crédit photo: Marie-Claire Denis
VioleTT Pi

Francos de Montréal 2024 – Jour 1 | Ce que Malaimé Soleil et VioleTT Pi ont dans le ventre

Pour plusieurs, cette soirée d’ouverture des Francos rime avec Québec Redneck Bluegrass Project, ou encore Francis Cabrel ou Marie-Annick Lépine. Sur les plus petites scènes, cependant, étaient à l’œuvre des artistes d’ici au public moins imposant mais pas moins emballé. Sors-tu? s’est stationné à la scène Spotify vendredi pour voir passer (sans aucun regret) Malaimé Soleil et VioleTT Pi.

À 19h, le parterre ensoleillé du Quartier des Spectacles grouille déjà. L’espace devant la scène Spotify, qui s’apprête à recevoir son premier artiste de la soirée, est bien rempli. Francis Leclerc, chanteur de Malaimé Soleil, le dira quelques instants plus tard : c’est leur plus gros show en carrière. Si bien qu’on sent une petite angoisse le rattraper, rapidement remplacée par une excitation semi-contenue, un sourire franc qui ne le quittera pas de toute l’heure à suivre.

Il faut le nommer : malgré la petite quinzaine de morceaux que le groupe a fait paraître depuis 2020, dont un seul album (Tempête, 2023), le noyau de leur fanbase semble assez solide, et assurément enthousiaste. Pendant les plus populaires, comme Coin coin, Pansement et Clopes, on lit les paroles sur plusieurs lèvres et les têtes bougent au rythme de morceaux écoutés puis réécoutés.

Un peu à l’image d’une Jeanne Côté, qui performait à 17h au Pub Brasseur de Montréal, les membres de Malaimé Soleil semblent sous-estimer leur succès. On les sent surpris, émus, reconnaissants de jouer devant une foule dont « on voit pas le boutte », selon les dires de Francis Leclerc. De notre côté, la surprise est moindre : la formation pop rock tient un son travaillé où les guitares sont maîtres, et qui emmène son public d’une transe rock vibrante à un refrain larmoyant qui fait flancher les genoux en une seule chanson.

Vivement la suite, mais en attendant, une bonne poignée de spectacles est à leur horaire cet été.

La folie VioleTT Pi

Même scène, même densité de foule, autre histoire : VioleTT Pi et ses musiciens aux costumes éclatés n’ont pas la douceur ni la retenue d’un Francis Leclerc, et leurs admirateurs et admiratrices non plus. La noirceur de 21h30 n’empêche pas de constater la mixité du public, où tous âges et identités se partagent le parterre du Quartier des Spectacles.

Depuis 2011 déjà que Karl Gagnon, de son vrai nom, bâtit sa signature sonore et visuelle à coups d’albums où pop, punk, rock et douce poésie ont chacun leur place de choix. C’est sans doute pourquoi le public est si éclectique : la musique de VioleTT Pi a de quoi adoucir les plus trash, et engaillardir les plus sages.

Si on décide d’embarquer dans la proposition de Karl Gagnon, pas moyen de le faire à moitié. On saute dans ses chansons sans trop se poser de questions, prêt.es à se faire brasser par les innombrables changements de ton et de rythme qui ponctuent ses pièces. Si des refrains punk écorchés à souhait caractérisent son art, des couplets au vocabulaire florissant presque chuchotés par le principal intéressé y trouvent aussi leur place. Et c’est principalement là que se trouvent sa pertinence et sa beauté.

Trop peu de morceaux de l’excellent Baloney suicide (2023) à notre goût, mais il faut bien satisfaire celles et ceux qui sont fidèles au poste dès le début. On en ressort quand même rassasié (et décoiffé).

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