Rymz

Entrevue avec Rymz | Petit Prince 2.0

Rymz, le nom qui est sur toutes les lèvres depuis quelque temps alors qu’on murmure à gauche et à droite qu’on a affaire au phénomène hip-hop de l’année. Au cours des dernières années, le jeune rappeur originaire de St-Hyacinthe a su tailler sa place dans le monde du rap québécois et en est à son deuxième album solo. Petit Prince, qui sort aujourd’hui même sur l’étiquette Silence d’or,  témoigne de l’aplomb du rappeur et de la maîtrise avec laquelle il exerce son art.

En 2014, il faisait paraître son premier album solo, Indélébile, qui a connu un franc succès et qui s’est écoulé à plus 6000 exemplaires. Le moins qu’on puisse dire c’est que quand il fait quelque chose, il ne le fait pas à moitié.

Petit Prince

Le titre de ce nouvel album est évidemment inspiré de l’oeuvre de St-Exupéry.  Les idées qui sont abordées dans le livre rejoignent profondément le rappeur. «On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux», une phrase qui représente en quelque sorte son leitmotiv.

Le Petit Prince ça fittait tellement avec l’univers que j’avais déjà installé en faisant l’album. Il faut dire aussi qu’à la base, je parle souvent de princes, de princesses, de fleurs et que mon animal fétiche c’est le renard. Ceux qui ont écouté Indélébile le savent. Bref, c’est l’univers qui entoure l’oeuvre qui m’interpelle; le fait d’être seul sur sa planète.

Le videoclip de Petit Prince qui est sorti le 25 avril dernier reflète d’ailleurs bien l’ambiance qui émane de l’album alors qu’il débute avec une citation d’Antoine de St-Exupéry.

J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable.

On ne voit rien. On n’entend rien.

Et cependant quelque chose rayonne en silence.

Le petit prince, c’est lui, Rémi Daoust, mais c’est aussi tous les petit gars qui viennent à ses spectacles et qui le regardent avec des étoiles dans les yeux.

«Quand je vois tous les kids qui viennent à mes shows, je me vois en eux, ça me rappelle quand j’étais moi-même un petit gars. Ce sont eux les petits princes!»

Du plus loin qu’il se souvienne, Rymz a toujours écrit. Pas nécessairement des chansons, mais des textes, des poèmes.

«Ce n’est pas vraiment «cool» d’écrire quand t’es au secondaire, mais un jour j’ai acheté l’album de Dr. Dre sur lequel il n’y avait que des beats. J’ai réalisé que je pouvais adapter mes textes à la musique. C’est là que tout a commencé. J’avais même préparé un numéro que j’ai présenté au show de l’école. C’était pas super bon, mais j’ai su c’était le début de quelque chose (rires).»
L’aisance avec laquelle Rymz manie les mots et les assonances atteste de toutes ces années passées à mettre sur papier ses états d’âme et le reflet de ses sentiments.

Photo par Marc Desrosiers

Photo par Marc Desrosiers

Un gros rush

L’album a été composé dans un laps de temps très court qui compte plusieurs nuits où le sommeil était rare et la musique était forte.

«C’était vraiment un gros rush. La majeure partie de l’album a été faite en environ trois mois. Il y a aussi un verse que j’ai composé quand j’avais 15 ans et que j’ai finalement pu utiliser. Ceux qui sont attentifs et connaissent mon style vont sûrement pouvoir le reconnaître».

La musique c’est l’exutoire de Rymz. Tout y passe: sa rage, sa tristesse, sa colère et ses doigts d’honneur à tous ceux qui n’ont pas cru en lui… Ses émotions gouvernent son art et c’est justement parce qu’il leur est fidèle qu’il arrive au résultat que l’on connaît.

«Même si ça peut paraître cliché, je pense que ce sont les émotions qui sont à la base de la musique et qui en alimentent le feu.»

Petit Prince est un album qui présente un son lourd, grisant avec des textes qui traduisent un questionnement éternel et une faim insatiable. Il y est question d’ambivalence entre la liberté et l’appât du gain à savoir s’il vaut mieux tout avoir, mais ne pas être libre ou ne rien avoir, mais être libre.

«Je ne sais pas la réponse et peut-être qu’il n’y en a pas. Je change d’idée constamment et l’album renferme justement plusieurs contradictions et des contrastes qui viennent mettre en lumière ce dilemme.»

 

Les yeux du coeur

Rymz est réputé pour ses punch lines provocateurs et la fougue qui l’anime sur scène. Son plus grand mérite est probablement de parvenir à transmettre sa rage de vivre à son public. On n’est donc pas trop surpris d’apprendre que les shows sont ce qu’il aime le plus faire. Et des shows, il en a fait plus de 300 un peu partout à travers le Québec. Son fan base est loin de se limiter à la métropole; il s’étend à travers les quatre coins du Québec.

«J’ai déjà fait des shows dans des réserves sur la Côte-Nord et c’était fou! T’as jamais vu du monde aussi heureux d’assister à un show. Ta vraie reconnaissance au fond, c’est de voir dans les yeux de quelqu’un que tu l’as touché, qu’il te feel. »

Pour lui, le rap c’est quelque chose de solide, parfois brutal, mais surtout sincère. Aussi dure la vie peut elle être, aussi dur le rap peut l’être. Le hip-hop authentique demeure quelque chose d’underground qui n’est pas toujours fait pour être commercial.

Je n’ai jamais visé passer à la radio. Je fais de la musique pour moi, pas pour plaire à qui que ce soit. Je pense que c’est important de rester fidèle à soi-même et d’écrire parce qu’on a des choses à dire.

La tangente américaine

Alors que le rap québécois suit présentement une tangente très américaine, l’artiste a su tirer profit de cette tendance en livrant des textes aussi percutants que d’habitude mis en valeur par des beats bien solides et bien lourds.

«Même en suivant le courant québécois, on perçoit facilement l’influence des States. Il faut dire que le travail des beatmakers est fondamental. Je leur dis quelle direction je veux prendre, mais ils ont eux-mêmes leur propre style.»

Comme les membres d’une grande famille, Rymz s’entoure toujours de ses amis qui ont tous en commun d’être passionnés par la musique. En tout, il a travaillé avec cinq producteurs différents, mais qui gravitent tous dans son univers. On parle de Neo Maestro, de Gary Wide, et des habituels Farfadet, Ruffsound et Shash’ U. on retrouve aussi sur l’album, plusieurs collaborations avec différents artistes.

« Les amis c’est la famille, dit-il avec un sourire. On passe tellement de temps ensemble qu’on finit inévitablement par faire de la musique. Ça se fait tout seul. Pour l’album, j’ai vraiment fait confiance aux gars. Je les ai suivis all the way et je suis vraiment fer du résultat.»

Sur scène, Rymz est accompagné de son DJ et son batteur et l’énergie est à son comble. Des spectacles de lancement sont prévus à Montréal (L’Astral) le 29 avril, à Saint-Hyacinthe (La Scène) le 6 mai et à Québec (Explicit Bar) le 7 mai.

Il sera ensuite de retour à Montréal le 11 juin pour un spectacle au Club Soda conjointement avec Souldia, avec qui il lancera l’album Amsterdam. Une présence est également prévue au Festival d’été de Québec le 13 juillet.

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