Kazy Lambist

Entrevue avec Kazy Lambist | De l’électro-pop aux saveurs méditerranéennes

L’auteur-compositeur-interprète français Kazy Lambist est de passage au Québec cette semaine, afin d’assurer la première partie du projet électro-pop français Kid Francescoli, d’abord à Québec au Théâtre Capitole hier soir (jeudi 21 mars), puis à Montréal au Théâtre Beanfield ce vendredi. Nous avons accueilli l’artiste à nos bureaux plus tôt cette semaine afin de discuter avec lui de son rapport à la musique, à Montréal, à Kid Francescoli, ainsi qu’à la Turquie.

L’étoile montante électro-pop est présente dans le milieu musical depuis plusieurs années, mais il se fait encore découvrir par le public québécois. Sa prestation au Théâtre Beanfield marquera sa première performance à Montréal pour son projet Kazy Lambist, mais il n’en est pas à sa première visite dans la métropole québécoise. Il a déjà fait un DJ set au Théâtre Fairmount avant la pandémie. De plus, il a habité durant un an près du parc Lafontaine pendant son enfance, sur la rue Sherbrooke Est. Par nostalgie, il est retourné s’y balader cette semaine pour voir la maison où il a demeuré et apparemment tout est resté intact.

* Montage de photos fourni par l’artiste.

 

Épices musicales méditéranéennes

Arthur Dubreucq, de son vrai nom, a choisi Kazy Lambist comme nom de scène il y a plusieurs années. Le sobriquet fait référence à une épice turque qui, selon la légende, aurait pour vertu de développer l’ouïe et la sensibilité. Il trouvait le nom stylé et approprié pour un producteur de musique.

Son lien avec la Turquie ne s’arrête pas là. Étant un peu nomade, les voyages sont une source d’inspiration pour lui. En plus de la France, Kazy Lambist a vécu en Italie et en Turquie. Pour composer, il a séjourné pendant un mois et demi à Moda, un quartier d’Istanbul qui a fortement inspiré son prochain album, à venir en juin 2024, et qui porte d’ailleurs le titre de Moda. « Il y a ce petit quartier qui s’appelle Moda, où il y a beaucoup de shops de musique, nous raconte-t-il. Il y avait plein d’artistes que j’ai rencontrés là-bas. Très sympas. Et je me suis installé là-bas pendant un mois et demi donc pas très longtemps. Mais j’y suis allé fréquemment. »

J’ai fait beaucoup de concerts ces trois dernières années en Turquie. À Istanbul, à Izmir, à Ankara. Et donc j’ai enregistré une partie là-bas et une partie à Rome, en Italie, parce que j’habitais à Rome pendant deux ans et demi. Et puis après une autre partie à Paris et à Montpellier. Moi je suis du Sud de la France de base. Donc c’est très méditerranéen, en fait : Montpellier, Rome, Istanbul.

Naturellement, il est allé à la rencontre d’autres artistes locaux. Ainsi, il a collaboré avec deux chanteuses turques qu’on retrouvera sur l’album Moda. « C’est un quartier qui est déjà très beau puisque ça donne directement sur la mer, sur le golfe, c’est très beau. Et puis il y a plein de petits bars. C’est là aussi qu’ils font des lancements d’albums, tout ça. Il y a plein de choses. Il y a des petites salles de concert. Des bars partout. Très sympa quoi. »

Kazy Lambist nous raconte à quel point le peuple turc est accueillant. « Je suis parti un peu sur un coup de tête. Quand je suis arrivé pour m’installer pendant un mois pour composer, tout de suite, des gens là-bas m’ont organisé. Ils m’ont prêté des enceintes. Ils m’ont tout prêté : les synthés, les trucs… Ils m’ont organisé mon studio. »

Il continue de nous parler du climat politique défavorable aux artistes, mais comment la communauté artistique s’entraide d’autant plus. « En fait ce qu’il y a à Istanbul, je pense que c’est aussi dû au gouvernement qui est très dur. C’est un peu une dictature. Enfin c’est pas officiellement une dictature, mais c’est pas cool d’être artiste dans ce cas. C’est assez dur comme système. Et les artistes sont très soudés entre eux. Parce qu’ils n’ont pas du tout d’aide. Même qu’on leur met des bâtons dans les roues. On organise des festivals ; le gouvernement essai de tout le temps fermer le plus possible. Dès qu’il y a des bars qui marchent bien, le gouvernement les fait fermer. Et donc ils sont très soudés entre eux. Toute la communauté des artistes d’Istanbul se connait. Donc en fait, dès qu’on commence à rentrer [dans leur cercle], ils s’entraident sur tous les projets. »

Approche casanière pour une musique qui voyage

Paradoxalement, même s’il voyage pour s’inspirer, sa musique électro-pop est principalement écrite dans sa chambre et s’écoute à merveille dans le confort de son chez-soi, ou en rêvassant dans un hamac. Ses chansons et son approche musicale se glissent facilement dans l’intimité des gens puisqu’il s’agit d’une musique douce, facile à écouter. « C’est une écoute un peu bedroom music, c’est ce qui me plaît aussi. Parce qu’il y a des morceaux qui sont très calmes, que les gens ont l’habitude d’écouter en bougeant un peu la tête. »

Transposition scénique plus dansante

Kazy Lambist souhaite garder cette même ambiance en spectacle et rester fidèle aux attentes de son public. Toutefois, il adapte son choix de chansons en conséquence. « Je ne me projette pas sur la scène quand je compose. Donc pour la scène, je transpose. Et là [lors de la présente tournée], c’est un nouveau live, donc je vais tester. C’est quand même plus dansant, j’augmente les tempos. Dans les structures parfois, je laisse un peu plus de place à des parties instrumentales pour que les gens puissent aussi danser tout simplement. »

Au début de sa carrière, Arthur Dubreucq n’avait même pas envisagé les spectacles live. À force de se faire inviter à partager ses compositions sur scène, il s’est laissé prendre au jeu. « Au début, à Paris, ils commençaient à m’appeler en me disant ce serait cool que je vienne. Ça me terrorisait. Et puis avec le temps maintenant j’apprécie. Ça a pris un moment. »

Il aime l’interaction avec son public et l’apprentissage des significations de ses chansons pour celles et ceux qui l’écoutent.  « Des gens me racontent des histoires : j’ai rencontré ma copine sur ce morceau, c’est notre morceau. Des histoires de vie. »

Je trouve ça toujours fou de réaliser que des trucs que j’avais faits dans ma chambre se retrouvent dans la vie. Ça devient un peu la soundtrack de la vie de personnes que je ne connais pas. Et c’est toujours des beaux moments.

Lorsqu’on lui a demandé avec quels artistes québécois il aimerait potentiellement collaborer, il a mentionné la chanteuse Charlotte Cardin, ainsi que le groupe Men I Trust, qu’il écoute depuis longtemps. « J’adore. Je les ai vus à Paris à la salle Pleyel. Ça fait longtemps que j’écoute. Je trouve qu’ils ont un super truc. »

Il apprécie aussi Kaytranada, et bien que son style hip-hop et son approche soient assez différents, il se sentirait tout de même intrigué par un remix de sa part.

Restons à l’affût, qui sait, peut-être que ces souhaits se réaliseront…

En attendant, le public montréalais pourra voir Kazy Lambist à l’oeuvre en première partie de Kid Francescoli ce vendredi soir au Théâtre Beanfield. Il reste des billets en vente par ici.

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