Elephant Stone

Entrevue avec Gabriel Lambert de Elephant Stone | Une année pop-psych

Après une tournée de deux mois qui les a menés un peu partout au Canada, aux États-Unis et plus récemment en Europe, les gars de Elephant Stone rentrent à la maison. Sors-tu.ca a pris le temps de prendre un café avec le guitariste du groupe, Gabriel Lambert, pour discuter du son du band et de l’année qui vient de passer.

À l’automne dernier, Elephant Stone faisait paraître son quatrième album, Ship of Fools, avec des influences plus pop que les albums précédents. Gabriel fait remarquer la présence de l’influence house dans l’album, qui s’entend surtout par le synthétiseur MS-20 qu’ils utilisent pour faire des séquences et des clin d’oeil à ce genre populaire de la fin des années 80. On remarque l’influence entre autre dans les pièces The Devil’s Shelter (avec Alex Maas de The Black Angels) et Cast the First Stone.

Dans les spectacles, ce nouveau son n’est pas aussi évident, alors que le public devant lequel le band se produit à généralement des affinités plus psychédéliques : «Dès qu’il y a de la sitar, dès qu’il y a des tunes un peu jammy, les gens trippent à fond. Là à travers ça, on amène les tunes pop, comme catchy, pis c’est vraiment une balance subtile entre [les chansons pop et psychédéliques] » explique-t-il. D’ailleurs, seulement au niveau de la production de Ship of Fools, il n’y avait rien de “garage”; tout était plutôt « Hi Fi », ce qui, en soit, les rapprochent d’un son plus épuré et pop.

Reste quand même que les spectacles gardent leur essence rock, comme en témoigne leur dernier spectacle à Paris, alors qu’un mosh pit éclate pendant leur interprétation du classique de The Doors, L.A. Woman: « Souvent, quand on joue ça, les gens deviennent vraiment agressifs, parce que c’est vraiment rapide, c’est un peu punk. C’est bizarre d’avoir un mosh pit sur un band psych, ça marche comme pas »

Quand le psych devient pop

Avec cette nouvelle virée pop, que la formation assume pleinement, on se demande bien ce que “pop” signifie pour eux: « C’est un drôle de mot, « pop », parce que ça peut être utilisé négativement pour dire que c’est mainstream […], que c’est connu, populaire. Encore là, ça peut vouloir dire que c’est facile d’y accrocher. »

En fait, ces derniers temps, la musique psychédélique semble devenir de plus en plus populaire auprès du public, et là on pense entre autres à des groupes comme Tame Impala et MGMT que l’on peut entendre partout, comme « à l’aéroport de Toronto », comme nous raconte Gabriel. Selon lui, cette popularité est entre autre due au style unique de ces bands « C’est pas tous les albums de Tame Impala qui auraient pu jouer à l’aéroport, non plus. C’est comme une progression. Je pense que, dans le cas de ces deux groupes-là, MGMT et Tame Impala, c’est comme une coche en haut […]. Quand t’as des bands garage psych qui se spécialisent plus dans un mood, dans un vibe, ça peut pas se rendre là, autant mainstream que MGMT ou Tame Impala.»

Le psychédélique semble quand même appartenir à une sorte de sous-clique, explique le musicien, où des groupes fonctionnent depuis des années sans jamais devenir mainstream de la même façon : « On joue avec Black Angels, pis avec Brian Jonestown Massacre, pis ces gars-là. Ça c’est vraiment full-on psych, et ça marche super bien. Mais ça reste quand même plus fidèle au style.» Par exemple, ces groupes vont afficher complets dans un spectacle au Cabaret La Tulipe, mais n’iront pas se produire au Métropolis. Bref, ils sont populaires, mais dans ce milieu underground.

Un retour sur 2016

Bien sûr, avec l’année qui tire à sa fin, on voulait connaître le choix de Gabriel pour meilleur album de l’année : « Si Blood Orange est sorti en 2016, moi j’dirais ça. C’est tellement bon, cet album-là. […] Ça a été vraiment celui que j’ai écouté le plus, sur lequel j’ai trippé le plus. L’année d’avant, ça aurait été Kendrick. »

C’est en effet un excellent choix, (Freetown Sounds de Blood Orange se retrouve d’ailleurs dans nos tops albums anglos de 2016!). Malheureusement, même Dev Hynes ne pouvait sauver Elephant Stone de leur pire spectacle de l’année :

« On a fait une gig vraiment pourrie à Pittsburgh. C’était horrible. Tous les bands étaient poches […] La venue, c’était d’la marde, c’était laid, c’était un bar fumeur, dégueulasse, tout croche. J’pense qu’on disait en fait, (on faisait des jokes à propos de ça), que le green room pour le band, c’était comme le garde-robe pour la mop, qui avait été transformée en green room. C’était vraiment poche. On était tous depress après le show. »

Bon, une chance qu’il y en a des l’fun pour faire oublier ça! Pour Gabriel, le highlight du groupe pour l’année 2016 se passait seulement la semaine dernière, lors d’un spectacle gratuit à Londres:

« Je pense qu’y avait 600 réservations pis y’avait juste 200 places. Tu peux imaginer le vibe en show, c’était super cool. […] J’te dirais que ça serait ça, sachant aussi que c’était le dernier show qu’on jouait cette année, pis que ça faisait quand même deux mois qu’on était en tournée. Quand ça se passe bien pis que t’as vraiment des bons shows, t’es vraiment content après, ça donne le goût de continuer! »

Et en effet, ça se poursuit pour le band qui veut continuer de peaufiner leurs spectacles en trouvant la balance parfaite entre le pop et le psych, et faire lever l’énergie en live.  Il sera possible de les voir bientôt, lors d’une mini-tournée en Ontario, puis le 18 février prochain, au Théâtre Fairmount de Montréal.

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