crédit photo: Charline Clavier
Fuudge

Entrevue | Fuudge signe un retour en force (… et en fracas!)

Plus de trois ans après son dernier album studio, la formation de stoner rock montréalaise Fuudge nous revient avec un nouveau projet, .​.​.​qu’un cauchemar devienne si vrai, qui paraîtra le 19 mai prochain.

Au fil des années, Fuudge a su se tailler une place de choix au sein de la scène underground rock montréalaise : demi-finalistes des Francouvertes en 2016, lauréats au GAMIQ du prix « EP rock de l’année » à deux reprises, pour leurs projets EP (2016) et Man! (2017), et du prix « Album rock de l’année », récompensant leur premier album Les matricides (2018), les quatre membres du groupe récoltent discrètement (mais sûrement!) les lauriers des critiques.

Quatre membres? Si Fuudge est bel et bien un groupe, c’est avant tout David Bujold, cerveau derrière la formation, qui mène pleinement le bal.

* Fuudge au Taverne Tour 2020. Photo par Christine Beaudoin.

 

Tel un Kevin Parker orchestrant la majorité de Tame Impala, Bujold s’occupe, depuis 2016, d’une grande partie des instruments enregistrés sur les projets de Fuudge, de la réalisation, des paroles ainsi que des compositions, de la prise de son, du mixage et même, dans le cas de .​.​.​qu’un cauchemar devienne si vrai, du graphisme de la pochette.

Ce dernier album reprend essentiellement les mêmes codes qui ont procuré le succès à la formation par le passé : un rock lourd aux guitares agressives et saturées, un rock qui secoue les oreilles et décoiffe, qui pourrait rappeler aux nostalgiques la belle période grunge de Nirvana ou de Pearl Jam (ou aux encore plus nostalgiques, le Zep’ des débuts).

« Je pense qu’il y a certaines tounes, comme J’aimerais ben ça aimer ça, tu peux clairement voir qu’il y a du Nirvana là-dedans », confirme Bujold, en entrevue avec Sors-tu?

Le côté psychédélique est absent des 11 titres de l’album afin de retrouver plutôt un penchant « plus abrasif, plus agressif », d’après le musicien.

La sonorité de .​.​.​qu’un cauchemar devienne si vrai apparaît effectivement comme dure, presque garage, bien que certains morceaux, comme l’ultime Effacer ta mort, dévoilent une atmosphère davantage calme et recherchée, non sans rappeler la chanson Fruit-dieu de l’album du même nom de Fuudge.

Les influences s’étendent encore, Bujold avouant qu’il essaie « de mixer [sa musique] avec des [éléments] des années 1960 ».

« En même temps, il y a un peu de Beatles, parce qu’il y a des harmonies à deux voix », suggère-t-il.

Des textes sans détour

David Bujold ne possède pas la plume la plus raffinée de la scène musicale au Québec : il est souvent nécessaire de s’accorder plus d’une écoute pour découvrir la profondeur de ses textes, à phrases courtes et corrosives.

Des phrases mordantes, voire hargneuses, relatives à des styles comme le métal ou le hard rock, sont à dénoter dans l’entièreté de l’album. « Parce que moé j’aim’rais mieux m’crever les yeux que d’avoir à r’garder dans ce miroir-là », chante-t-il par exemple sur le premier morceau Jusque dans la tombe.

À l’instar des autres albums du groupe, les textes du meneur de Fuudge sont encore une fois en français, teintés d’un vocabulaire québécois et décalé.

« Je pense que c’est naturel de chanter dans ta propre langue. L’anglais, je le parle comme n’importe qui en même temps, mais je ne le considère pas comme ma langue », confie David Bujold. « J’aurais l’impression de ne pas posséder [l’anglais], de ne pas pouvoir vraiment écrire avec les subtilités de cette langue-là, de ne pas pouvoir faire quelque chose d’intéressant », continue-t-il.

* Photo par Charline Clavier.

Pour la suite?

Fuudge lancera son album ce jeudi 11 mai prochain dans le renommé bar le Quai des brumes, à 21h, ainsi que ce vendredi à La Baleine Endiablée, à Rivière-Ouelle, et le samedi 3 juin au Pantoum, à Québec.

Si, quelques jours avant sa tenue, l’événement affichait déjà complet, c’est entre autres le résultat d’un choix du groupe : « On est conscients qu’on aurait pu remplir une place plus grosse, [mais] ça nous tentait de faire un show vraiment jam-packed, avec beaucoup de monde. Être serrés, entassés. »

Aux côtés de David Bujold performeront Olivier Laroche à la batterie, Pierre Alexandre à la basse et Vincent LaBoissonnière aux claviers.

À la suite du lancement, Fuudge ira se produire aux quatre coins de la province : le Lac-Saint-Jean, Sherbrooke, Rivière-Ouelle de même que Jonquière et Québec — dans le cadre du Festival d’été de Québec —, pour ne nommer que ceux-ci, figurent sur la route du quatuor.

L’idée d’une tournée européenne est finalement soulevée à la fin de l’entrevue : « C’est un gros investissement, aller en Europe. […] Ça reste à planifier, mais c’est quand même dans nos plans, à moyen terme, je dirais? », conclut David Bujold.

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