crédit photo: Sylvain Gripoix
Govrache

Entrevue | Govrache revient conquérir le Québec avec son slam engagé

Un an après la sortie de son plus récent album intitulé Apagogie, le slammeur Govrache revient au Québec pour une nouvelle série de concerts. À quelques jours du début de sa tournée, à Sherbrooke, Sors-tu? s’est entretenu avec l’artiste qui nous en a dit un peu plus sur lui.

De son vrai nom David Hébert, Govrache est originaire de Normandie, en France.

Ses textes nous font découvrir les sujets du quotidien avec une poésie profonde dans un style qui oscille entre le hip-hop et le slam. L’artiste qui était déjà venu en 2019 pour sa tournée solo, puis à l’automne 2022 avec son groupe, nous a aussi confié comment tout avait commencé et comment le Québec l’avait séduit.

Le slam de fil en aiguille

C’est grâce à un ami qu’il se lance dans la musique en apprenant à jouer de la guitare : « J’ai commencé à composer des chansons, à écrire et c’est parti comme cela ». En 2010, il rencontre Gaël Faye qui lui fait découvrir le slam et son univers. « Je ne connaissais pas tellement le slam, je n’en avais jamais vu en vrai et j’ai trouvé la pratique très intéressante », raconte-t-il.

David Hébert se lance ainsi dans un slam qu’il ne quitte plus. Il se définit aujourd’hui comme « un slammeur qui essaye de faire les choses bien» et qui tente de « créer des émotions à partir de rien », ajoute-t-il.

Des albums en crescendo

Ce qui fait la force de Govrache, ce sont ses albums qui montent en puissance continuellement. Apagogie, son dernier album dont le titre désigne un raisonnement absurde, a été écrit pendant le confinement en France. En résumant ses titres, le slammeur se rend compte « que tous quasiment parlaient d’une forme d’absurdité. »  Il cite en exemple le titre On a compris, qui dénonce le fait qu’on a une planète qui part « à vau-l’eau », que tout le monde a une part de responsabilité et « on continue à faire les mêmes erreurs. »

Mais parmi tous ses titres, il y en a un en particulier qui rend l’artiste fier : L’homme trottoir sur l’album Des cris. Il raconte la vision d’un itinérant posé sur un trottoir de Paris. C’est le tout premier slam que l’artiste compose. À ce jour, son engagement est encore bien présent.

C’est un vrai scandale que des gens dorment dans la rue l’hiver quand d’autres sont milliardaires.

Apagogie est né et est comme une suite du double album Des murmures et Des cris, sorti en 2019 et récompensé par le Grand Prix de l’Académie Charles Cros en France.

Des murmures représente des chansons tendres tandis que Des cris contient des textes plus révoltés, un peu plus engagés. Pour lui, Apagogie vient « enfoncer le clou » dans le changement de tons et de couleurs musicales. « Il est beaucoup plus hip-hop et on est un peu moins dans le slam ».

L’inspiration de l’artiste vient du quotidien lui-même : « j’ai des yeux et des oreilles, je m’en sers. ». Quand ce ne sont pas ses émotions qui le guident, c’est le monde qui prend le pas sur son humeur « je mets ça par écrit et ça donne des textes plus concernés et engagés ».

France, Suisse, Belgique…et le Québec !

Govrache a déjà une histoire avec le Québec. Après une tournée en solo en 2019, il est revenu en novembre dernier et nous a raconté son expérience :  « Ça s’est magnifiquement bien passé. C’était très intense à tous les niveaux. ». Il ajoute que son groupe et lui ont reçu un accueil « absolument dingue » de la part des Québécois et des Acadiens. « Les gens étaient vraiment ravis ».

De plus, il avoue avoir été conquis par la beauté du pays : « On a fait beaucoup de route. On est allé sur les Îles de la Madeleine, c’était magnifique, on a totalement été dépaysés et ça a été un vrai bonheur », conclut-il.

Govrache nous a d’ailleurs raconté une petite anecdote qu’il lui est arrivé lors de sa tournée solo de 2019 : « J’étais avec mon manager, on est rentré dans un bar à 20h, il faisait froid mais ça allait et il n’y avait pas de neige. Je suis ressorti du bar vers minuit / une heure du matin, et il y avait 20 centimètres de neige. Mon manager est parti avant moi et je ne me souvenais plus dans quelle maison on dormait et j’ai réussi à retrouver ses pas dans la neige, et les pas m’ont aidé puisque je n’avais plus de téléphone, je n’avais plus rien du tout et j’étais en panique totale s’il n’y avait pas eu la neige. »

Des attentes encore plus positives

Comme pour ses albums, Govrache souhaite que ce retour au Québec soit dans la continuité :  « Si on a l’accueil chaleureux qu’on a eu, je vais être le plus heureux des hommes. », dit-il avant d’espérer que l’expérience se répète « ailleurs [dans le Québec] avec un peu plus de monde dans les salles. »

Pour le futur, l’artiste affirme ne pas être du genre à se projeter : « je suis plutôt à vivre au jour le jour. » Il ajoute cependant que la seule projection qu’il puisse faire, c’est de réfléchir à un nouvel album, « à des thèmes, à quelques mots. »

Govrache sera en tournée du 2 février au 18 février 2023 dans neuf villes du Québec. Pour les billets, c’est ici!

Les dates :

2 févr. 2023, Théâtre Granada, Sherbrooke, QC
3 févr. 2023, Le P’Tit Bonheur De St-Camille, Saint-Camille, QC
4 févr. 2023, Salle Louis-Philippe-Poisson, Trois-Rivières, Canada
9 févr. 2023, La Chapelle spectacles, Québec, QC
10 févr. 2023, Scène Desjardins de la Salle Montignac, Lac-Mégantic, QC
11 févr. 2023, Maison de la Culture de Waterloo, Waterloo, QC
16 févr. 2023, Complexe Culturel Félix-Leclerc, La Tuque, QC
17 févr. 2023, Les Amants de la Scène, Saint-Georges, QC
18 févr. 2023, Vieux Bureau de Poste, Lévis, QC





Pourquoi Govrache?

Pour les plus férus de littérature, Govrache vous fait sûrement penser à quelqu’un… Le nom de scène de l’artiste est inspiré de Gavroche, personnage des Misérables de Victor Hugo. C’est un petit garçon avec une casquette marchant dans les rues de Paris. Il représente le symbole de la liberté et du courage. Pour Govrache, c’est un personnage de la littérature française qu’il aime beaucoup. Il ajoute que ce n’est pas non plus toujours facile de trouver un nom de scène. Il choisit alors de faire un clin d’œil à Victor Hugo en inversant deux lettres.

Quand il est arrivé à Paris, il avait une guitare sur le dos et une casquette sur la tête et chantait des chansons assez engagées politiquement et socialement. « Je ne suis pas grand donc on m’a souvent comparé à lui. », nous a-t-il expliqué. Il raconte qu’au début, c’est quelqu’un qui lui a dit un jour « Hé le petit Gavroche avec sa casquette », et tout est parti de là.



 


* Cet article a été produit en collaboration avec L’Ours Label.

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