crédit photo: Marie-Claire Denis
Teke::Teke

Festival de jazz de Montréal 2023 | TEKE::TEKE fait lever le party avec son psych-rock en japonais

TEKE::TEKE est un phénomène à part, même pour la riche diversité musicale de Montréal. Un groupe aux influences pysch-rock qui chante en japonais, mettons que ce n’est pas forcément ce qui parait le plus vendeur. Et pourtant, toutes ses particularités se sont transformées en atouts. Et des bons titres, ça reste des bons titres, quelle que soit la langue des paroles, surtout quand ses concerts prennent rapidement l’allure de gros partys.

La formation montréalaise est composée de sept musiciens : la chanteuse Maya Kuroki, les guitaristes Serge Nakauchi Pelletier et Hidetaka Yoneyama, Mishka Stein à la basse, Ian Lettre à la batterie, Yuki Isami aux flûtes et claviers et Étienne Lebel au trombone et à la cornemuse. Ce soir, le groupe est complété par le percussionniste Anthony Piazza.

J’avais pu découvrir le groupe sur scène une première fois en février 2020, pour le lancement du titre Kala Kala dans la petite salle de l’Esco, alors, pleine à craquer. Trois ans et demi plus tard, c’est le Club Soda qui est aussi plein à craquer et nous sommes réunis pour le lancement de son deuxième album Hagata, fraîchement sorti le mois dernier.

Le groupe s’installe sur scène pendant que le titre Me No Haya joue. Il porte des habits qui rappellent ses liens à la culture japonaise. Les musiciens partent l’introduction lente et hypnotique du titre Kakijyu sur lequel Étienne Lebel sort sa cornemuse. Il arrive presque à me faire apprécier cet instrument criard. Rapidement, la chanteuse Maya Kuroki rejoint les musiciens. Maya est tout un personnage : en plus d’être une excellente chanteuse au charisme certain, elle apporte toute son expérience du théâtre japonais qui rend l’expérience particulièrement originale, riche et recherchée.

Le party lève complètement alors que le groupe enchaîne Kala Kala à Yoru Ni, les deux titres moteurs de son premier album Shirushi. Le public commence à se déchaîner et on voit les têtes et les corps bouger de plus en plus. Le mélange des guitares surf rock légèrement psychédélique avec les flûtes de Yuki Isami et le trombone d’Étienne Lebel amène une texture très originale dont le mariage est très réussi. D’ailleurs, ce soir, le trombone est bien sonorisé et très présent, ce qui est apprécié.

En arrière de la scène, il y a une projection d’un symbole japonais qui évolue et bouge cycliquement sur l’écran. Quand on a huit musiciens sur scène avec pas mal d’animation, on se demande quelle est la valeur ajoutée de suivre cette tendance, à part pour distraire le regard.

Maya nous parle de son goût pour les fantômes et lance le titre Yurei Zanmai où le rythme est tenu principalement sur le tom basse de la batterie sur un chant fantomatique, forcément, avant d’aboutir à un maelstrom de guitares. Le titre suivant Onaji Heya rappelle le petit côté synthétique et répétitif des années 80 et me fait penser au groupe Devo, encore une belle référence.

Dans les premiers rangs, il y a un peu de mosh et de body surfing, mais tout reste bon enfant, dans la joie et la bonne humeur. Et puisqu’il faut une fin, c’est avec Hoppe, le tube en puissance du dernier album que le groupe termine le concert… Avant le rappel de rigueur, où le festif Jikaku, un de ses tout premiers titres, clôt définitivement la soirée.

Les titres de ce deuxième album m’apparaissent plus construits et matures, délaissant le côté plus brut du premier album. Peut-être un peu plus pop dans l’esprit, mais toujours délivré avec ce côté intègre et précis par des musiciens accomplis et l’atout scénique Maya Kuroki. C’est ce qui rend les prestations du groupe une coche au-dessus. Comme bien du monde ce soir, je regrette de ne pas comprendre un seul mot de japonais, sinon j’aurais entonné les refrains avec plaisir!

Ghost Funk Orchestra : le match parfait

J’aime les premières parties. Des fois, c’est tout croche et ça n’a aucun rapport avec la vedette de la soirée. Mais des fois, comme ce soir avec Ghost Funk Orchestra, ça reste dans le même style, le même esprit festif avec une grande formation. Et c’est le match parfait pour ouvrir la soirée.

La formation est originaire de Brooklyn et a été créée par le guitariste et compositeur Seth Applebaum. Ensemble, elle livre une musique qui navigue entre la soul, le funk, la musique de film, le surf rock avec un petit goût de psychédélique. Et avec rien de moins que neuf excellents musiciens, la scène est bien remplie : deux chanteuses, deux guitaristes, un bassiste, un batteur et une section de cuivre comprenant un trompettiste, un trombone et un saxophone baryton.

Les deux chanteuses sont particulièrement dynamiques et interagissent en mêlant leur belle voix chaude et soul avec des chorégraphies livrées avec un enthousiasme communicatif. Il y a aussi le saxophone baryton qui nous interprète quelques solos endiablés faisant assurément lever le party.

La boule à facette du club Soda est illuminée pour le dernier titre et on laisse le groupe partir avec regret.

 

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