Geoffroy

Festival International de Jazz de Montréal 2024 – Jour 5 | Geoffroy et l’art de nous faire sentir bien

À la fois solitaire et rassembleur, confidentiel et démonstratif, mélancolique et festif, Geoffroy a mis tout le monde d’accord sur la scène du MTelus, pour son concert donné ce lundi dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal. Les fans de la première heure (comme moi!), qui espéraient certains morceaux de son premier album Coastline paru en 2019, tout comme les amateurs et amatrices du son plus léger et chaleureux de sa dernière offrande Good Boy ont embarqué dans son univers éthéré et décontracté. Une marque de commerce qu’il a d’ailleurs poussée à son paroxysme durant l’un des segments du spectacle.

Quoi de mieux qu’une scène estivale pour capter le ressenti du public par rapport à un nouvel album? Geoffroy a donc décidé de tester son nouveau matériel, à peine 15 jours après sa sortie, et avec quelques surprises en bonus. Volontiers qualifié de plus coloré, plus joyeux et teinté de souvenirs de voyages, Good Boy se caractérise en effet par des rythmes moins électroniques, plus bruts et marqués, notamment par des percussions, des chants qui sentent bon l’Amérique latine, et surtout par une touchante histoire d’amitié.

Cela ne vous aura pas échappé : le chien présent sur la couverture de l’album est partout! Et pour cause : l’animal en question existe bel et bien, se nomme Papi, et entretient avec son maître une relation extraordinaire. Et c’est cette relation que Geoffroy est venu nous présenter.

Mais avant, nous avons pu (re)découvrir l’interprète et musicien au milieu d’un groupe tout aussi heureux que lui (mention au percussionniste doté d’une énergie contagieuse), entouré de murs lumineux qui n’étaient pas sans rappeler la scénographie du groupe Parcels. Autant Geoffroy peut sembler discret et solitaire, autant il est apparu comme un gars de gang lundi soir, ravi de pouvoir partager avec ses chums le résultat d’un travail commencé avant la pandémie. Lui-même le dit : c’est quelque chose de voir tant de travail prendre vie sur scène. Plusieurs têtes se sont en effet penchées sur la composition de ce nouvel album. Et de leur propre aveu, s’il est parfois possible de mesurer le potentiel scénique d’une chanson, on ne le saisit jamais totalement avant de la présenter au public.

Et ce public a réservé un accueil plus que bienveillant envers ses propositions. On découvre une facette de lui plus festive et une orchestration plus conviviale, qui nous font retenir Recuerdo de Ti et Hotel Bed, toutes deux calibrées pour la scène.

À ces inédites se greffent d’autres morceaux que l’on pourrait presque qualifier de classiques : Thirsty, 21 Days, How You Feeling Now. Un mélange éclectique qui jouit d’une homogénéité déconcertante : oui, on sent que l’état d’esprit diffère entre les albums. Il n’empêche que la richesse harmonique, les textes introspectifs et la voix reconnaissable entre 1000 demeurent. Eh oui, avec Geoffroy, une chose est sûre, ce que vous entendez sur les plateformes d’écoute sera ce que vous aurez en direct!

Spectacle en trois segments oblige, cette entrée en matière dynamique laisse place à un moment plus intime, « comme à la maison », dixit le principal intéressé. Un canapé, un piano et bien sûr Papi qui rejoint son maître sur scène, et nous voici, profitant d’un moment acoustique qui laisse la part belle entre autres à Mac N Cheese et à Sleeping On My Own. Cette dernière fait état de l’engouement suscité par l’album dont elle est tirée, le magnifique Coastline. Pour preuve? Le public qui ne se fait pas prier pour reprendre les paroles, et même les fameuses notes électroniques du refrain.

Puis Papi nous quitte, et le silence qui régnait jusqu’alors (pour ne pas lui faire peur!) disparaît pour une troisième partie dans laquelle guitares, flûtes, percussions, chants subliment et rendent justice à des compositions qui restent en mémoire. Coastline, titre éponyme de l’album évoqué plus tôt, profite d’une version plus appuyée, plus longue aussi. Résultat? Une aura mélodieuse et accrocheuse, un banger réussit en tout point. Geoffroy nous fera aussi cadeau de deux titres originaux, uniquement disponibles sur vinyle : Over You et C.A.Y.A, l’une de ses préférées.

On ressort de ce concert avec des notes plein la tête et la sensation réelle d’avoir pu partager un moment précieux avec l’artiste. Lui qui nous avait entraînés dans sa tristesse vagabonde avec 1952, nous fait comprendre qu’il est prêt à aller de l’avant. La mélancolie est toujours là, mais elle se conjugue aujourd’hui avec une joie retrouvée. Comme quoi le passé et le présent peuvent coexister en harmonie.

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