crédit photo: Marc-André Mongrain
Okinum

Entrevue avec Émilie Monnet | La psychanalyse onirique derrière Okinum

Le Théâtre Espace GO présentera la pièce Okinum, du 4 au 22 octobre prochain. Sors-tu? s’est entretenu avec la productrice, écrivaine et interprète Émilie Monnet afin d’obtenir plus de détails au sujet du concept du spectacle.

Le spectacle de 55 minutes sera en solo, une première dans la carrière de l’artiste. De nature immersive, la pièce enveloppera les concepts du son, de luminosité et de vidéo pour permettre aux spectateurs de plonger complètement dans l’histoire. Il s’agit d’une œuvre autobiographique, où l’interprète racontera un moment marquant de sa vie qui démontre l’importance des rêves.

Tisser une histoire

Tout est parti d’un rêve…

Il y a 13 ans, l’artiste aurait vu un castor qui atteignait la taille d’un grand ours noir. Ce dernier sortait de l’eau et lui offrait une poche de médecine dans sa maison.

Elle a rêvé à cette histoire brève et mystérieuse trois fois en tout.

« Il fallait donc que je prête attention aux paroles du castor, je voulais les déchiffrer », explique-t-elle.  Après de nombreuses réflexions, elle conclut que l’emblème du castor dans son rêve représentait trois axes narratifs : l’identité, la féminité et la maladie.

D’origine anishnaabe (algonquine) et française, Émilie Monnet nous raconte que ce castor représentait d’abord la traite de fourrure avec les Premières Nations, la colonisation et le génocide qui s’est déroulé pendant des siècles. La féminité représente pour elle les difficultés qu’elle peut affronter en tant que femme, d’autant plus autochtone. Finalement, l’artiste raconte qu’il y a quelques années, elle avait reçu un diagnostic de cancer de la gorge. « J’ai eu l’impression que ce cancer apparaissait comme un barrage qui se créait dans ma gorge », rapporte-t-elle. D’où le titre du spectacle, Okinum qui signifie barrage
d’ossements en anishnaabemowin. Elle y voit donc un concept de barrage émotionnel, qui la lie non seulement à un blocage physique, comme le cancer, mais aussi psychologique, en lien avec l’histoire d’oppression et de violence que sa famille a subie.

Bonne nouvelle : Émilie Monnet a remporté sa victoire contre le cancer, il y a quelques années déjà.

Une culture riche à découvrir

En plus de vouloir mettre en scène son parcours, Émilie Monnet souhaite faire découvrir la richesse des langues autochtones au public. Selon elle, il y a une progression depuis quelques années, mais il reste du chemin à faire. « J’aimerais qu’on mette en place des lois pour rendre nos langues officielles et qu’on puisse les faire apprendre [à la société] », souligne-t-elle. S’il suffisait de quelques mots pour se familiariser, ce sera déjà une bonne étape pour l’artiste.

Monnet souhaite aussi toucher le plus de personnes avec son art. « C’est sûr que plusieurs personnes s’y reconnaîtront, surtout ceux des peuples autochtones », affirme-t-elle. Mais elle espère aussi que tous ceux qui ont des réflexions sur leur identité, leur féminité ou leur rapport au cancer puissent se reconnaître à travers les thèmes abordés dans Okinum. « Ça me fait plaisir que les gens se l’approprient, assure-t-elle, puisque ça aidera peut-être à permettre une plus grande ouverture [sur les sujets en question]. »

Okinum est la toute première pièce d’Émilie Monnet et sa deuxième collaboration avec le Théâtre Espace GO, où elle effectue présentement sa résidence d’artiste. Pour obtenir des billets pour l’une des représentations, c’est juste ici!


* Cet article a été produit en collaboration avec ESPACE GO.

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