Fanny Bloom au Théâtre Ste-Catherine | Aventure solo de création
Ah les fameux shows solo… On s’imagine toujours un spectacle épuré, relâché, à peine éclairé à la chandelle et dépouillé de tout effet, de toute mise en scène ou d’arrangements. Comme si on accueillait l’artiste dans notre salon, à la bonne franquette. Mais pas hier. Pas Fanny Bloom. C’était plus que ça.
Pour l’ex-Patère Rose, c’était, oui, l’occasion de revisiter son répertoire en le frusquant de nouveaux habits. Façon de faire le point sur 8 ans de carrière, avec ses boys de la Patère (de 2008 à 2011), puis ses deux très bons albums solo, Apprentie Guerrière (2012) et Pan (2014).
Mais ce nouveau spectacle est véritablement une création, une occasion de présenter un nouvel univers un peu plus théâtral qu’à l’accoutumée, un ton singulier et une mise en scène intrigante, quoi que minimaliste.
Fanny Bloom conviait donc ses fans à un rendez-vous jeudi soir au Théâtre Sainte-Catherine. Elle y donnait deux représentations : une à 19h, et l’autre à 22h. Tout cela à la veille de la parution de son nouvel album « intimiste » simplement intitulé Fanny Bloom.
Un greatest hits ? Pas exactement. C’est plutôt comme un album de covers. Une Fanny Bloom trentenaire qui reprend les chansons d’une Fanny Bloom vingtenaire, ‘mettons. Seule au piano, mais pas vraiment seule au piano : il y a des trompettes ici (du souffle de Thomas Hébert, alias Roboto de Misteur Valaire), des cordes là (signées Pierre-Philippe Côté, alias Pilou, alias Peter Henry Philips). Tout ça en co-réalisation avec Benoit Bouchard.
Il y a donc relecture musicale, mais aussi une occasion de mordre dans les mots avec de nouvelles intentions, avec une attention différente laissée aux textes. Les siens, et ceux de Martine St-Claire (!) et Barbara.
L’album est quasiment un prétexte pour accompagner le spectacle. Apparemment, l’idée est née après avoir signé la musique de la pièce de théâtre Constellations, présentée à La Licorne cet hiver. L’envie de travailler avec Jean-Simon Traversy (metteur en scène de Constellations) pour un spectacle musical s’est fait sentir.
Elle s’est ainsi entourée de gens de théâtre : la scénographe Odile Gamache lui a monté une structure formée de triangles métalliques lumineux, créant un genre de toile étrange aux couleurs adaptatives, qui nous rappelle un peu le cockpit d’un vaisseau spatial. Fanny la nommera « la chose », mais invite les spectateurs à lui attribuer le nom qu’ils souhaiteront : le monstre, la patente, peu importe ce que ça évoque en vous.
Le concepteur d’éclairage Renaud Petitgrew manipulera en direct les ambiances visuelles, calibrées pour chaque chanson, chaque moment d’émotion.
Aux commandes de son piano électrique, qui se trouve entouré du « monstre », on la sent déjà bien à l’aise, en parfait contrôle du spectacle. Elle nous lance quelques versions de ses chansons, alternant d’un album à l’autre. Deadbird, Blanc et Mélodie donne le ton, puis Pan qui surprend lorsqu’ainsi dépouillée de ses arrangements. On y ressent davantage la vulnérabilité de son auteure. Même le hit Piscine, pourtant très axé sur les percussions dans sa forme radiophonique, a droit à un petit facelift amusant.
Quelques effets sonores viennent ajouter du punch, notamment des crépitements de feu lors de l’intense Sammy Sammy (pourtant absente de l’album).
La sono étant plus que favorable, on sent chez Fanny Bloom assez de confiance pour se laisser aller au chant à quelques occasions, étirant quelques notes, rajoutant des « la-la-la » de façon impromptue. Bien consciente de la nature plus posée de cette formule, elle y va aussi de quelques interventions sympathiques, expliquant son procédé et invitant les gens à participer au chant de Danse avec moi de Martine St-Clair et La Barque, tiré d’Apprentie Guerrière.
Au rappel, elle propose en toute humilité une saisissante reprise a capella de Dis quand reviendras-tu ? du monstre sacré de la chanson française, Barbara. Simplement parce que c’est « sa chanson préférée à vie ». Ça se ressent.
Dans l’ensemble, c’est doux, mélodieux, authentique, mais aussi plutôt imaginatif pour ce genre d’exercice.
Et la bonne nouvelle, c’est qu’elle partira en tournée avec cette formule, et sa structure lumineuse. Un peu comme l’avait fait Yann Perreau il y a une dizaine d’années avec sa formule Perreau et la lune, ce spectacle de Fanny Bloom devrait faire très bon effet et permettre au public de découvrir la chanteuse sous un nouvel angle.
Pour l’instant, il n’y a qu’une date au Théâtre Petit Champlain à Québec en mai, mais il y a fort à parier que son spectacle s’inscrira à la programmation de plusieurs salles du Québec au cours des prochains mois. Et pourquoi pas une série de spectacles au même lieu lors des FrancoFolies cet été ?
Grille de chansons
- Deadbird
- Blanc
- Mélodie
- Pan
- Mafioso
- Ta salive
- Duet Tacet
- PaceMaker
- Piscine
- Parfait Parfait
- J’ai rêvé
- Drama Queens
- Sammy Sammy
- Diachylon
- Danse avec moi (reprise de Martine St-Clair)
- Respirer la fumée
RAPPEL
- Dis quand reviendras-tu ? (a capella) (reprise de Barbara)
- La barque
- Artiste(s)
- Fanny Bloom
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Ste-Catherine
- Catégorie(s)
- Chanson,
Vos commentaires