
Festival Fono 2025 | Une première soirée contrastée avec Alice Merton, Galantis et Mint Simon
Parfois, l’histoire d’un festival débute bien avant que la musique ne résonne. Le Festival Fono, dont c’était le coup d’envoi hier le 11 septembre, s’est révélé être une chasse au trésor avant même d’atteindre le site. Plan du terrain disponible en ligne, certes, mais sans aucune indication claire de l’endroit où il se situait réellement. Après avoir fait le tour de plusieurs stationnements, la confusion demeurait: entrées mal signalées, billetterie retirée et plongée dans l’ombre, certains festivaliers contraints de rebrousser chemin après une attente inutile. Seuls ceux qui connaissaient déjà le campus semblaient avancer avec assurance. Malgré ce chaos, une foule majoritairement jeune a fini par se regrouper devant les scènes, prête à plonger dans une soirée qui s’annonçait aussi éclatée qu’inégale.
Alice Merton: une présence magnétique malgré une mise en scène bancale
Alice Merton a fait son entrée pile à l’heure prévue, sans extravagance mais avec une précision planifiée. Pourtant, l’ouverture s’est transformée en moment déroutant: les projecteurs blancs braqués sur elle du fond de la scène aveuglaient au point de rendre la chanteuse invisible, n’offrant au public que son ombre mouvante. Une mise en lumière ratée qui contrastait avec l’énergie que l’artiste insufflait à ses chansons.
C’est avec Run Away Girl qu’elle a lancé le bal, et malgré la faible affluence au début de sa prestation, une partie de la foule s’est rapidement mise à chanter avec elle. La voix claire, teintée d’une intensité sauvage, traversait l’espace sans effort. Dès la deuxième pièce, Vertigo, le ton était donné: pop accrocheuse, refrains rassembleurs, un mélange d’indépendance et de vulnérabilité qui rappelle pourquoi l’artiste s’est taillé une place à l’international.
Accompagnée de trois musiciens masculins, Alice Merton tenait sans peine le rôle de figure centrale. Elle s’adressait à la foule avec simplicité, lançant un « Comment ça va? » qui résonnait comme une invitation directe à embarquer dans son univers. Le public, certes restreint, répondait avec enthousiasme, créant une bulle d’énergie qui contrastait avec l’espace encore clairsemé devant la scène.
Mais cette dynamique a révélé les limites d’une programmation où chaque artiste devait porter seul l’attention. Contrairement à des évènements de plus grandes envergure comme le Festival d’été de Québec, où plusieurs scènes permettent de choisir et de circuler, le Fono concentre tout sur très peu d’espace. Résultat: Alice Merton a offert une prestation solide, mais elle s’est heurtée à un public peu nombreux avant que les spectateurs de Galantis ne se joigne à sa fête. Une légère injustice pour une artiste capable de rallier une foule beaucoup plus large.
Malgré tout, elle a prouvé que la qualité n’attend pas la quantité. Ses interprétations, livrées avec conviction, rappelaient que l’essence d’un spectacle réside dans la sincérité et le contact humain, même si la logistique d’un festival brouillon tend à parasiter l’expérience.
Galantis: la tempête électro qui a fait exploser la foule
S’il y avait un moment où le Festival Fono a pris son envol, c’est bien à l’arrivée de Galantis. Dès les premières notes, l’atmosphère a changé de nature: les spectateurs attendaient patiemment qu’enfin la scène prenne vie devant eux. La foule, gonflée, donnait enfin à l’évènement des allures de grand rassemblement.
Le duo suédois, connu pour ses productions électro-pop survitaminées, a démontré une maitrise de l’art du spectacle collectif. Là où Alice Merton composera avec un public clairsemé, Galantis a immédiatement fait danser l’ensemble du public. La scénographie lumineuse, les montées progressives et les drops attendus ont provoqué une vague d’énergie qui s’est répandue jusque dans les coins les plus reculés du terrain.
Moment fort de leur prestation: le remix de Pumped Up Kicks de Foster the People. Dès les premières mesures reconnaissables, la foule a explosé. Chants à tue-tête, sauts synchronisés, mains levées… Tout concourait à transformer ce passage en véritable apogée de la soirée. Galantis a su capitaliser sur cette euphorie en enchainant des morceaux qui jouaient constamment sur l’attente et la libération.
Si certains pouvaient reprocher un côté prévisible dans la construction de leurs morceaux, la vérité est que la formule fonctionne. Le public ne demande pas de surprise radicale, mais bien une intensité partagée. Et c’est exactement ce que le duo a offert: une communion festive qui a fait oublier, le temps d’un set, les ratés organisationnels du début de soirée. Avec Galantis, le Festival Fono a trouvé son souffle.
Mint Simon: une fougue ignorée
Le début de soirée a démontré une réalité plus sobre. Devant une foule largement dispersée avant le passage d’Alex Porat, Mint Simon est montée sur scène avec une détermination admirable. Très peu de spectateurs étaient encore arrivés, mais la chanteuse n’en a rien laissé paraître.
Dès le départ, elle a choisi l’énergie viscérale plutôt que la résignation. Sa performance de Bad a incarné cette attitude: voix arrurée, présence scénique électrisante, gestuelle expansive. Tout indiquait qu’elle aurait pu captiver un public bien plus vaste.
Ce manque de spectateurs a souligné les failles d’une programmation qui aurait gagné à mieux équilibré ses horaires et ses enchainements. Pourtant, la prestation de Mint Simon est restée marquante pour ceux qui y ont assisté. L’impression d’assister à un concert intime, presque privé, a donné une valeur particulière à son passage.
En quittant la scène, elle a laissé derrière elle l’image d’une artiste généreuse, qui se donne sans compter peu importe les circonstances. Une mise en bouche discrète mais vibrante, à l’image d’un festival qui cherche encore son identité, mais qui, par moments, parvient à faire jaillir de véritables étincelles.
Ce premier soir du Festival Fono a donc oscillé entre chaos organisationnel et moments de grâce scénique. Mint Simon a lancé la soirée avec une générosité sans compromis devant un public réduit, Galantis a transformé le site en piste de danse électrisée, puis Alice Merton a offert avec authenticité une performance lumineuse à une assistance clairsemée. Trois performances très différentes qui soulignent à la fois le potentiel et les limites d’un évènement encore jeune, à la recherche de ses repères. Si la signalisation et la logistique laissent à désirer, la musique, elle, a réussi à rappeler l’essentiel: un festival, même bancal, peut encore offrir des instants d’éclat qui marquent la mémoire.
- Artiste(s)
- Alice Merton, Festival Fono, Galantis, Mint Simon
- Ville(s)
- Québec
- Catégorie(s)
- Electro, Festival,
Événements à venir
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vendredi
Jour 2 | Alex Warren, Charlotte Cardin, Ariane Roy, Foxwarren
Lieu : Campus de l'Université Laval -
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