Festival FONO 2025 | Trois jours d’immersion musicale au cœur du campus

Pour une deuxième année, le campus de l’Université Laval s’est métamorphosé en terrain de jeu musical grâce à l’équipe de Bleufeu. Du 11 au 13 septembre 2025, les espaces vacants et les boisés entre les pavillons ont été transformés en un véritable village éphémère. Facile d’accès, vaste, doté de tout le stationnement nécessaire, ce lieu semble avoir été créé pour accueillir un festival de cette envergure. Trois scènes, trois jours, une programmation qui embrasse un large spectre musical : tout était en place pour séduire autant les mélomanes curieux que les habitués de la scène locale et internationale.

Ariane Roy – Une grande scène en devenir

Le vendredi soir, Ariane Roy et son équipe ont livré un spectacle magistral qui a littéralement électrisé le public. Rien n’est laissé au hasard : mise en scène, éclairages, costumes, interactions. Chaque détail est pensé pour créer une expérience complète, loin du simple défilé de chansons. Ici, pas de posture de star : Ariane offre un concert généreux, intense, d’une cohérence rare.

Les mélodies donnent le vertige, les orchestrations sont riches et surprenantes, les textures se dévoilent jusqu’à la dernière note. Les chansons, construites en plusieurs sections, regorgent de surprises et de moments d’intelligence musicale. Un grand coup de chapeau à toute l’équipe, dont les instrumentistes incarnent leur rôle jusqu’au costume. Mention spéciale à Jeanne Laforest, dont la précision et la polyvalence soutiennent Ariane avec brio.

En parallèle, d’autres groupes ont occupé les scènes, parfois devant un public plus clairsemé, surtout en raison de la présence concurrente de Charlotte Cardin. Been Stellar, jeune formation punk-rock venue de New York, a offert une performance à haute intensité sonore, parfaite pour les amateurs de riffs lourds – même si les paroles se perdaient sous la masse sonore.

Foxwarren, à l’opposé du spectre, a proposé un set tout en retenue, aux mélodies répétitives et à la voix éthérée. Les titres se sont enchaînés avec fluidité, ponctués de transitions sonores presque cinématographiques. Certains morceaux, comme It’s Almost Like You’re Never Listening to Me ou Everybody Knows You’re Crying, ont trouvé écho auprès du public qui fredonnait. Leur univers hypnotique évoque parfois les Beatles par de subtils riffs, mais l’ensemble demeure volontairement minimaliste et planant.

Découvertes de l’après-midi

Les après-midis du festival sont consacrés à la découverte. Beau Nectar a ouvert les festivités avec une pop synthétique et aérienne. Marie-Clo et éemi livrent des textes écoféministes sur des grooves vibrants qui donnent envie de s’abandonner.

Vendômes a ensuite plongé le public dans une atmosphère chill, où les boucles hypnotiques et les paroles minimalistes bercent doucement les esprits. Puis Kaya Hoax a pris le relais avec un set très structuré, ponctué des transitions de leur DJ. Si le duo semble parfois assembler les éléments attendus d’un spectacle sans révéler tout à fait l’essence de son projet, il montre une belle progression entre ses deux albums.

grandson – L’art de canaliser la rage

Puis, moment fort : l’arrivée de grandson. Son rap fusionné à un son rock métallique et engagé invite à libérer la voix et le corps. Entre dénonciation politique et énergie brute, il réussit à créer un espace sécuritaire et communautaire. Il explique les règles des mosh pits qu’il déclenche, veille à la sécurité de tous, et transforme la tension collective en exutoire. Son flow, rythmiquement captivant, se pose sur une musique lourde, offrant un contraste saisissant : un appel à la résistance sans céder au chaos intérieur.

FONO s’impose comme un événement incontournable de la rentrée. L’alternance des scènes permet de rester constamment en éveil, les découvertes se succèdent et les coups de cœur se multiplient. Entre l’explosion scénique d’Ariane Roy et l’énergie cathartique de grandson, cette deuxième édition aura prouvé que ce festival est là pour durer. Trois jours bien remplis… et déjà l’envie de réserver le prochain rendez-vous.