puisqu’il semble avoir des choses à dire. Peut-être gagnerait-il à se prendre plus au sérieux?
Crédit: Frédérique Ménard-Aubin
Difficile de se démarquer après les deux performances l’ayant précédé : YUYU se classe au septième rang. Ses chances de se rendre en demi-finale s’amincissent. Dommage, puisqu’à défaut d’avoir offert une performance parfaite, l’auteur-compositeur-interprète a le mérite de piquer la curiosité et est manifestement bourré de talent et d’un désir d’innover.
C’est donc une soirée mettant de l’avant une jeunesse montréalaise en effervescence qui se clôt. Difficile de prendre le pouls de la foule du Lion d’Or au travers de l’écran, mais ce qui est certain, c’est qu’on n’a pas fini d’entendre parler des musiciens de grands talents qui sont montés sur scène lundi soir.
Mardi, les festivités reprennent de plus belle alors que Madame Autruche, Émile Bourgault et Allô Fantôme monteront sur scène pour présenter leurs projets à un Lion d’Or.
Palmarès des préliminaires des Francouvertes 2022 (après 3 soirs)
- Rau Ze
- hôte
- NINAN
- FAÇADES
- pataugeoire
- BéLi
- YUYU
- Vidjay Rangaya
- Zach Boileau
- Artiste(s)
- BéLi, Francouvertes, Rau Ze, YUYU
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cabaret Lion d'Or
- Catégorie(s)
- Hip-hop, Jazz, Pop, R&B, Rap/Hip-hop, Reggae, Soul, Soul/R&B,
Vos commentaires