Festival d’été de Québec 2025 – Jour 11 | Farruko : une clôture explosive

Il était environ 21h45 lorsque les premières notes ont enfin brisé le silence sur les Plaines d’Abraham, ce dimanche 13 juillet. Le ciel menaçait, trois spectacles devaient avoir lieu sur la scène Bell au cours de la journée, mais une seule étoile a tenu tête au sort: Farruko. Quelques minutes de retard à l’arrivée, certes, mais qui lui en tiendrait rigueur? L’attente n’a fait que nourrir l’impatience d’une foule qui rêvait de soleil, de chaleur et de beats tropicaux. Et ce qu’elle a reçu dépassait les attentes: une fête latine flamboyante, clôturant avec panache la 57ème édition du festival d’été de Québec.

Le port altier, entouré de danseuses et danseurs en tenues militaires stylisées, Farruko a foulé la scène avec une énergie calme, presque méditative. Les premières chansons, plus smooth, baignaient dans un reggae clair et lumineux, un genre de baume porté par sa voix posée, presque apaisante. Car chez Farruko, la musique est une manière de faire la paix avec le chaos. Un antidote aux tempêtes.

Carlos Efrén Reyes Rosado, de son vrai nom, n’a jamais été un artiste comme les autres. Né à Bayamón, Porto Rico, il a tracé son chemin au fil des contrastes : entre foi et excès, entre reggaeton et spiritualité, entre popularité massive et remises en question profondes. Après avoir connu un immense succès avec des titres comme 6 AM ou Krippy Kush, il a surpris le monde entier en annonçant une pause pour se recentrer sur sa foi et sa famille. Puis, il est revenu, différent. Plus lumineux. Et ce revirement s’est senti sur scène, samedi soir.

Tout au long de sa prestation, Farruko s’est adressé à la foule en espagnol. Pas de sous-titres, pas de compromis. Il a livré son art dans sa langue, dans son essence. Et le public, même sans comprendre tous les mots, comprenait l’essentiel : l’émotion, la célébration, le partage.

La scénographie, elle aussi, vibrait au rythme de cette double identité. Entre les mouvements chorégraphiés avec précision et les éclairages chauds comme une fin d’après-midi à San Juan, tout semblait crier « felicidad ». Il y avait dans l’air quelque chose d’à la fois sacré et festif, un grand exutoire collectif dans lequel se dissolvaient les tracas d’une journée perturbée par la météo.

Mais le moment charnière, celui où le party a vraiment pogné, est survenu avec les premières notes de Pepas. À peine le rythme lancé que Farruko, torse nu, bronzé, tatoué et radieux, a enflammé les Plaines comme une allumette sur un feu de joie. Des serpentins ont été projetés dans le ciel nocturne pendant que des milliers de voix s’unissaient, galvanisées par cette chanson devenue l’hymne de soirées endiablées partout dans le monde. La communion était totale, presque irréelle.

Il aurait pu s’arrêter là. Mais non. L’artiste a poussé le rêve un peu plus loin. Confettis, feux d’artifice, effets pyrotechniques : chaque seconde de la finale était pensée pour marquer la mémoire, pour graver cette soirée comme un point d’exclamation éclatant au terme d’une édition mouvementée.

Il y a des spectacles qui divertissent, d’autres qui rassemblent. Farruko a offert bien plus : une traversée. Celle d’un homme qui a connu les excès et les révélations, qui a su revenir transformé, sans perdre son feu. Celle d’un public qui en avait assez de l’orage et qui avait besoin d’un soleil, même artificiel, pour danser un peu plus fort. Celle, enfin, d’un festival qui, malgré tout, malgré la pluie et les imprévus, a su s’éteindre dans une explosion de lumière.

Le FEQ 2025 s’est donc terminé sur une note de fête, de gratitude, de chaleur humaine. Grâce à Farruko, les Plaines ont été habitées une dernière fois parce qu’elles savent faire de mieux : unir les cœurs autour de la musique. Pas besoin de tout comprendre pour ressentir. Parfois, il suffit d’un rythme, d’un sourire, d’un souffle latino pour se rappeler que la vie, au fond, est une danse.