crédit photo: Marie-Emmanuel Laurin
Lumière

Entrevue avec Lumière | Le réconfort de l’exutoire

Batteur de Bon Enfant, Étienne Côté compte d’autres cordes à son arc. Glam, le plus récent album de son projet solo, Lumière, s’est récemment vu nommer dans la catégorie « Album rock de l’année » au Gala de l’ADISQ 2023. Une consécration qui semble se dessiner peu à peu pour l’artiste.

Sors-tu? s’est entretenu avec Lumière au début du mois de septembre dans le cadre du Festival de musique émergente à Rouyn-Noranda, assis par terre entre deux buissons, non loin de La Guinguette, où se produira l’artiste plus tard dans la soirée. Un contexte atypique, collant parfaitement à l’univers proposé par Côté.

« Je pense que le personnage [de Lumière] en soi est parti de moi, avant de se détacher tranquillement. C’est une version idéalisée de moi-même. C’est comme ça que je le qualifierais », décrit Étienne Côté.

Lumière et Côté, il ne faut pas les confondre. L’un se produit derrière les batteries du groupe pop-rock montréalais Bon Enfant, plutôt dans l’ombre, tandis que l’autre s’accorde justement toute la lumière des projecteurs.

« Ça me change un peu d’être devant la scène, de devoir chanter, d’assumer un rôle de leader », détaille l’artiste. Différent au niveau artistique, oui, mais il faut se rendre à l’évidence que le projet dépasse ces limites.

* Lumière au Show de ruelle, dans Hochelaga, à l’été 2023. Photo par Pierre Langlois.

« Au début je parlais d’alter ego, ce qui veut dire que c’est la même personne, un peu, mais un genre de complice. Je pense que ça reste encore vrai, mais on dirait que là, je me permets davantage d’assumer un personnage qui est exubérant, qui se gêne pas, qui est fonceur », énumère-t-il. Rencontrant parfois des difficultés à s’affirmer, Étienne Côté trouve un exutoire quand il se glisse dans la peau de Lumière.

« Quand j’arrive sur scène, je deviens la personne que j’ai envie d’être, explique le musicien. C’est-à-dire que, c’est pas que je mets mon humanité de côté, ma sensibilité de côté, c’est que j’ai du mal à tolérer que sur scène, les artistes puissent amener avec eux leur peur, leur doute, leur vulnérabilité », précise-t-il, corrigeant à l’instant que la vulnérabilité rime pour lui avec la sensibilité, pas dans le même ordre d’idées que les autres aspects nommés.

« Je me dis que le public a envie de voir quelqu’un qui n’a pas peur d’être soi-même, qui est capable de dire des choses haut et fort, sans gêne », continue l’artiste.

* Lumière au FME. Photo par Christian Leduc.

 

La recherche de soi

Après avoir lancé son premier album, A.M.I.E.S.A.M.O.U.R, en 2021, Lumière nous revient ce printemps avec Glam, un projet racontant l’histoire curieusement semblable à la vie de l’artiste d’un jeune homme quittant la campagne pour la ville.

Lumière, ça parle toujours d’une quête. Soit une quête d’émancipation, ou autre, une quête d’amour. Là, avec Glam, c’est la quête de succès, la quête de transgresser un peu son individualité pour aller rejoindre le monde, encore.

« J’aime bien choisir des histoires qui [te font réaliser que ce n’est] peut-être pas une si bonne idée que ça de viser si haut, poursuit-il. Comme par rapport à l’amour, est-ce que trouver l’âme sœur, l’amour-passion, c’est quelque chose qui va vraiment te rendre heureux? Est-ce que d’être célèbre, c’est quelque chose qui va vraiment te rendre heureux? Peut-être pas », lance Lumière.

Encore une fois, drôlement autobiographique pour l’artiste québécois qui a vécu en 2022 le rythme effréné de la tournée de la chanteuse française Clara Luciani, l’accompagnant en première partie.

« Clara c’est différent, parce qu’il y a comme une espèce de fame vraiment incroyable en France, c’est fou. Ce sont des Zéniths de 5000 à 8000 places et une équipe d’à peu près 50 personnes qui la suivent dans trois tour bus, six camions, raconte le musicien. C’est moins dans le partage. Faire ça m’a fait rendre compte que j’apprécie, au fond, de manipuler moi-même mes instruments, monter mon drum moi-même avec Bon Enfant, continue Lumière. C’est un format, on dirait, qui fait rêver, de se rendre là un jour. Mais moi j’aime ça faire des petites salles, où je rencontre l’équipe sur place. Plus gros, c’est pas nécessairement mieux », partage-t-il.

* Photo par Jean-François Sauvé.

Lumière et ses musiciens tourneront jusqu’en mars prochain pour présenter les morceaux de Glam sur scène, après des passages à Fierté Montréal, au FME et au Festival de musique Artefact durant l’été, notamment. L’artiste natif de Sainte-Antoine-de-Tilly ressent malgré tout un goût de trop peu.

« Je voudrais en faire plus, lance-t-il d’emblée. Mon souhait ce serait d’avoir une surprise, comme l’été prochain, pis de pouvoir partir avec le band, faire des mini-tournées, d’avoir plusieurs concerts d’affilée. Le spectacle va vraiment pogner une coche, si je peux utiliser cette expression-là. Ça va vraiment prendre du galon avec les shows. Plus on en fait, meilleur c’est, poursuit-il dans la même optique. J’aimerais ça atteindre un niveau supérieur. »

En fin d’entrevue, la question abordant la suite pour Lumière est soulevée.

« Il y a comme une progression à date : émancipation, amour. Mais il y a toujours un sacrifice à faire. J’ai pensé peut-être à un retour en nature, relève l’artiste. Ça pourrait m’intéresser, même si ça veut pas forcément dire que ça va être ça », continue Lumière.

« J’ai des projets de maison en campagne, je sais pas si ça va se réaliser bientôt. Je pense que j’aimerais bien explorer ça », termine l’artiste montréalais, armé de ses belles lunettes rondes caractéristiques.

Après deux projets quasi-autobiographiques, le musicien avoue à demi-mot ses désirs futurs, toujours sous la forme d’un projet signé par son alter ego.

Ce n’était pas Étienne Côté qui nous parlait, c’était Lumière.

* Photo par Jean-François Sauvé.

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