Dave Chose

Entrevue avec Dave Chose | De dépanneurs et d’ambitions

« J’ai bien de la misère à me brancher entre le rock grunge et le côté plus soft, indie, psychédélique, flyé », résume Dave Chose, en parlant de son premier album homonyme. Après avoir commencé à l’enregistrer il y a déjà deux ans, le nouveau poulain de l’étiquette Bonsound fera le lancement de ce nouveau disque ce jeudi 26 avril au Ministère. Celui-ci sera disponible en magasin et en ligne le lendemain.

Au-delà de ce contraste entre ces deux énergies musicales, le plus grand contraste se situe entre la banalité des sujets abordés sur son disque et la théâtralité des arrangements. On s’explique encore mal comment une chanson qui s’appelle Chilling puisse contenir autant d’urgence. Au lieu d’évoquer l’idée d’être habillé en mou devant un film fantastique, la pièce évoque le film fantastique lui-même. « Je trouve ça intéressant de mettre un clash entre la petitesse des propos et de magnifier ça avec les arrangements qu’on a faits », nous explique-t-il, lorsqu’il est venu nous rencontrer à nos bureaux.

Il s’agit d’un fil directeur qui lui est venu à l’esprit dès le début de con processus créatif. Dave Chose donne en exemple la première chanson qu’il a écrite pour l’album. « Une des tounes avec un des passages les plus dramatico-psychédéliques weird de l’album, c’est Lacteur Rose puis finalement, ça parle juste d’être super content de rouler ses douilles. » En seulement deux minutes, il faut avouer qu’il s’en passe des choses dans cette pièce. « Ça me fait rire. Puis si ça me fait rire, j’ai envie de le faire. »

 

Bien entouré

Avec l’aide entre autres de Louis-Philippe Gingras, qui a supervisé les cordes sur plusieurs pièces de l’album, et de Benoît Bouchard (Galaxie, Mara Tremblay, etc.) et Nicolas Beaudoin (PONI) à la réalisation, l’ancien membre du groupe folk lo-fi Faudrait faire la vaisselle aura réussi à réaliser un rêve qu’il caressait depuis plusieurs années : « Ça faisait longtemps que j’avais envie à un moment donné de faire quelque chose qui était plus rock flyé, plus léché », confie-t-il candidement, un café noir à la main.

C’était pourtant avec l’idée de faire un démo que Dave Chose s’était d’abord rendu en studio. Les chansons étaient alors enregistrées au fur et à mesure qu’elles étaient montées. « On n’a jamais fait de maquette pour cet album-là, on n’a jamais fait de pré-prod. »

C’est donc dire qu’il n’avait qu’une vague idée de comment ses pièces allaient sonner une fois les enregistrements complétés. « Les tounes, avant d’être enregistrées, n’avaient jamais été jouées en band. » Dave Chose pouvait compter sur des musiciens d’expérience comme Julien Sagot, qui connait une belle carrière solo post-Karkwa, mais aussi Alex McMahon, qui côtoie également les Daniel Bélanger et Yann Pereau de ce monde, Dany Placard et Louis-Philippe Gingras.

Dans les textes, le lexique est à peu près l’affaire la moins glamour à se faire offrir le traitement d’un ensemble à cordes. Au-delà des clins d’œil aux pizzas congelées et aux pintes de lait, Dave Bilodeau, de son vrai nom, présente sa difficulté (ou plutôt son aversion) à être un adulte.

Vrai que l’histoire du rock regorge d’éternels adolescents. Mais pour Chose, ce n’est pas une question de faire le rock toute la nuit et la fête toute la journée. « Je me sens souvent comme un enfant », laisse-t-il tomber sous une barbe qui lui assure pourtant de ne jamais se faire demander ses cartes au bar. « Être content de rouler ses toppes pis d’en faire une toune, c’est comme un enfant qui est content d’attacher ses chaussures : il a appris quelque chose qui est pas un skill grandiose, mais il veut te le partager. »

Dépanneur Chez Chose

À un moment donné, je pense que je vais me partir un dépanneur. Ce serait débile! Ce serait fou!

Un autre thème qui revient souvent dans Dave Chose, c’est celui du dépanneur. Le petit commerce au coin de la rue sert en effet de décor à plusieurs scènes au courant de l’album et, en entrevue, Dave Chose ne se gêne pas pour parler de son amour pour ce qu’il considère comme faisait partie du patrimoine québécois.

Il avance d’abord qu’il y a « plus de dépanneurs que de cafés à Montréal et ailleurs » avant de qualifier cette ressource inépuisable de sacs de chips et de bières de « patrimoine ». « À chaque fois que tu rentres dans un dépanneur, t’es sûr de vivre de quoi, soit de perturbant, soit d’inspirant », mentionne-t-il en rappelant son nouveau pied à terre dans Hochelaga. Il se corrige d’ailleurs immédiatement : « même si c’est perturbant, ça peut tout le temps être inspirant. »

Puis, le scoop sort du sac. « À un moment donné, je pense que je vais me partir un dépanneur. Ce serait débile! Ce serait fou! » Même s’il avoue que son premier emploi dans un gaz bar n’était pas palpitant, il avoue qu’il aimerait être propriétaire d’une de ces petits commerces « just for the sake of it ».

Le dépanneur Chez Dave? Chez Chose? Une chose est certaine, le projet semble intéressant. « J’ai souvent pensé à des affaires, mais ce serait cool pareil. Je sais pas ce serait quoi la logistique de tout ça pis si ça se peut, de vendre des toppes, de la loterie pis de la Pabst dans un endroit où y’a comme un divan où tu peux chiller. » La cerise sur le sundae, selon lui, serait « une télé cathodique avec un Super Nintendo pis un Sega Genesis. »

Reste que si ce projet ne voit jamais le jour, Dave Chose peut se consoler avec une carrière musicale en pleine effervescence. Il prévoit d’ailleurs passer une grosse soirée pour son spectacle du 26 avril. « Je vais faire ma job de lancer mon album comme il faut. Après ça, j’ai pas l’intention d’être sage. » Ceci étant dit, Dave Chose espère que le public aura autant de plaisir que lui avec ce premier disque. « L’idée, c’est juste de tripper parce que nous autres, on a trippé à le faire. Je pense que si y’a du monde qui trippe à l’écouter pis qui trouve ça un peu flyé, ça va être mission accomplie. »

Événement Facebook du lancement de Dave Chose.

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