Nightseeker

Entrevue avec Paul Spence aka Deaner | De Fubar à Nightseeker

Un vrai groupe sorti d’un faux documentaire : Nightseeker sortira vraiment son premier album ce 19 avril 2018 avec un lancement en chair en en os (et moustache) au Théâtre Sainte-Catherine. Sors-tu.ca rencontré l’homme derrière ce projet, le roi du calage de Pilsner, bassiste, chanteur et parolier du groupe : Paul Spence, aka Deaner Murdoch. On a jasé Spinal Tap, bière, dragons et concerts.

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Il faut d’abord et avant tout savoir que par Fubar, on entend ce premier long métrage en 2000 qui se voulait un faux documentaire. Est venue en 2010 une suite acclamée, suivi d’une série sur Vice en 2017 intitulée Age Of Computer. Ceux-ci nous présentaient deux rockeurs qui vivaient au jour le jour et habitaient dans les années 90, se heurtant au monde moderne et normal dans un fracas destructif inondé de bière, sur fond de bon vieux hard rock. L’un des deux anti-héros, Deaner Murdoch, est joué par Paul Spence, que nous avons rencontré sur le Plateau.

La naissance de Nightseeker

L’écriture de musique commence avec le premier film. « Après avoir tourné Fubar I, il a fallu écrire et enregistrer des chansons parce qu’on avait pas le cash pour payer les droits pour utiliser des gros hits », raconte celui a qui composé la trame sonore du film. C’est seulement dans le film Fubar II que Deaner monte le groupe Nightseeker, et que le concept apparaît pour la première fois. À la surprise de Paul, le groupe réussit à sortir du film puisque plusieurs personnes veulent les voir en vrai. C’est alors qu’il réalise la demande existante, expliquant qu’il avait reçu « plusieurs offres après le film pour faire jouer le groupe ».

C’est ainsi qu’il recrute notamment le chanteur-guitariste de Metalian, Ian Wilson, qui avait enregistré des voix dans le film, notamment lorsque Deaner perd son deuxième testicule et chante plus aigu. « Je suis allé les voir jouer au Barfly, j’ai adoré, et j’ai demandé à Ian de venir jouer dans mon groupe. » S’en suivra une tournée d’un mois à travers le Canada. « Je pensais que ça serait juste un one shot deal » confie Paul Spence.

« Ça s’est bien passé en tournée, mais les gens connaissaient pas les chansons, comme elles sont dans la trame sonore du film où la musique est souvent en arrière. Enfin, ils étaient tellement saouls que généralement, c’était pas tant un problème! (rires) » D’où l’idée de sortir un album. Reste un problème : personne n’en voulait. « J’avais monté un dossier pour faire une demande à Factor Music, pour faire juste une démo, et j’ai reçu une réponse vraiment bête, genre que c’est un rip-off de Black Sabbath cheap. On continuait à tourner, mais aucun label ne voulait de nous. »

C’est finalement en 2017 que l’opportunité se présente. Plusieurs chansons sont écrites pour la série TV sur Vice, Age of Computer, et un album est enfin enregistré. Dix titres heavy-metal avec un son quand même vintage, variés, une touche très 80s, truffés de bons riffs et mélodies. Sa préférée? Dragon’s Lair.

3069, A Space-Rock Sex Odyssey: Un concept aussi improbable que Deaner

« J’ai toujours aimé l’écriture, j’adore les albums concepts comme The Wall de Pink Floyd, par exemple. Ce n’est pas juste des chansons sans lien. » Ainsi nous vient le premier album de Nightseeker3069, A Space-Rock Sex Odyssey. « Deaner est un personnage tellement extrême qu’avec lui, je pouvais aller super loin. Le concept, c’est qu’il va avoir une fille à qui il confiera la continuité de la lignée familiale jusqu’en 3069 pour sauver l’humanité de l’apocalypse, avec son arrière-arrière-arrière petit-fils qui s’appellera Dean aussi. Tu vois à quel point c’est ridicule ! (rires). »

Et la pochette. Quelle pochette! « Une femme avec un laser, débout sur une planète et tout, c’est vraiment nul! Tu en parles à une fille et elle te prend pour un ado perdu ! (rires) Mais donc je peux me servir du personnage de Deaner pour pousser le concept ». Une belle pochette donc, dessinée à la main par un artiste européen, dragon, planètes et princesse inclus: un chef d’œuvre kitchissime de power-metal à son paroxysme, horrible ou génial selon les goûts. Et chaque chanson de l’album a une peinture pour l’illustrer. « Royal Mountain Records ont vraiment embarqué jusqu’au bout pour réaliser le projet. »

De Paul à Deaner : qui sont-ils, se ressemblent-ils  ?

