Entrevue avec Vincent Khouni | Passer l’épreuve du temps
En se lançant en solo, Vincent Khouni (aussi leader du groupe rock montréalais Double Date with Death) désirait créer un projet qui pourrait passer l’épreuve du temps, qui pourrait lui coller à la peau longtemps. Le résultat est un voyage en douceur porté par les sept titres feutrés et intimes de ce premier album. La veille du lancement officiel de 8:12pm à la Casa del Popolo, Sors-tu? a eu l’occasion de s’entretenir avec lui.
Écrire et composer par instinct
Les textes lui viennent naturellement, il ne peut pas les forcer. Ils sont plus imagés en anglais, plus intimes en français. Ça se remarque d’ailleurs. Dans Here now et Strange Epiphany on l’entend être conteur, philosophe. Dans Exil ou La Vallée, il se confie sur des histoires de sa vie. C’est sans doute parce qu’on découvre sur 8:12pm plusieurs de ses facettes que se dégage rapidement une agréable impression de proximité avec l’artiste.
Je fonctionne par instinct, les accords que je joue, je sais que cela fonctionne.
Sans formelle formation musicale, côté composition c’est sur une guitare Arial 12 cordes que les premières notes de l’album ont pris forme, inspirées des albums solos de John Lennon et George Harrison et de l’artiste brésilien Tim Bernardes.
D’autres riffs sont venus à lui alors qu’il composait avec DDWD, mais ont plutôt été exploités du côté solo de la force, là où la douceur avait le champ libre. C’est d’ailleurs une production à la Andy Shauf que Khouni et ses deux co-réalisateurs Emmanuel Alias (Alias) et Guillaume Chiasson (Bon Enfant) ont cherché à produire. La voix est mise de l’avant, la batterie est un peu étouffée. Une réalisation qui permet d’apprécier pleinement les texte et la voix de l’auteur-compositeur interprète.
La cassette vierge qui ne l’était pas
Alors que les premiers albums de la plupart des artistes portent le nom de leur créateur, Vincent Khouni a voulu donner du caractère à son projet dès le premier album en le titrant. Mais toujours dans une démarche intuitive, le titre n’est pas venu de lui, il est venu à lui. L’anecdote derrière le mystérieux titre 8:12pm est savoureuse.
Emmanuel Alias, qui selon Khouni est un « trippeux de bébelles vintage », lui a demandé d’échantillonner des bouts de conversations, des sons de guitares en train de se faire accorder, et autres hasards sonores afin d’agrémenter l’album de sons impromptus.
L’enregistreuse d’occasion achetée en ligne pour cette mission était offerte avec trois cassettes supposément vierges, mais dont une finalement contenait un enregistrement mystérieux.
Aujourd’hui, le lundi 3 décembre, elle ne dort toujours pas. Il est 8:12pm, elle ne dort toujours pas.
On peut d’ailleurs entendre l’extrait au début de La même histoire. Qui ne dort pas à 8:12pm, et pourquoi ce message semble avoir été télégraphié en temps de guerre? On connaît maintenant la provenance du titre de son premier album, mais le mystère autour de ce qui s’est passé à 8:12pm demeure entier.
Déjà, du nouveau matériel est en création
Son premier album n’est même pas encore officiellement lancé, que déjà Vincent Khouni a trois démos dans le fourneau. Un espèce de triptyque sur le thème de l’amitié autour d’une gomme balloune. Khouni a généreusement partagé avec nous les maquettes de ses trois démos qu’on a découvert avec grand intérêt.
On reste dans la pop sulfureuse, psychédélique mais selon ses propres mots dans une approche plus « cute et sucrée ». Les mélodies sont un peu plus prononcées, plus faciles à fredonner. C’est peut-être cela que veut dire « cute et sucrée ». Les incursions de synthétiseurs ajoutent une texture intéressante à des compositions qui s’inscrivent tout de même dans la continuité de 8:12pm. Khouni cherche à donner une couleur french pop à la Air dans ses nouvelles compositions, et c’est réussi.
C’est ce soir que ça se passe
Lors de son passage le 3 novembre dernier à l’Esco dans le cadre du Coup de cœur francophone (en plateau double avec Yocto), il nous avait fait bonne impression. Sa courte et excellente prestation avait attisé notre curiosité, une curiosité qu’on a assouvie depuis.
* PHoto par Morgane Dambacher.
Ce soir donc, Vincent Khouni jouera les titres de son premier album, mais testera aussi devant public ses nouvelles compositions. Le tout sera agrémenté de projections en lien avec le visuel de l’album, les couleurs caractéristiques de ses simples et les très beaux dessins d’Ève Laguë, une artiste visuelle montréalaise.
Pour entendre du pop-rock à la sauce Khouni, c’est un rendez-vous ce soir, jeudi 25 janvier 2024, à 21h00 à la Casa Del Popolo. Les billets sont disponibles en ligne par ici.
Les gens de Québec pourront aussi le voir à l’oeuvre le 13 février prochain lors d’une vitrine en compagnie de Cédric Langlois, Metò, Fleur de peau et Electric Neon Clouds. L’événement se tiendra au Centre (729 Côte d’Abraham), dès 19h. Détails par ici.
Un petit oiseau nous souffle également à l’oreille qu’on devrait avoir l’occasion de le voir à l’oeuvre lors d’un populaire concours-vitrine ce printemps… 🤐
- Artiste(s)
- DDWD, Vincent Khouni
- Ville(s)
- Montréal, Québec
- Salle(s)
- Casa Del Popolo
- Catégorie(s)
- Pop, Rock,
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