Entrevue avec Loud | Il n’y a pas le feu au lac
Douze sur douze. Qui paraîtra le 12 décembre, douzième mois de l’année. Ce n’est pas très orthodoxe, mais pour aller au bout de la blague, il devrait même être lancé à 12h12 ce vendredi! Loud, alias de Simon Cliche, précurseur du rap kebz, revient cette semaine avec un quatrième album, son premier depuis 2022.
« Je me soucie pas trop des questions de trends. Je n’ai jamais tellement cherché à y adhérer non plus. Je pense même que, dans un monde où tout est dans l’exécution, tout va vite, où on est habitué à être bombardé, il y a peut-être un plus-value à faire l’inverse. »
Celui qui n’adhère pas aux modes, mais qui en était devenu une il y a huit ans avec Toutes les femmes savent danser, crée sans trop se poser de questions. Pas de délai, pas d’urgence. Plus de trois ans sans musique, pourtant, c’est long. Une tranche importante de la population scrolle depuis des années en quête de constante nouveauté, en quête du prochain « 67 », du futur chocolat Dubaï qui mourra pourtant d’ici quelques semaines.
Loud connaît le revers de la médaille de son comportement. « Ça vient peut-être avec des inconvénients aussi, parce que c’est difficile de rester dans l’esprit des gens de nos jours quand on n’est pas constamment présent. C’est ça, je l’assume. »
* Loud à La Noce, en 2022. Photo par Normand Trudel.
Douze mois sur douze
Loud a à peu près commencé à travailler sur son album il y a un an, en décembre 2024. Douze sur douze représente donc les douze mois de l’année qui ont été nécessaires à sa confection. « C’est comme une philosophie que je veux appliquer, cette idée-là d’un travail en continu. Lentement, mais sûrement. Donc je le vois aussi comme un slogan d’une certaine manière. »
Et alors, ce Douze sur douze, il va ravir aux amateurs d’un Loud aux bars assassines, ou plutôt à ceux qui préfère un Loud plus pop et près de soi?
« Il y a plusieurs vagues dans l’album, plusieurs mouvements. Je pense qu’il y a un bel équilibre entre différentes facettes de ma personnalité, je me reconnais beaucoup dans à peu près tout le projet. Il y a des moments qui sont plus personnels, qui sont très intimes à la limite. On est plus dans la vie privée, ou même dans les confessions, dit le rappeur. Mais il y a aussi tout cet aspect-là du spectacle, l’aspect un petit peu plus sportif, compétitif. Il y a des chansons qui sont plus musclées. »
* Loud aux Francos, en 2023. Photo par Pascal Leduc.
Loud fait partie de la première vague de rappeurs qui ont cristallisé, au milieu des années 2010, un mouvement que l’on appelle aujourd’hui le « rap kebz ». Aux côtés de FouKi, Shreez, Koriass… Des noms que l’on connaît depuis un petit bout de temps déjà. Si le son du rap québécois était autrefois plus uniforme, il s’est depuis ouvert à d’autres genres musicaux, alors que l’on entend de plus en plus des influences R&B et d’afrorap dans les nouveaux projets de hip-hop.
« Je pense qu’une scène en santé a besoin d’avoir plus de variété. Il y a besoin d’avoir des sous-cultures, des nouvelles branches qui naissent. Il y a des mouvements qui sont portés par des nouveaux joueurs, par des jeunes, pis ça vient avec un nouveau public aussi. Je pense que ça, c’est un très bon signe. Je suis très optimiste par rapport à l’avenir du rap québécois, même si on est peut-être pas au même sommet [auquel] on a été en termes de représentation ou de rayonnement. Je pense que de voir un peu ce qui s’en vient comme nouvelle vague, ça a plus de valeur que de préserver ce qui est déjà en place en ce moment. »
Sur ce nouvel album, Loud a échantillonné des chansons d’Ariane Moffatt (sur Par hasard) et de Salomé Leclerc (sur Entre nous). Une décision qui n’est pas laissée au hasard pour cet artiste particulièrement attaché au patrimoine collectif des Québécois.
« Dans le rap, on a souvent tendance à imiter ce que les producteurs américains font, d’aller sampler des classiques de soul, de funk, des années 70. Ça nous a donné envie d’amener la réflexion à savoir, nous, c’est quoi notre catalogue collectif? Pis pourquoi on ne pigerait pas là-dedans? Je pense que la musique québécoise, elle est riche, et on n’a rien à envier non plus à la musique d’ailleurs. »
C’est pas juste un sample parce qu’il sonne bien, ou on l’a pas juste fait à l’oreille parce qu’on a trouvé une bonne boucle. C’est aussi parce que ça représente quelque chose dans nos vies, dans nos influences.
On en a beaucoup parlé l’année dernière : Loud s’est offert, en février en 2024, l’Olympia de Paris en tête d’affiche, une première dans l’histoire du hip-hop québécois. Jamais un rappeur d’ici n’a été aussi proche de se faire complètement adopter par l’immense marché rap en France, l’un des plus grands du monde faut-il le rappeler. Le quatrième album de Loud pourrait potentiellement signer cette consécration.
« De la façon que j’ai abordé ma carrière, ou en tout cas, mon aventure en France, c’est de faire des albums sans trop m’en préoccuper, puis on répond à la demande quand elle vient. C’est la seule manière que je saurais approcher la création. Je pense que j’aurais pas intérêt à essayer de faire de la musique pour les Français spécifiquement. Il y aurait peut-être un risque là aussi à oublier le public québécois, et à faire quelque chose qui me ressemble moins. Je pense que les trucs que j’ai fait qui ont fonctionné là-bas, c’était sans y penser, pis c’était en étant moi-même, en étant très Québécois. »
Douze sur douze, premier album de Loud depuis 2022, sortira ce vendredi. Il présentera sa nouvelle galette sur scène le 27 février prochain au MTelus dans le cadre de Montréal en Lumière. Vous pouvez vous procurer des billets juste ici. Loud sera produira également au Théâtre Capitole le 6 mars 2026. Billets par ici.
- Artiste(s)
- Loud
- Ville(s)
- Montréal, Québec
- Salle(s)
- MTELUS, Théâtre Capitole
- Catégorie(s)
- Francophone, Pop, Québécois, Rap/Hip-hop,
Événements à venir
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