Cabaret Accents Queers

Entrevue avec Samuel Larochelle : Les Cabarets Accents Queers sur une lancée

Après six éditions qui parviennent sans mal à faire salle comble, c’est confirmé : la formule des Cabaret Accents Queers fonctionne. Parce que tous les genres (ou presque) y sont permis, que la programmation semble toujours plus diversifiée, qu’il faut se préparer aux larmes et aux grands éclats de rire, ou toutes ces réponses. Sors-tu? a fouillé la recette du succès du cabaret avec son instigateur, l’écrivain et journaliste Samuel Larochelle.

« Ça me stresse de remplir l’Usine C, admet l’auteur, mais on réussit. » À la Maison de la culture Janine-Sutto à ses débuts, le Cabaret Accents Queers s’est maintenant approprié les quelques 450 sièges de l’Usine C. La prochaine édition du 22 mars s’y tiendra pour une seconde fois, et le quart des billets disponibles s’était déjà envolé avant l’annonce des invité.es.

Il y a pourtant de quoi s’emballer des artistes qui se partageront la scène en fin de semaine. Samuel Larochelle, qui jongle avec la production, l’animation et la prose, sélectionne avec soin les noms qui réciteront chacun deux ou trois textes de leur cru au fil de la soirée. À commencer par l’artiste multidisciplinaire 2Fik, que l’écrivain a dans sa mire depuis le tout premier cabaret, en 2021. « Il ne se sentait pas à l’aise à l’époque de mettre ses mots de l’avant, mais là, il a dit oui », se réjouit-il. On connaît surtout l’artiste d’origine marocaine pour ses œuvres de performance et de photographie à grande échelle. Mais « ses textes, c’est de la bombe », assure Samuel.

La réalité des personnes bispirituelles (ou two-spirit) se taillera une place sur sècne vendredi grâce aux mots de Moira-Uashteskun Bacon. L’autrice de la communauté innue de Mashteuiatsh a fait paraître son premier roman Envole-toi, Mikun l’année passée. On y suit une jeune femme innue qui tente de faire sa place auprès d’un groupe d’amies allochtones, et qui navigue à travers un large spectre d’identités et d’orientations sexuelles.

Deux bagages bien différents, vous vous direz? C’est exactement ce que vise Samuel Larochelle. « Je n’oriente pas les sujets, je n’édite pas les textes », indique-t-il. Un seul critère : que les textes choisis traitent d’une forme d’expérience LGBTQIA2S+. Les cabarets ont vu passer une trentaine de personnes au fil de ses éditions, « et personne n’a parlé de la même chose ». Un fait anecdotique qui prouve qu’il y a autant de vécus que de personnes queers, selon l’écrivain.

Se voir sur scène

L’humoriste Maxime-Ève Gagnon, la conteuse Véronique Bachand et le dramaturge David Paquet complèteront cette septième édition. « À chaque cinq minutes, l’attention du public est renouvelée. En terme de tonalité émotive, ça donne un kick », exprime le créateur de l’évènement.

Le contenu du Cabaret Accents Queers jure en effet avec d’autres soirées organisées par des membres des communautés LGBTQIA2S+, où l’humour et le divertissement sont souvent centraux. La multidisciplinarité du cabaret permet selon Samuel Larochelle plus d’occasions de se reconnaître, « d’entendre des histoires qui font écho à nos vécus ». Même si parfois, ces derniers sont plus gris, même difficiles à entendre.

Les évènements d’actualité dont les communautés queers sont souvent la cible ces derniers temps ne font pas trop ombrage à la magie des cabarets, confirme Samuel. Les interventions plus politiques y ont toujours trouvé leur place de toute façon, nous dit-il, et ce, depuis la première édition. L’humour sera bel et bien invité à l’Usine C, mais aussi la chronique intime, l’opinion, la poésie et même le slam.

N’empêche. On ne change pas une recette gagnante. Le public pourra sécher ses larmes ou diluer son indignation dans la musique du DJ Steven Ross, qui donnera à l’Usine C des allures de boîte de nuit à la suite du cabaret. « Si ça devient un lieu social ou de flirt, pourquoi pas? », s’amuse Samuel. Question de pousser la multidisciplinarité jusqu’au bout.

La flamme des Cabarets Accents Queers, qui n’est pas près de s’éteindre, se rendra notamment en Outaouais cet été et à Rouyn-Noranda l’année prochaine. « Le petit gars de région que je suis tient à faire briller la queerness à l’extérieur de Montréal », insiste-t-il, où elle est aussi bien vivante.

Les billets pour la soirée du vendredi 22 mars, au coût de 20 $, sont disponibles ici.

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