Festival d’été de Québec – Jour 10 | Shania Twain, Maren Morris et Goldie Boutillier : soirée country au féminin pluriel

Il y a des soirs comme ça, des soirs où tout résonne plus fort. Des soirs où les voix sont celles de femmes qui, chacune à leur manière, ont décidé de monter sur scène pour dire quelque chose de vrai, d’entier, de plus grand que leurs refrains. Samedi soir, le 12 juillet, sur la scène Bell du FEQ, c’est une soirée au féminin qui a pris forme sous les étoiles, au son de trois artistes bien différentes, mais habitée par le même feu sacré. Shania Twain, Maren Morris et Goldie Boutillier. Trois univers. Trois présences. Trois façons d’habiter une scène, d’envelopper un public et de se raconter.

Shania Twain : la cowgirl glam émue devant son peuple

Il aura fallu attendre toutes ces années pour que la reine du country-pop foule enfin les planches du Festival d’été de Québec. Et c’est avec toute la ferveur d’un premier rendez-vous qu’elle s’est présentée à son public, lançant un retentissant « Woooo Québec City! » à la foule comme une promesse de grand moment à venir. Sur les écrans géants, des drapeaux du Canada flottaient, mais c’est bien celui du fleurdelisé que la star portait fièrement autour du cou, un clin d’œil à cette foule connue pour son patriotisme. Une marque de respect de la part de son équipe qui avait bien fait ses devoirs, et de l’icône qui se voulait proche, complice.

Drapée dans un coordonné blouse/jupe courte noires pailletées, et bas résille, Shania Twain brillait, littéralement, comme aux grandes heures de ses vidéoclips des années 90. Son band, presque entièrement féminin à l’exception d’un guitariste, complétait ce tableau fort en symbolique, dans un esprit de sonorité assumée.

Il y avait de la grandeur dans cette prestation, mais aussi une touchante vulnérabilité. Notamment lorsqu’elle attrapé sa guitare acoustique pour entonner You’re Still The One. Visiblement émue, elle a laissé ses yeux parcourir l’immensité de la foule venue l’accueillir en héroïne, comme si elle mesurait soudain toute la portée de sa musique. Et elle n’a pas ménagé ses fans : Don’t Be Stupid (You Know I Love You), Up!, I’m Gonna Getcha Good!, Whose Bed Have Your Boots Been Under?, That Don’t Impressi Me Much, I’m Outta Hère!. Tous les classiques y sont passés. En clôture, Men I Feel Like A Woman! a transformé les plaines en gigantesque karaoké où chacun et chacune chantait à gorge déployée, comme si ce refrain faisait partie de notre ADN collectif.

Ce n’était pas qu’un show. C’était un moment d’histoire pop-country partagé.

Maren Morris : authenticité brute malgré les failles techniques

Avant que la reine monte sur scène, c’est Maren Morris qui a tenté de faire vibrer les plaines. Et malgré les bonnes intentions, le début de son spectacle a été plombé par un sérieux pépin technique : on arrivait, mais le son ne sortait pas. Silhouette confiante, voix absente. Il a fallu de longues minutes avant que l’équilibre se rétablisse. Dommage, car c’est dans les premières secondes que le lien se tisse, que l’on accroche ou non.

Mais Maren Morris ne s’est pas démontée. Belle au naturel, sans artifice, elle arborait une camisole noire avec une large boucle au cou, un simple jean bleu, de gros anneaux aux oreilles qu’elle a enlevé un à un au fil de sa performance. Aucun artifice inutile, aucunement pitoune, comme si elle refusait l’idée même de surloyer. Un petit diamant ornait discrètement son nez. Elle n’a peut-être rien de refait, mais elle a tout d’une femme fière, solide, enracinée.

À ses côtés, deux musiciennes-guitaristes qui faisaient aussi office de choristes. Ensemble, elles ont livré Just Middle et The Bones avec une sincérité vibrante. Morris a aussi pris le temps de parler, de se confier, de rappeler que Shania Twain était l’une des raisons pour lesquelles elle avait plongé dans le country, et que faire sa première partie était un honneur.

Touchante tentative aussi de sympathiser avec son public lors de RSVP. Avant d’entonner une pièce, elle a demandé à la foule d’être indulgente alors qu’elle chantait les paroles en français de sa chanson. « Répondez s’il-vous-plaît » répété deux fois en tout. Elle s’est ensuite contentée d’un « merci » bien senti, mais l’intention y était, et c’est ce qui a compté.

Avant de quitter la scène, elle a promis que ce n’était pas sa dernière fois à Québec. Espérons-le, car au-delà des pépins, une belle histoire a commencé à s’écrire.

Goldie Boutillier : drama queen décalée pour ouvrir la soirée

C’est Goldie Boutillier qui avait la lourde tâche d’ouvrir cette soirée aux accents country, même si son style flirte davantage avec le glam rock, le vintage et la pop dramatique que les bottes de cowgirl. Originaire de la Nouvelle-Écosse, l’autrice-compositrice-interprète est montée sur scène comme on entre en scène : investie, habitée, un brin excessive. Drama queen assumée, elle s’est glissée dans son personnage avec un mélange d’audace et de désinvolture.

Minishort en jeans, collant rouge flash, veste léopard… Tout en elle crie le cinéma, la mise en scène, l’attitude. Accompagnée d’une guitariste et d’un batteur, elle a brisé la glace avec The Actress, comme pour annoncer d’entrée de jeu qu’elle ne jouerait pas la carte de la sobriété.

À la fin de sa prestation, elle a déclaré que c’était « la soirée de sa vie ». Et possiblement que pour elle, c’était vrai. Mais pour une ouverture de soirée country, la question se posait : était-ce vraiment elle qu’il fallait, là, en premier? Son énergie était là, son univers aussi, mais le décalage de style restait palpable.

Au final, c’était une soirée contrastée, vibrante et 100% féminine qui s’est offerte aux festivaliers du FEQ. Trois femmes, trois voix, trois façons de dire « je suis là ». Et derrière les paillettes, les bugs de son, les hommages et les tenues léopard, ce qui est resté, c’est un sentiment fort: celui d’avoir assisté à quelque chose d’humain, de vrai, et de profondément vivant.

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