crédit photo: Pierre Langlois
Arthur H

Francos de Montréal 2023 | Arthur H : Comme des retrouvailles avec un vieil ami qui m’avait manqué

Arthur H est un artiste qui a gagné sa réputation par la scène avec des concerts souvent marquants, voire mémorables comme pour la tournée de 1997 pour son chef d’œuvre Trouble-Fête et qui reste incontestablement mon meilleur concert à date. Lundi soir, aux Francos, il venait nous présenter en concert son excellent dernier album la Vie, sorti au début de l’année.

C’est un spectacle en version réduite sans tout le décor de la tournée française ni même un ukulélé. Il semblerait que ça ne se trouve pas à Montréal en ce moment… Toujours est-il que le fond de scène est tout de même recouvert d’une grande toile avec une forme orange sur la droite sur fond bleu, ce qui n’est pas sans rappeler l’image de l’oreille ornant l’album Meddle de Pink Floyd. Il y aussi moins de titres sur la liste qu’en France, mais le chronométrage plus serré qu’impose les Francos en est vraisemblablement la cause. Malgré tout, le Studio TD était rempli, prêt à voir et revoir Arthur H.

Arthur H est toujours accompagné d’excellents musiciens et ce soir ne fait pas exception. On retrouve avec grand plaisir, le fidèle Nicolas Repac à la guitare, toujours tout en nuance et subtilité, tranquillement assis sur son cajón. Aux percussions, l’efficace Raphaël Séguinier, présent aussi bien à la batterie, aux pads électroniques qu’au clavier pour des lignes de basse. Pierre Lebourgeois est au violoncelle pour une orchestration originale et recherchée. On l’avait déjà entendu au côté de Bashung, il y a quelques années. Et évidemment, Arthur H est au chant et au clavier.

La première moitié du concert propose d’anciens titres, comme Adieu Tristesse, Cheval de feu et surtout l’excellent Lily Dale sorti en 2003 avec la dentelle du jeu de Nicolas Repac. Et même si Repac n’est pas venu avec son emblématique Gibson rouge, il sonne encore pareil et structure le morceau avec des boucles enregistrées à la volée, puis accompagne le reste du titre avec sa guitare acoustique. Arthur H est en voix et se laisse aller sur le magnifique texte écrit par le poète John-Antoine Nau.

La deuxième moitié du concert est consacrée à la Vie, le dernier album d’Arthur H, sorti au début de l’année. Et c’est un album qui marque pour moi un renouveau, avec des textes plus profonds et travaillés, sur des musiques recherchées. Son ambition d’une certaine période de composer à tout prix des chansons populaires, avec d’insupportables refrains à base de « lalala » tous en chœur, a été mise de côté pour mon plus grand bonheur.

On retient notamment le titre Divin Blasphème en hommage à la « Reine de France » Brigitte Fontaine. Et toujours ce sens de la mise en scène, avec un moment onirique où la scène est éteinte et Arthur éclaire tour à tour chaque musicien à l’aide d’une puissante lampe de poche.

Le concert se termine avec l’ode fantaisiste à la Caissière du super. Pierre Lebourgeois y donne son solo de violoncelle le plus enflammé de la soirée, son archet y perdant une bonne poignée de crins au passage.

Avec un caractère bien plus discret, je ne louerai jamais assez la subtilité des arrangements de Nicolas Repac, avec des sons souvent originaux et peu entendus mais toujours au bénéfice de la chanson. Il arrive même à faire sonner sa guitare comme un thérémine. Son apport reste majeur dans la musique d’Arthur H depuis 1995.

Raphaël Séguinier est un batteur que je découvre et il est très occupé : toujours à lancer un son ou frapper un fût, quand ce n’est pas une ligne de basse ou faire des chœurs, il est redoutable d’efficacité.

Le groupe revient pour le rappel avec quatre derniers titres. Après l’Étoile, c’est la belle chanson La boxeuse amoureuse, puis La plus triste des chansons où Arthur nous invite à faire quelques lalala avec lui. Bon, ok pour cette fois.

Arrive le moment où la batteur regarde le gong qui pend mystérieusement au fond de la scène à 10 pieds de haut. Ne pouvant l’atteindre, il part en coulisse et revient avec un escabeau et peut enfin jouer du volumineux instrument. C’est l’Océan qui conclut la soirée avec ces paroles libératrices :

Et je me rappelle
Que tout se transforme
Le cœur s’agrandit
Il se croyait petit

Tout ce qui me pèse
Me tire vers le bas
Oh, je le dépose
Sur le sable rose

Arthur H et moi, c’est une longue histoire d’amour (et de désamour parfois) qui date de plus de 30 ans. Il m’a apporté bien du bonheur par ses chansons et a même influencé fortement ma vie en m’amenant indirectement à changer de continent pour vivre ce que j’avais à vivre au Québec. C’est aussi l’artiste que j’ai vu le plus souvent sur scène, ça devait être quelque chose comme mon quinzième concert d’Arthur H ce soir.

Avec le temps je lui ai pardonné des albums qui m’ont semblé parfois inégaux ou paresseux. Et j’ai intégré qu’il n’y aurait plus jamais de folle odyssée lyrique comme avec Le général de Gaulle dans la cinquième dimension. Il n’y aura pas d’autres titres mythiques jazzy comme Cool Jazz. Pas plus qu’il n’y aura de suite à l’album Trouble-Fête. D’ailleurs, s’il l’avait fait, c’est fort possible que je lui ai reproché de ne pas se renouveler…

Ce soir, j’ai retrouvé le chanteur que j’ai tant aimé, avec un nouvel album qui lui fait honneur et toujours ce côté onirique et magique sur scène, ainsi que ce sens du spectacle dans la simplicité. Et d’excellents musiciens, ça fait de la bonne musique !

Arthur H joue une deuxième fois au Studio TD ce mardi 13 juin à 19h.

On y retourne-tu?

 

Grille des titres

  • L’autre côté de la Lune
  • Adieu tristesse
  • Nancy
  • La vie
  • Lily Dale
  • Cheval de feu
  • Titanic
  • La Route
  • Divin blasphème
  • Addict
  • La Folie du contrôle
  • La Caissière du super

Rappel

  • L’Étoile
  • La boxeuse amoureuse
  • La plus triste des chansons
  • L’Océan

 

 

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