Festival d’été de Québec 2025 – Jour 10 | Kinkead et Comment Debord : la musique Québ en fête

Au FEQ, sur la scène de la Place D’Youville le 12 juillet dernier, une soirée thématique était dédiée à la musique Québ. Cette musique francophone façonnée au Québec et qui porte les couleurs locales : la langue, la poésie, les préoccupations sociales, les grooves folk-pop ou indie. Plus qu’un genre, un véritable marqueur culturel. Le programme du soir promettait un voyage bien de chez nous avec Douance, Kinkead et Comment Debord.

Kinkead

Lorsque nous arrivons, Kinkead a déjà pris d’assaut la Place D’Youville. Les cinq musiciens, parés de fringues tout droit sorties des années 70, donnent envie de regretter nos vêtements d’antan. Sur scène, ils alignent les succès comme des perles : des verres d’oreilles entêtants que la foule reprend en chœur. Chaque refrain, chaque riff, semble déjà faire partie de la mémoire collective. Leur fanbase est bien installée, et la foule leur répond avec ferveur.

* Photo par Jean-Philippe Labrie

Tous instrumentistes et vocalistes, les membres de Kinkead maîtrisent l’art du sensationnel sans jamais tomber dans l’excès. Leur show-off est juste assez assumé pour habiter la grande scène et captiver la foule. Ça groove, ça danse, ça s’amuse. L’énergie qui jaillit du plateau est contagieuse. Quelques chorégraphies simples, exécutées avec légèreté, font sourire et rappellent que tout est pensé, peaufiné, mais jamais trop sérieux.

Le groupe s’articule autour d’un duo central : Henri et Simon, frères jumeaux au charisme naturel, qui se relaient au chant et insufflent une complicité vivifiante à la formation. Une affaire de famille, enrichie par des amis rencontrés sur la route à Québec. Leur dernier album, Henri & Simon, paru en 2023, a été réalisé par Simon Kearney, bien connu de la scène musicale alternative.

* Photo par Jean-Philippe Labrie

Ils livrent aussi des moments de sincérité avec des pièces plus intimes, comme Savane. Et dans une belle surprise, ils interprètent une version dépouillée mais vibrante de Promenade sur Mars, popularisée par Offenbach, qu’ils revisitent en harmonies vocales d’une justesse apaisante.

Kinkead, c’est une poésie directe, sur des mélodies accrocheuses et des arrangements bien rythmés. « As-tu de l’appétit pour les autres ? Ou n’as-tu faim que pour moi ? » La phrase reste suspendue, comme un écho dans la nuit.

* Photo par Jean-Philippe Labrie

Comment Debord

La soirée se poursuit sans que l’énergie ne retombe. Comment Debord prend la relève et l’ambiance change subtilement de registre.  On quitte les accents rétro pour plonger dans un univers où funk, disco, soul francophone et indie-folk se croisent avec élégance. Le septuor montréalais déploie une musique riche et bien orchestrée. Les voix superposées et les effets planants enveloppent la foule dans une bulle de douceur. Plus le set avance, plus le punlic se laisse porter par ces grooves solides et accessibles. Ils viennent calmer les ardeurs que Kinkead avait fait exploser, tout en gardant la tension bien vivante.

Leurs refrains sont de longues mélodies, portées d’un seul souffle. C’est une approche très intéressante, qui donne lieu à des phrases comme : « J’aurais aimé ça que mes parents aient un chalet sur le bord de quelque chose. » Un véritable hook line! Plus la soirée avance, plus les titres se construisent autour de petits textes, souvent réduits à des lignes vraiment chill. Les inspirations puisent dans des questionnements et des observations lucides sur le monde. Une belle perspective qui insuffle du positif et de l’espoir.

Il est remarquable de voir un groupe de sept musiciens réussir à tourner aux quatre coins du Québec. Batterie et percussions soutiennent parfaitement cette proposition musicale éclectique, où se croisent country, disco, funk et indie sans jamais se heurter.

Et voilà que je les recroise, au lendemain du spectacle, cette fois en trio, dans une petite boîte-container vraiment bien aménagée. Un pop-up, comme le nomme le FEQ. Dans ce format réduit, les mots et le sens prennent toute leur clarté. Le grandiose fait place à l’intimité.