Creusons un peu plus derrière le personnage. Paul Spence est originaire d’Alberta, là où se déroulent les films Fubar. « J’ai commencé à jouer dans des groupes punks et garage à 16 ans. » Il avait alors trois passions : le hockey, le théâtre, et les films. « Il a fallu que j’en lâche un: le hockey. Mais c’était un bon choix, parce que j’ai ramassé un maximum de filles. Tout le monde joue au hockey, mais pas dans un groupe! »

Le charme des musiciens, c’est une chose, mais pourquoi Deaner est-il bassiste? « J’ai toujours aimé cet instrument, je le trouve sous-estimé. J’aime par exemple Cliff Williams (AC/DC), il ne dit pas grand-chose, il est discret, mais tu sens que quelque chose se passe derrière ses yeux. Et je trouvais ça drôle que Deaner prenne ça vraiment au sérieux, la basse, surtout en n’ayant pas d’ampli. C’est n’importe quoi ! (rires) ».

Quand vient le moment de caler des bières, dans les films, il ne fait pas semblant de boire et détruire des choses. « Non non, il a bien fallu que quelqu’un le fasse ! (rires) » Alors où est la frontière entre Paul et Dean ? « Côté social, Dean est bien moins au courant que moi. Moi, je suis beaucoup plus sensible, aux croyances libérales de gauche. Dean, lui, il fonce tout droit sans regarder autour, ni à droite ni à gauche. Niveau party, c’est sûr que quand j’avais 20 ans, j’étais un monstre du party! Il n’y avait pas de grande différence entre moi et Dean. Je faisais tout pour impressionner le monde après quelques bières ». Côté musique, on s’aperçoit que les deux se rejoignent. « Je n’aurais pas passé ces mois et ces années à écrire et à enregistrer de la musique que je n’aime pas. J’écoute plein de choses, mais le métal et le hard-rock ont une place spéciale dans mon cœur. »

« J’aime le métal parce que même si c’est toujours en changement, il y a toujours un retour aux sources à un moment. Il y a eu le black metal, le nu-metal, mais il va toujours y avoir des générations pour ramener les bases, les classiques: un bon Marshall, une basse qui ne sonne pas métallique et un drummer simple qui n’est pas une machine de guerre musclée. »

Nightseeker explore la frontière délicate entre faire du hard rock sérieusement, et y incorporer un aspect fiction humoristique. « Je vois la différence dans nos concerts. La foule au début, c’était principalement des fans du film Fubar, mais de plus en plus on voit des gars en manteaux de cuir noir. » Donc, les métalleux s’intéressent. « Si on faisait un genre de spectrum entre Spinal Tap d’un bord, une parodie où les musiciens sont juste corrects, et Steel Panther de l’autre, qui sont des méga-musiciens avec des paroles parodiques et un spectacle pas sérieux, je pense que Nightseeker serait un peu entre les deux, même si je préfère Spinal Tap personnellement. Les chansons sont mieux écrites. Steel Panther font juste prendre un morceau de Ratt et rajouter un truc cochon. Pas de génie musical. »


Cale ta bière : première exclusive en français !

Le morceau Shotgun Beer a été le premier extrait dévoilé. « C’est un hymne contre ceux qui veulent te dire quoi faire. » Se calmer, boire moins, se poser. « Tu dois faire des choix, mais tu ne dois pas forcément vider le bac et mettre tes disques de métal à la poubelle. Il faut rester soi-même, c’est important. Même Dean, il doit se rendre compte que oui, il devient plus vieux dans la scène, mais ça ne l’empêche pas d’être un leader du party. Shotgun Beer, c’est une façon de se motiver. Ton boss est pas cool, la job va mal : non, tu te laisses pas faire, let’s Shotgun Beer, tu ne vas pas te démoraliser ».

Et quoi de mieux pour un lancement en sol québécois que de sortir une version française ? « Moi je trouve franchement que la version française est mieux sortie que l’originale. Ça change le ton. » Le « Cale! » du refrain a effectivement plus d’impact que le « Shotgun« . Et selon Paul Spence, c’est le plus long tabarnak jamais enregistré! Voici donc en exclusivité sur Sors-tu.ca, la version française de Shotgun Beer, Cale ta Bière :


La suite des choses

Quels sont les projets futurs de Nightseeker ? « Pour l’instant, on va faire des petites tournées au Canada et États-Unis. On verra comment ça se passe. » Il y a aussi un prochain vidéoclip qui arrive, pour l’excellente chanson Nightseeker. « On a tourné ça vraiment cheap en deux heures sur le Mont Royal et on l’a envoyé à un gars qui fait du montage digital. Il y a un genre de squelette avec un manteau de cuir qui danse et fait des fingers, c’est vraiment n’importe quoi (rires)! » Et ça commence avec un lancement montréalais. Est-ce que Shotgun Beer sera chantée en français ou en anglais? Le seul moyen de savoir, c’est de se rendre ce jeudi 19 avril au Théâtre Sainte Catherine

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