Francouvertes 2020 – Soir 6 | Kanen, Thaïs et Valence tentent leur chance
Après un soir 5 sous le signe du folk et de La fièvre, le sprint final des préliminaires des Francouvertes se poursuivait mardi soir, avec Kanen, Thaïs et Valence qui tentaient leur chance à leur tour au cabaret Lion d’or. Puisque les Francouvertes se déploient désormais en format hybride, nous avons testé la diffusion virtuelle pour ce compte-rendu.
Kanen
Karen Pinette Fontaine, alias Kanen, est une artiste originaire de la communauté innue de Uashat mak Mani-Utenam. Elle n’avait toutefois jamais parlé sa langue, jusqu’à recemment. En fait, elle apprend tout juste à la parler, inspirée en partie par des artistes comme Elisapie, qui illustrent qu’il est possible de transmettre des propos profonds en chansons dans une langue autochtone.
Toute jeune et discrète, Kanen n’a pas nécessairement l’air du genre de personne qui imposerait sa présence à première vue. Et pourtant, elle m’a déjà fait pleurer… C’était sein du spectacle collectif Nikamu Mamuitun – Chansons rassembleuses, un magnifique projet de métissage culturel où des artistes autochtones et allochtones écrivent ensemble des chansons en pigeant dans les langues autochtones et le français. Il y a dans ce projet des bijoux de chansons à faire dresser le poil de bras à n’importe quel spectateur le moindrement ouvert à la proposition (comme Le blanc des yeux, dont je vous parle ci-bas).
Son répertoire est garni de chansons plutôt tristes, mais elle parvient souvent à équilibrer le ton en s’accompagnant au ukulélé, ce qui ajoute une touche presque guillerette sur le plan mélodique. Notamment sur Le blanc des yeux, où elle pose des réflexions intéressantes sur son identité, avec des phrases comme « J’ai du wi-fi dans mon tipi / je chasse ma viande à l’épicerie ».
Ce contraste n’existe pas sur des ballades comme Le dernier train, une chanson inspirée par un train qui fait le chemin entre Sept-îles et Schefferville en passant par des territoires ancestraux. Cette chanson assume plutôt son approche dramatique, et ça fonctionne.
Parlant de dramatique, au moment de sa prestation, plusieurs dizaines de citoyens un peu partout au Québec organisaient des vigies pour Joyce Echaquan, cette femme attikamek décédée dans des conditions épouvantables aux côtés de soignants racistes à l’hôpital de Joliette hier. L’artiste a d’ailleurs dédié l’une de ses chansons à la défunte mère de 7 enfants dont le sort a profondément bouleversé le Québec ces dernières heures. Belle pensée.
En somme, une belle performance qui aura fait découvrir cette jeune artiste de plus en plus mature, qui sort de sa coquille.
Thaïs
Électro-pop, dream pop, vaporwave : Thaïs navigue au carrefour de ces approches musicales, avec sa voix ingénue et ses mélodies tantôt mélancoliques, tantôt gomme balloune.
Accompagnée d’un DJ et d’un guitariste, elle débute avec Lou. très bon extrait d’un EP qu’elle compte sortir le mois prochain. Une chanson plus dance suit, puis une mid-tempo, et une ballade au piano pour montrer une belle étendue de ses compositions.
On entend des effluves de Charlotte Cardin, Milk & Bone ou encore Fanny Bloom, avec une dégaine forcément moins accomplie. C’est bien normal, elle a moins de métier et pour l’instant, ça manque encore un peu de mordant et d’assurance par moments sur le plan musical.
Sa voix est toutefois bien placée et veloutée. Notamment sur Boréale, belle petite chanson bondissante qui concluait la perfo.
Un projet qui trouvera sans doute son chemin, en exploitant des sonorités très au goût du jour. L’artiste est d’ailleurs plutôt à l’aise sur scène pour une « fille discrète », et semble se plaire dans son projet, ce qui se transmet plutôt bien au public.
Valence
« Si j’avais à décrire ma musique, je dirais que c’est de la pop rétro. J’ai toujours aimé ce qui est kitsch. »
Vincent Dufour roule son projet Valence depuis un petit bout de temps déjà, et exploite, en effet, une pop kitsch rétro bien assumée. Avec des « ouh ouh », des « la la la » en voix de tête et même des duos de flûtes traversières!
Son expérience fait une grande différence sur scène, surtout en comparaison avec Kanen et Thaïs, deux projets passablement moins expérimentés. Le band sonne comme un tout, comme un projet déjà prêt pour des grandes scènes.
Dufour est charismatique, charmant, souriant et engageant. Il va même jusqu’à conclure un pacte avec le public pour réussir les premiers tappements de mains depuis le début de cette reprise. Du divertissement de foule en temps de pandémie, pas une mince mission!
En homme d’expérience, il sait aussi comment placer ses chansons, débutant le set avec Jupes aquariums, et le concluant avec Sophie, ses deux extraits qui pourraient (voire devraient) jouer à la radio.
Une demi-heure à la hauteur de la réputation grandissante de Valence.
Verdict
Sans surprise, Valence s’est hissé au top 9 et assure avec sa 1ère position une place en demi-finales. Même chose pour Kanen, qui se mérite la 2e position après six soirs.
Thaïs n’a toutefois pas réussi à se classer parmi les 9 premières positions. En raison des qualifications de Valence et Kanen, les projets Aramis et Désarroi débarquent du Top 9 et sont donc exclus des demi-finales.
La toute dernière soirée de préliminaires des Francouvertes se tiendra mercredi soir avec Mille Piastres Please, Jeanne Côté et Mclean. Les billets pour la diffusion virtuelle se trouvent par ici.
Palmarès après 6 soirs de préliminaires (sur 7)
- Valence
- Kanen
- Ariane Roy
- Vendou
- Jessy Benjamin
- Narcisse
- La fièvre
- La faune
- Embo/phlébite
Éliminés : Aramis, Désarroi, Jérémy Lachance, Guillaume Bordel, Petite Papa, dope.gng, Melodie Spear et MoKa.
- Artiste(s)
- Francouvertes, Kanen, thaïs, Valence
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cabaret Lion d'Or, Spectacle virtuel
- Catégorie(s)
- Chanson, Folk, Francophone, Pop, Rock,
Événements à venir
-
vendredi
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