The War On Drugs

Festival d’été de Québec 2018 – Jour 4 | The War on Drugs au Parc de la francophonie: Sublime du début à la fin

Sur la scène Loto-Québec du Festival d’été de Québec, dimanche soir, The War on Drugs donnait un quatrième spectacle en autant de soirs, après notamment des prestations au Bluesfest d’Ottawa vendredi ainsi que sur la Place des Festivals de Montréal samedi, mais il n’en est rien paru. Adam Granduciel et ses cinq musiciens ont probablement offert le meilleur concert jusqu’à maintenant du Festival d’été de Québec avec un parcours sans fautes de douze chansons. On les savait déjà bons sur disque: A Deeper Understanding a raflé le prix du meilleur album alternatif aux derniers Grammys alors que Lost in the Dream était l’album le plus prisé des critiques en 2014 selon Metacritic.  C’est toutefois sur scène que la virtuosité et la richesse des arrangements du groupe de Philadelphie prend tout son sens.


Le public de l’ancien pigeonnier était d’ailleurs bien prêt à accueillir le sextuor et il semblait captivé dès les premières notes de Brothers. Le groupe pouvait d’ailleurs compter sur un jeu d’éclairages des plus captivants alors que la scène était encerclée par de nombreux faisceaux lumineux verticaux. Pendant un instant, on avait l’impression d’être dans un concert intime en salle plutôt que dans un spectacle extérieur.

Ces éclairages venaient envelopper les membres du groupe de la même façon que leur musique enveloppait les nombreux mélomanes. Avec trois claviers vintage sur scène, les ambiances sonores étaient riches et profondes, soutenant au passage des guitares tantôt aériennes, tantôt bien franches. Comme si ce n’était pas assez, le multi-instrumentiste Jon Natchez ne se gênait pas pour troquer son clavier pour un saxophone baryton sur plusieurs chansons.

Au micro, Adam Granduciel a une voix qui se situe quelque part entre Bob Dylan, Bruce Springsteen et une bonne beurrée de réverbération. C’est toutefois avec sa guitare électrique qu’il fait sa marque. Son talent est ainsi mis bien en valeur sur de nombreuses pièces, qui étirent leurs passages instrumentaux au plus grand plaisir du public. On réalise ainsi l’importance de sa six-cordes sur des succès comme Red Eyes. D’autres pièces comme Strangest Thing se méritent rien de moins qu’une longue et chaleureuse ovation lors de leur conclusion.

Si la sélection des pièces en début de spectacle était identique à celle de la veille au Festival de jazz, les gens de Québec ont eu droit à Best Night, chanson qui est rarement jouée en spectacle. Celle-ci marquait le début d’un dernier segment de trois chansons qui auront, à elles seules, rempli les quarante dernières minutes du concert.

De son côté, Best Night aura fait voyager le public durant plus de quinze minutes, soit trois fois plus longtemps que dans la version qui ouvre l’album Slave Ambient, paru en 2011. Contrairement aux autres pièces qui l’ont précédée, la chanson n’explose jamais réellement dans un point culminant euphorique. Elle laisse plutôt Granduciel explorer sa guitare acoustique remplie d’effets, hypnotisant chaque membre du public au passage. Messmer lui-même aurait pu piéger la foule qu’il n’aurait pas eu autant d’attention portée sur lui.

C’est avec des performances tout aussi remarquables, quoique plus musclées de Under the Pressure et You Don’t Have to Go que s’est conclu le tour de force proposé par The War on Drugs. Si on attendait encore le premier concert à nous jeter par terre lors de la présente édition du FEQ, voilà enfin chose faite.

M. Ward et Casual Rites font le boulot

C’est avec une chanson toute instrumentale que le Portlandais M. Ward a ouvert son segment. Celui qui est aussi connu pour collaborer avec Zooey Deschanel dans le projet She & Him a par la suite laissé son folk lumineux faire le travail pour accompagner le soleil qui se couchait sur le Parc de la francophonie. Plus ses pièces étaient rythmées, plus on sentait des influences rockabilly, country et surf rock scintiller sous la surface. Ces chansons étaient toutefois souvent suivis de morceaux plus doux, ce qui a semblé désintéresser quelques spectateurs bien bavards vers la mi-parcours. Reste que règle générale, sans réinventer la roue, M. Ward aura fait passer un bon moment au public avant la venue de The War on Drugs.

Juste avant, c’était la fomation locale Casual Rites qui avait comme mandat d’ouvrir le bal. Avec un son indie rock taillé sur mesure pour les festival, le groupe a su donner le ton à une très belle soirée. «Nous parlerons peu pour jouer plus de musique», s’est exclamé le chanteur après quelques chansons. Avec un répertoire aussi intéressant, on le comprend de vouloir tirer le meilleur de chaque minute du court tour de piste de son groupe.

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