Entrevue | Dom La Nena : « Pour moi, la mélancolie n’est pas synonyme de tristesse »

Dans un restaurant d’hôtel montréalais, Sors-tu.ca a pu parler à Dom La Nena. La jeune Brésilienne sort son deuxième album Soyo le 3 mars, un opus plus festif et toujours aussi multiculturel. Récit d’une rencontre avec la très agréable musicienne.

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Photo de Jeremiah

Changement de pronom

À la sortie de son premier album Ela en 2013, Dom La Nena a obtenu un succès immédiat. Installée à Paris, la jeune artiste est donc partie en tournée un peu partout dans le monde avec ce premier opus, dont les titres avaient été écrits deux ans avant sa sortie.

Pendant ses multiples voyages, la musicienne a donc commencé à écrire les chansons de ce deuxième album Soyo. «La plupart des morceaux de Soyo, je les ai faits en tournée, dans des breaks, en rentrant à la maison… C’est vrai que j’avais très envie de retourner en studio et de faire un nouveau disque. Je n’ai pas eu beaucoup de vacances depuis les deux dernières années. »

Son premier album s’intitule Ela, qui correspond à « elle » en français. Ici, Dom La Nena a opté pour Soyo, un mot qui, a priori, n’a pas de signification. « La première chanson de l’album s’appelle La Nena Soy Yo, et je voulais appeler l’album comme ça d’abord. Et puis je trouvais que ça faisait trop de répétitions « Dom la Nena » « La Nena Soy Yo », et le visuel ne marchait pas. Donc je me suis dit « Je vais garder juste Soy Yo » qui veut dire « C’est moi ». Mais je trouvais que c’était trop littéral, et graphiquement, il y avait 2 Y qui se suivaient. »  Ce qui mena donc au choix de Soyo comme titre.

Et ce n’est pas par hasard non plus que Dom La Nena a choisi ce titre, car comme elle le dit «J’aime bien le fait d’avoir deux albums, de continuer dans la lignée des pronoms et de dire que c’est un album où je m’assume peut-être plus. » L’artiste est donc passer de « elle » à « moi ».

 

Saudade

Soyo est donc un album plus assumé pour Dom la Nena, sur les compositions et le fond des paroles. On retrouve à nouveau sur cet opus cette mélancolie si chère à l’artiste, et qui donne beaucoup de charme au résultat final.

Pour autant, Soyo est un album plus festif, et on ressent tout au long de l’écoute une certaine ambivalence entre cet aspect plus gai, et la mélancolie sous-jacente. Cette ambiguïté n’en est pourtant pas une pour la principale intéressée. «Pour moi, la mélancolie n’est pas synonyme de tristesse, c’est vraiment deux choses totalement différentes. Je voulais vraiment encore une fois souligner que je suis quelqu’un de très mélancolique. J’adore la musique romantique, j’adore le XVIIIe siècle, j’adore tout ce qui est dramatique et mélancolique. […] C’est parfois plaisant et joyeux de se souvenir de choses, d’avoir un bon souvenir. »

Se cache alors peut-être aussi derrière tout cela un aspect culturel différent. On pense ainsi au mot « saudade », terme portugais intraduisible en français, et qui exprime ce sentiment mélancolique et nostalgique, sans pour autant évoquer la peine ou la douleur. « Parfois tu dis « Quelle saudade j’ai de mon enfance ! » mais vraiment en pensant à des bons souvenirs. […] Le sentiment qui te vient est plutôt joyeux en pensant à ce moment. »

 

Multiculturelle

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Photo de Jeremiah

Ce que l’on peut dire également de Soyo, c’est que l’on y ressent encore plus l’aspect multiculturel de Dom La Nena. Son enfance entre le Brésil et la France, son adolescence en Argentine, et ses multiples voyages, ont profondément marqué l’artiste, et cela se ressent énormément dans chaque morceau.

Le Brésil et son côté festif sont ainsi très présents sur l’album. « J’écoute énormément de musique brésilienne, c’est presque ce que j’écoute le plus. Et je pense que c’est quelque chose, même si je n’habite pas là-bas, que j’ai grandi dans plusieurs endroits, qui est quand même très profond. C’est dans le sang, c’est ma culture. […] Comme j’avais envie de quelque chose de plus festif, de plus solaire, c’était aussi naturel que ça vienne d’une façon de plus brésilienne, de plus latine. »

En plus de cela, Dom La Nena chante en 4 langues différentes sur cet album : le portugais, l’espagnol, le français et l’anglais. Des langages qui viennent selon l’émotion que l’artiste souhaite faire passer: « Pour moi, je ne choisis pas les langues, les langues viennent par rapport à la sonorité. C’est très musical, il y a certains sons, certaines mélodies qui correspondent mieux à des sonorités d’une autre langue. Un autre truc qui ne s’explique pas non plus, c’est qu’on a tendance à parler plus de certains sentiments en une langue, certains dans d’autres. C’est très inconscient. » Voyage sonore garanti.

 

Travailleuse solitaire

Ce deuxième album rassemble donc un peu tout ce qu’est Dom La Nena. L’album, elle l’a d’ailleurs écrit et composé seule, obtenant ensuite l’aide de Marcelo Camelo à la réalisation et à l’enregistrement. « Je suis quelqu’un de vraiment solitaire dans l’écriture, même au moment d’enregistrer. […] J’aime bien créer le truc dans mon coin et ensuite le montrer. »

Soyo a ainsi été enregistré en partie chez Dom la Nena, sans ingénieur du son, car elle aime le côté « homemade ». Cet aspect est aussi important pour elle sur scène. Accompagnée seulement d’un deuxième musicien pour sa prochaine tournée, Dom La Nena souhaite retranscrire le côté artisanal de l’album. « Je voulais plutôt entrer dans quelque chose de plus intime. Malheureusement je n’ai pas huit bras , j’avais besoin de quelqu’un pour m’aider ! (rires) »

 

Dom La Nena sera en concert au Gesù le 21 mars et en tournée au Québec ce mois-ci.

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