Francouvertes 2017 – Soir 3 | Bermudes, Vulvets et Valery Vaughn tabassent nos tympans
On l’attendait de pied ferme, cette fameuse troisième soirée des Francouvertes qui allait nous faire friser les oreilles. On n’a pas été déçus…
Comme c’est coutume cette année, un ex des Francouvertes lançait la soirée, et quoi de mieux pour mettre la table en vue d’un menu bruyant et déjanté que VioleTT Pi… en formule solo acoustique. De quoi nous donner un aperçu de son mystérieux spectacle « La chaise épeurante », qui se tiendra à guichet fermé au Verre Bouteille ce dimanche (et on y sera). Quoi que dimanche, ça devrait être tout le groupe en formule remodelée pour faire place aux instruments acoustiques, alors qu’au Lion d’or hier soir, c’était juste Karl Gagnon à la guitare acoustique, affublé d’un chandail jaune-orange sur lequel il était inscrit « Earth Sucks ».
C’était tout de même VRAIMENT intéressant d’entendre le leader du groupe jouer Hors de la portée des humains — le chandail ci-haut mentionné prend tout son sens — sans son habituel habillage électrique, tout comme Bulbe tout juste après.
À la demande des Francouvertes, l’ex doit « casser une nouvelle toune » et celle-ci fut fort intrigante. On nous dit qu’elle ne porte pas encore de titre. Appelons-la Annie, tiens. Elle est bonne, Annie. On se demande bien ce que ça donnera avec les arrangements et tout le tralala iconoclaste Violett-Piesque.
Bermudes
Le groupe Bermudes passait ensuite sur scène. Les chansons ne sont pas vilaines du tout, mais ça, on s’en doutait après avoir écouté quelques trucs en ligne. Sauf que les voix sont un peu off. Les harmonies souvent un brin ou deux à côté de la track. On se demandait même si les retours de son sur scène étaient la cause du problème, mais Vulvets prouvera plus tard que non, c’est pas ça du tout.
Bref, musicalement, ça roule plutôt bien, le batteur étant particulièrement vif et dynamique. Les sons de guitare et de synthé s’agencent plus ou moins bien, mais quand le band connecte, ça fonctionne.
Il y a de la vigueur dans les compositions, et si, au départ, le groupe semblait un peu figé, ça se redressait au fur et à mesure, si bien qu’à la dernière chanson, l’intensité sur scène égalait celle des chansons. Bermudes a d’ailleurs conclu sa prestation avec deux nouveaux titres, dont une chanson inspirée de cette étrange soirée où le groupe jouait à Coup de coeur francophone, pendant qu’au Sud de la frontière, un certain Donald Trump gagnait ses élections contre toute attente. Ces deux derniers titres, donc, furent les meilleurs du lot alors de bonnes choses sont à prévoir pour Bermudes.
Vulvets
Les Vulvets, ce sont quatre filles qui naviguent dans les eaux surf rock, garage et psych rock. Un band sans leader désignée, ce qui fait un peu leur force, parce que les voix alternent, les interventions entre les chansons aussi, et ça donne une belle variété.
Elles ont toutes de l’expérience : la guitariste côté jardin Marie-Claire Cronier présentait d’ailleurs son projet solo Marie-Claire aux mêmes Francouvertes l’an dernier, alors que la bassiste Isabelle Ouimet faisait partie de Buddy McNeil & The Magic Mirrors, la guitariste côté cour Dorothée Parent-Roy rockait dans Ultraptérodactyle et on ne se rappelle plus trop où on a déjà vu la batteuse Marie-Ève Bouchard, mais ce n’est certainement pas son premier pique-nique. D’ailleurs, cette dernière a pris tout le monde par surprise lorsqu’est venue la chanson où elle prend le contrôle du chant. Doux Jésus que ça s’est mis à rocker ! Son grain de voix et sa dégaine au micro rappellent un peu Corin Tucker de Sleater-Kinney. Les autres voix étant plus posées, ça fait contraste et c’est bien ainsi.
Les Vulvets évoquent La Luz comme influence, et c’est pas fou. Les amateurs de ce genre reconnaîtront des petits airs dans les harmonies de voix, fort réussies par ailleurs. Il y a là un petit côté rétro assumé, mais pas bêtement nostalgique.
Oh, et props à Dorothée qui, fidèle à son prénom, a porté des petits souliers rouges plein de glitter.
Bref, c’était énergique, bien maîtrisé sur le plan de l’instrumentation, juste assez audacieux sans se perdre dans les méandres du psychédélisme. Les filles avaient l’air manifestement heureuses de se « décontextualiser de l’habituel triangle L’Esco-Quai-des-Brumes-Rockette », le trois lieux où tout se passe pour Vulvets. Bref, elles avaient l’air de prendre leur pied sur une scène de calibre Lion d’or. Nous aussi, on a passé un fichu beau 30 minutes.
Valery Vaughn
Ils oeuvrent en français comme en anglais, et pour les Francouvertes, ils ont évidemment proposé une fournée de chansons en français. Dans leur genre musical, ça court pas les rues : Valery Vaughn est un duo basse-disto/batterie, pas très loin de ce que propose Death From Above 1979. C’est assez pesant, punché, bluesy même par moments. C’est pas du tout du folk chansonnier identitaire comme on en voit partout. Noooon madame.
Ça a l’air simple, dis de même, une basse et une batterie. Mais encore faut-il être en symbiose pour créer un tout qui fonctionne, et maîtriser les pédales à effets pour que ça sonne gros. Et pour Valery Vaughn, ça fonctionne. Leur perfo ne manquait pas de mordant.
Ils ont sorti un EP en 2015 et un album indépendant l’an dernier, mais on entend parler, tranquillement pas vite, d’un album davantage à leur image, à venir bientôt…
Verdict
Grosse soirée, puisque Vulvets se glissent au tout premier rang après 3 soirs, suivi de près par Valery Vaughn ! Bermudes n’ont toutefois pas eu autant de succès : huitième position sur neuf. Ça regarde mal pour les demi-finales… Comme quoi le processus des Francouvertes est parfois cruel ; quelques-uns des projets des deux premiers soirs, mieux classés, nous ont pourtant semblé moins convaincants.
Palmarès après 3 soirs
- Vulvets
- Valery Vaughn
- Shawn Jobin
- Antoine Lachance
- Mélanie Venditti
- Juste Robert
- Projet Coyote
- Bermudes
- Maxime Auguste
- Artiste(s)
- Bermudes, Francouvertes, Valery Vaughn, Vulvets
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cabaret Lion d'Or
- Catégorie(s)
- Alternatif, Garage rock, Psychedelique, Rock, Surf,
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